Venezuela : Trump prêt à intervenir ?

C dans l'air

Que se passe-t-il au Venezuela ? La plus grande confusion règne dans le pays et les évènements se succèdent depuis mardi 30 avril, date à laquelle Juan Guaidó, le jeune leader de l’opposition, autoproclamé président par intérim il y a trois mois, a créé la surprise en diffusant sur Internet un message appelant à entamer « la phase finale » d'éviction du président socialiste Nicolás Maduro. Dans cette vidéo, il apparaît entouré par des hommes en uniforme, près de la base aérienne de La Carlota à Caracas. L'opposant Leopoldo Lopez, qui est normalement assigné à résidence depuis 2017, est également présent à ses côtés et dit avoir été « libéré par des soldats ». Ces images ont jeté des milliers de manifestants dans les rues des grandes villes. Et depuis la situation est très confuse. De photos et des vidéos extrêmement violentes des affrontements ont été diffusées. On y voit notamment des blindés de l'armée rouler sur des manifestants.   De son côté, le régime de Nicolas Maduro a dénoncé hier un coup d’État raté et assuré que les 165 000 soldats soutiennent toujours « les autorités légitimes ». Il a également promis de châtier les « traîtres » responsables du soulèvement militaire et juré qu’il n’avait pas envisagé de fuir le pays pour se rendre à Cuba, comme l’a affirmé Washington. Soutien du régime chaviste, Moscou n’a pas tardé à réagir par le biais de sa porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova : « Si Washington persiste dans sa politique d'ingérence dans les affaires intérieures du Venezuela, cela risque de déboucher sur un désastre ».   Mardi sur CNN, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo avait indiqué que Nicolas Maduro était prêt à s'envoler pour Cuba, avant d'en être dissuadé par la Russie. L’ancien patron de la CIA avait évoqué « de nombreux échanges » permettant d’avancer que « l’avion de Maduro était garé sur le tarmac, prêt à décoller ». Via son mode d’expression préféré Twitter, le président américain Donald Trump a lui accusé Cuba d'être derrière les derniers évènements. « Si les troupes et les milices cubaines ne cessent pas immédiatement leurs opérations militaires et autres dans le but de causer le chaos et la destruction de la Constitution du Venezuela, un embargo total, avec les sanctions au plus haut niveau, sera imposé à leur île. Espérons que tous les soldats cubains vont retourner sur leur île rapidement et pacifiquement ! », a-t-il écrit sur le réseau social. La Maison-Blanche a également estimé que toutes les options sont sur la table pour le Venezuela. « Une intervention militaire est possible. Si c’est nécessaire, c’est ce que feront les États-Unis ».   Ce regain de tension intervient en pleine débâcle économique dans ce pays pétrolier, jadis prospère et désormais frappé par une grave crise humanitaire, marquée par une inflation record, la famine et des coupures d’électricité. 3,7 millions de Vénézuéliens ont déjà fui le pays depuis 2015, la majorité d’entre eux vers la Colombie et le Pérou. Mais selon l’ONU le nombre de migrants et de réfugiés devrait encore augmenter et s’élever à 5,3 millions à la fin de l'année. Alors quelle est la situation au Venezuela ? Comment analyser ces évènements ? Les militaires restent-ils fidèles au régime de Maduro ? Enfin une intervention américaine au Venezuela est-elle réellement possible ?     Invités :   - Philippe Dessertine, directeur de l’Institut de Haute Finance. - Frédéric Encel, géopolitologue. - Laurence Nardon, responsable du programme « Amérique du Nord » de l’Institut français des relations internationales. - Saraï Suarez, journaliste indépendante vénézuélienne.