Gilets Jaunes : le défi de l’ordre
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Le lancement du grand débat national mardi 15 janvier ne suffit pas à apaiser la colère des Gilets jaunes. Doutant pour beaucoup de l’utilité de ce dernier qu’ils qualifient de « stérile », ils ont décidé de poursuivre le mouvement ce samedi 19 janvier, pour une dixième journée de mobilisation depuis celle du 17 novembre 2018. La semaine dernière, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, près de 84 000 personnes avaient manifesté dans le pays, une mobilisation en hausse par rapport aux 50 000 de la semaine précédente, mais bien inférieure aux centaines de milliers de personnes qui avaient manifesté pendant les mois de novembre et décembre.
À Paris, des Gilets jaunes se sont donné rendez-vous sur l’esplanade des Invalides en fin de matinée avec comme ambition d’atteindre « le million à Paris ». Sur sa page Facebook, Éric Drouet a invité les participants à amener « une fleur ou une bougie en hommage » aux personnes tuées ou blessées « pour [leur] cause ». D’autres rassemblements ont également eu lieu à Rennes, Toulouse, Marseille ou encore Bordeaux.
Interrogé vendredi, le ministre de l’intérieur Christophe Castaner a annoncé que le gouvernement allait « de nouveau mettre beaucoup de forces de l’ordre dans la rue », alors même qu’enfle la polémique sur le nombre de blessés graves parmi les manifestants. Blessures notamment causées par les lanceurs de balles de défense (LBD). Jacques Toubon, le Défenseur des droits, a ainsi demandé, ce jeudi, la suspension de leur usage. « Annulons le risque qui existe de dangerosité de ces armes en suspendant leur utilisation », a-t-il annoncé en marge de la présentation à la presse d'un rapport, précisant que sa proposition vise à « prévenir plutôt que soigner ».
Face à ces accusations de violences policières, Christophe Castaner s’est dit « sidéré ». « Quand j'entends certains responsables […] prendre le parti des casseurs plutôt que celui de la sécurité, quand j'entends parler de brutalité inouïe et illégitime, je suis sidéré, et c'est le mot le plus poli que je trouve », a-t-il déclaré.
Pour David Dufresne – journaliste indépendant, qui recense et signale les bavures policières observées lors des manifestations des « Gilets jaunes », il y a un « déni » tant au niveau politique que médiatique. « Il y a bien des violences policières, elles sont gravissimes », explique-t-il. Et d’ajouter que « le maintien de l’ordre est devenu, depuis une dizaine d’années, extrêmement offensif, brutal, avec des policiers qui vont au contact. Jusqu’ici, la clé était de montrer sa force pour ne pas s’en servir ». A ce jour, il compte au moins 100 blessés graves, dont une quinzaine de personnes éborgnées et plusieurs mains arrachées.
Depuis plusieurs semaines, de nombreux élus LREM subissent des insultes, des menaces ou encore des intrusions dans leur domicile. C’est le cas de Philippe Huppé, député LREM de la cinquième circonscription de l’Hérault. Dans la nuit du 27 au 28 décembre 2018, son domicile a été tagué, cinq cadavres de souris ont été retrouvés en bas de chez lui. « Régulièrement je reçois des insultes à mon domicile, tous les matins je me lève avec la boule au ventre, surtout par rapport à ma femme et mon fils. C'est un peu ennuyeux surtout dans un pays qui se veut démocratique », a confié l’élu.
Pourquoi le grand débat national ne semble-t-il pas convaincre les Gilets jaunes. L’usage de la force par les policiers et gendarmes est-il proportionné ? Faut-il interdire les LBD ? Dans ce contexte de défiance vis-à-vis des politiques, comment les députés LREM envisagent-ils la suite de leur mandat ?
Invités :
Christophe Barbier — Editorialiste politique à « L’Express »
Alain Bauer — Professeur de Criminologie - CNAM
Paul Quinio — Directeur délégué de la rédaction de « Libération »
Vanessa Schneider — Grand reporter au « Monde »
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé