Inflation : Borne dégaine la "vente à perte"
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Alors que l’inflation continue d’impacter lourdement le budget des ménages et que les prix des carburants sont repartis à la hausse ces dernières semaines, le gouvernement cherche la parade. Après le plafonnement des prix de l’essence et le prix coûtant à la pompe, l’exécutif a décidé de sortir la carte de la vente à perte des carburants. Si le projet de loi examiné en octobre à l'Assemblée nationale est adopté, la mesure entrera en vigueur début décembre pour six mois, a affirmé ce lundi le ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire sur France 2, deux jours après l’annonce de la Première ministre. Mais que signifie vendre à perte ? Les effets d'une telle mesure auront-ils réellement un impact sur le prix des carburants ?
La revente à perte est interdite en France depuis 1963 pour protéger les professionnels les plus fragiles de toute menace de "dumping". Si cette autorisation est votée par les parlementaires, les distributeurs pourront vendre leur carburant à un prix inférieur à celui auquel ils l'ont acheté. Mais le feront-ils ? Et est-ce réalisable ? Le gouvernement prédit une baisse de 47 centimes par litre. Mais c’est peu probable répondent les spécialistes qui estiment qu’une telle réduction coûterait trop aux enseignes. En revanche, des remises de quelques centimes seraient, d’après eux, possibles pour accroître la concurrence entre les distributeurs. Mardi, ces derniers ont rendez-vous à Bercy pour évoquer les détails de son application.
Autre mesure annoncée par l'exécutif : l’interdiction à partir du 1er novembre de la "shrinkflation", ce procédé qui consiste pour les industriels à réduire la quantité vendue dans un emballage sans pour autant réduire le prix, voire en l’augmentant. Enfin plus exactement "dès novembre, tous les produits concernés par des changements de quantité devront le signaler sur les étiquettes pour ne plus tromper le consommateur", a expliqué samedi Élisabeth Borne. Cette décision fait suite à de nombreuses plaintes de consommateurs, de vives critiques de la part des distributeurs et une inquiétude croissante concernant le pouvoir d’achat des ménages, en baisse constante. Depuis quelques jours, les enseignes Carrefour et Intermarché se chargent d’ailleurs déjà d'indiquer par des affichettes que certaines marques ont pratiqué la shrinkflation. Résultat : sur 20.000 références chez Carrefour, la semaine dernière, 26 produits concernés par la shrinkflation ont été recensés. Soit 0,1% de l'offre. Pas de quoi faire baisser massivement les prix, en somme.
Or la question des prix et du pouvoir d’achat est bien en cette rentrée la priorité des Français, obligés de revoir leurs budgets et de se serrer la ceinture. Selon une étude de l'Insee, la classe moyenne subit de plein fouet la hausse des prix. Notamment les salariés qui touchent moins de 2.000 euros, et qui sont désormais étranglés par les dépenses contraintes et l'inflation qui continue de grimper. "Un sentiment de déclassement se crée. La baisse de la consommation de 11 % depuis la fin 2021 est un retournement inédit depuis l'après-guerre. Nous sommes à un tournant", a indiqué au Parisien Mathieu Plane, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). 34 % des Français assurent que "leurs revenus leur permettent juste de boucler leur budget", selon une étude Ipsos pour le Secours populaire. Par ailleurs, les Français qui basculent dans la pauvreté et ont recours à l'aide des associations sont de plus en plus nombreux.
Une situation qui pèse sur la popularité d’Emmanuel Macron et d’Élisabeth Borne, selon les dernières enquêtes. Les cadres de la Nupes, comme Jean-Luc Mélenchon, n’en tirent pas profit. Marine Le Pen et le RN, en revanche, progressent et visent désormais particulièrement les classes moyennes, clés de la conquête du pouvoir.
Nos experts :
- Emmanuel Duteil, directeur de la rédaction - L’Usine Nouvelle
- Olivier Dauvers,journaliste, spécialiste de la grande distribution
- Nathalie Mauret,journaliste politique - Groupe de presse régionale Ebra
- Sophie Fay, journaliste, spécialiste des questions de transports - Le Monde
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé
Maison de production : France Télévisions / Maximal Productions