C Chaud - Saint-Malo : une cité fortifiée
C Jamy- Enfants
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Jammy et sa bande d'experts vous font découvrir Saint-Malo. Les remparts de la cité bretonne ont façonné son identité et font la fierté de ses habitants. Depuis ces fortifications, la vue est imprenable. Mais ces remparts n'ont pas été construits pour faire joli. Pendant longtemps, ils ont servi à protéger la cité portuaire. La première muraille remonte au XIIe siècle, époque où Saint-Malo est le théâtre de nombreux affrontements. Les Ducs de Bretagne et le roi de France se disputent la ville qui est définitivement rattachée au royaume de France en 1488. C'est sous Louis XIV que les remparts les plus imposants sont édifiés à la fin du XVIIe siècle. Le roi-soleil tente d'étendre son royaume. La riposte ne tarde pas. En 1688, la guerre de la Ligue d’Augsbourg éclate. Elle oppose la plupart des pays d'Europe à la France. Saint-Malo, l'un des principaux ports français, est la cible privilégiée des puissances étrangères. Face à la menace, Louis XIV charge Vauban, brillant architecte, de protéger les côtes françaises. Il fait ériger un impressionnant système de défense autour de la cité. Pour empêcher les navires d'atteindre le port, quatre forts sont construits sur des ilôts rocheux. La ville est agrandie à quatre reprises. Aujourd'hui, les remparts de Saint-Malo restent un ensemble unique en France qui a miraculeusement survécu aux bombardements de la seconde guerre mondiale.
Il fut un temps où il valait mieux éviter de se balader la nuit autour des remparts de Saint-Malo. Au XIIe siècle, la cité malouine n'est encore qu'un rocher relié au continent par une étroite bande de terre. Beaucoup de navires s'y échouent et il faut prendre des mesures pour empêcher les voleurs de piller leur cargaison. A la nuit tombée, les portes de la ville sont fermées et un couvre-feu est instauré de 22h jusqu'à 1h avant le lever du jour. Pour le faire respecter, on lâche les chiens, des gros chiens puissants qui peuvent peser jusqu'à 100 kilos. On les appelle les chiens du guet. Ils auraient été utilisés pour la première fois en 1155. Les habitants sont en sécurité. Dans les siècles suivants, Saint-Malo s'enrichit et est donc de plus en plus la cible des pirates et des contrebandiers. On comptera alors jusqu'à 24 chiens du guet. En mars 1770, un officier de marine est tué par les chiens. Les chiens sont jugés comme des êtres humains et sont condamnés à être empoisonnés. Ce fait divers sordide a inspiré une chanson populaire "Bon voyage, Monsieur Dumollet", un voyageur qui n'a pas gardé un très bon souvenir de Saint-Malo, car il a bien failli se faire mordre...les mollets.
Dans l'arrière-pays, les malouinières, de charmantes maisons de campagne construites au XVIIe et XVIIIe siècles témoignent de la prospérité des plus riches marins de Saint-Malo. Ils ont fait fortune grâce au commerce avec les Indes et les Amériques. Les plus téméraires se servaient dans les cales des navires marchands de leurs ennemis. Au temps de Louis XIV, René Duguay-Trouin était l'un des corsaires les plus redoutés. Mieux valait ne pas croiser sa route. Il aurait capturé pendant sa carrière plus de 300 navires. A la différence des pirates, hors-la-loi, les corsaires étaient mandatés par le roi de France. Un contrôleur du roi est même sur le bateau pour faire respecter le règlement très stricte. Le corsaire ne pouvait s'attaquer qu'aux navires marchands ennemis et pendant une période de conflits. Les marins étaient traités comme des prisonniers de guerre et un tiers du butin était cédé au roi. La statue de l'un d'eux trône encore sur les remparts de Saint-Malo le doigt pointé vers l'ennemi anglais. Il s'agit de Robert Surcouf, entré dans l'histoire le 7 octobre 1800 lors de la prise du Kent, un navire anglais trois fois plus grand que le navire français. Cette prise de guerre résonne dans toute l'Europe.
Tous les quatre ans, le port de Saint-Malo accueille le départ de la route du Rhum. En 2018, 2 millions de curieux se sont pressés pour apercevoir les bâteaux avant leur départ. Le 5 novembre 1978, 38 bâteaux partent de Saint-Malo pour une première traversée qui marquent les esprits. Le 16 novembre 1978, Alain Colas disparaît en mer avec son trimaran le Manureva. Le vainqueur de cette première édition, le Canadien Mike Birch met plus de 23 jours pour rejoindre la Guadeloupe. Aujourd'hui les meilleurs skippers mettent trois fois moins de temps. Le record est détenu par Francis Joyon avec 7 jours et 14 heures. Au XVIIe siècle il fallait alors entre un et trois mois pour acheminer le rhum des Antilles vers l'Europe.
Six à dix fois par an les grandes marées déferlent sur Saint-Malo. Un spectacle extraordinaire. Quand la marée est haute, les vagues viennent s'échouer avec fracas sur la digue du Sillon atteignant parfois les façades des magnifiques villas du XVIIe siècle. Quand la marée est basse, la fosse aux Normands se dévoile et certains ilôts sont parfois accessibles à pied. La différence de marnage, c'est-à-dire la différence de hauteur de la mer entre la marée haute et basse peut atteindre près de 14 mètres, soit la hauteur d'un immeuble de 6 étages. Les marées de Saint-Malo figurent parmi les plus importantes d'Europe. Ces mouvements d'eau sont utilisés pour produire de l'électricité grâce à une usine marémotrice située à deux pas de la cité bretonne.