C chaud - Cultiver son jardin : toute une histoire !
C Jamy- Enfants
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En 2021, 35 % des Français déclaraient jardiner. L'homme jardine depuis environ 12 000 ans. Le développement des jardins est aussi indissociable de la maîtrise de l'eau. Pour avoir de beaux fruits et légumes il faut pouvoir les arroser. Les Grecs sont les premiers à parvenir à acheminer l'eau sur de longues distances grâce aux aqueducs. Ces systèmes seront ensuite améliorés par les Romains, puis les Arabes. En Andalousie, les célèbres jardins de l'Alhambra à Grenade et ceux de l'Alcazar à Séville sont un parfait exemple de ce savoir-faire hydraulique. Les jardins ont aussi une fonction symbolique, de paradis sur terre. Voilà pourquoi dans ces jardins on retrouve le carré, figure parfaite qui représente la création de l'univers ou encore la fontaine qui représente une source de vie. Dans les jardins du Moyen-Age on retrouve ces mêmes symboles. C'est d'ailleurs au XIIe siècle qu'apparaît pour la première fois le mot jardin sous la forme "hortus gardinus", qui signifie "jardin entouré d'une clôture". A cette époque le jardin est clos pour le protéger des animaux et fait partie intégrante de la ferme médiévale. Dans les villages on installe les jardins autour du bourg et on y cultive des plantes qu'on appelle des herbes. Celles-ci s'enrichissent au gré des découvertes.
Utiliser des auxiliaires du jardin pour se passer au maximum de produits chimiques c'est ce que l'on appelle la lutte biologique. Les coccinelles, par exemple, ont la réputation de dévorer les pucerons. En jardinerie, on trouve des kits de coccinelles à lâcher dans son jardin. Leur efficacité est telle qu'au cours du XXe siècle, les ingénieurs agronomes ont importé la coccinelle asiatique comme insecticide naturelle pour les cultures. Elle est si redoutable qu'elle ne laisse pas beaucoup de nourriture aux espèces autochtones et elle est finalement devenue envahissante. Les pucerons ont décidément la vie dure, car la nuit tombée c'est la chrysope qui prend le relais de la coccinelle. Elle aussi s'achète en kit par les jardiniers, mais son régime alimentaire est plus variés : pucerons, cochenilles ou aux larves de doryphore pour ne citer qu'eux. Les insectes peuvent se multiplier en tant que prédateurs mais aussi en tant que pollinisateurs. Les plus efficaces sont les bourdons qui transportent de grandes quantités de pollen. Sous la terre, les meilleurs alliés sont les verres de terre. Ce sont de vrais ingénieurs qui creusent des galeries verticales et horizontales assurant l'aération du sol, le drainage de l'eau et favorisant la colonisation par les racines des plantes. En plus, leurs déjections sont de véritables fertilisants, indispensables pour nos végétaux.
Les jardins de Versailles ont été conçus par André Le Nôtre à la gloire du roi Soleil. Les travaux débutent en 1662 et durent 25 ans. Plus de trois siècles après sa création, Versailles demeure l'exemple parfait du jardin à la française, caractérisé par l'utilisation de formes géométriques. Les pare-terres, les bassins, les bosquets dessinent des ronds, des carrés, des triangles disposés de façon symétrique de part et d'autre d'un axe central. Le but de ces jardins, c'est de montrer la puissance de l'homme, sa capacité à maîtriser la nature. Au XVIIIe siècle, un autre style fait son apparition. Le jardin paysager, aussi appelé le jardin à l'anglaise, diamétralement opposé au jardin à la française. Fini les allées droites et les arbres aux formes géométriques millimétrées. Le jardin propose maintenant un paysage bucolique. Il est fait de chemins tortueux, parfois vallonné, couvert de gazon et constitué d'arbres colorés à l'apparence sauvage. Le promeneur doit avoir l'illusion que seule la nature a été maître d'œuvre alors que tout a été conçu et dessiné par l'homme. Peu à peu ce type de jardin se multiplie. Il requiert moins d'entretien et finit par supplémenter le jardin à la française.
Le jardinier des rois, André Le Nôtre était issu d'une famille de jardiniers. A 22 ans, il devient le premier jardinier de Gaston de France, le frère du roi Louis XIII. Il a notamment en charge les jardins du château de Wattignies, au sud de Lille, où il achève sa première grande réalisation en 1640. André Le Nôtre tape dans l'œil de Louis XIII qui le nomme à la succession de son père en tant que jardinier du roi. Mais Louis XIII meurt brutalement en 1642. André Le Nôtre devient dessinateur des plants et jardins royaux. Et il ne va pas chômer. A Fontainebleau, on lui doit notamment le plus grand parre-terre d'Europe avec ses 14 hectares. Grâce à la réalisation du parc de Vaux-le-Vicomte, il acquiert une réputation internationale. En 1657, Le Nôtre prend encore du galon et devient conseiller du roi et contrôleur général des bâtiments, arts et manufactures. Tous les plus grands projets de chantier passent sur son bureau. C'est alors qu'il offrira au roi Soleil un chef d'œuvre exceptionnel, les somptueux jardins du château de Versailles. Le Nôtre remodèle l'ancien jardin selon deux axes, nord-sud et surtout est-ouest, auquel il donne une perspective quasi infinie. Des allées sinueuses sont conçues pour surprendre les visiteurs, sans parler des jeux d'ombre et de lumière entre les parterres plus éclairés et les bosquets plus sombres, ou encore de l'eau omniprésente dont Le Nôtre se sert à merveille.
De nombreuses plantes qui poussent aujourd'hui dans nos jardins n'existent pas à l'état sauvage sur notre continent. Et pour cause, ces plantes dites exotiques viennent pour la plupart de très loin. Beaucoup ont été introduites au cours du XVIIe et surtout du XVIIIe siècles. C'est au cours des grandes expéditions en Amérique, en Afrique et en Asie que de nombreuses plantes sont découvertes. Pour cultiver ces plantes, on crée des jardins d'essais botaniques dans les colonies. Pierre Poivre, l'intendant de l'Isle de France, actuelle Ile Maurice, y crée le jardin de Pamplemousses, c'est le premier du genre. On y trouve du café, du cacao, de l'arachide, du tabac et de l'hévéa. L'objectif est double : nourrir les colons et faire du commerce avec les autres colonies françaises. Un grand nombre des plantes sont envoyées en métropole pour y être cultivées. Elles sont transportées par bateau sous forme de bulbe, de graine ou de pied. Déracinées de leur environnement naturel, elles arrivent souvent en piteux état après de longs mois de voyage. Sans parler du choc thermique. Pour tenter de les acclimater, on crée des jardins botaniques à proximité des ports, à Nantes, à Rochefort, Toulon ou Hyères. Les plus fragiles sont conservées sous serre ou dans des orangeries. Ces jardins deviennent de vrais centres d'expérimentation scientifique qui échangent entre eux les plantes venues du bout du monde. Puis, une partie de ces plantes rejoint les jardins du roi. Au XIXe siècle, les jardins botaniques connaissent une ultime évolution avec l'apparition des jardins d'acclimatation ouverts au public et constitué d'espèces tropicales, mais aussi d'animaux exotiques. Le plus célèbre est le jardin d'acclimatation du Bois de Boulogne inauguré par Napoléon III en 1860.
Présenté par : Jamy Gourmaud