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Opération "Doppelgänger" : Poutine cible la France
C dans l'air- 1 h 3 min
- Français
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- tous publics
"La guerre doit prendre fin". Partant de ce constat résumé par le président sud-africain Cyril Ramaphosa, sept pays africains ont décidé de prendre le problème à bras-le-corps en se rendant eux-mêmes à Kiev et Moscou pour y mener une "mission de paix". La délégation, constituée des présidents sud-africain, sénégalais, zambien, comorien et des représentants congolais, ougandais et égyptien est donc arrivée vendredi 16 juin, dans la capitale de Volodymyr Zelensky après une étape par la ville martyre de Boutcha. Elle s’est rendue ensuite samedi à Saint-Pétersbourg pour y rencontrer Vladimir Poutine et encourager les deux pays à entamer des négociations avec l'Ukraine. Selon le président Ramaphosa, les propositions de paix africaines se résument en dix points, parmi lesquels une "désescalade des deux côtés", la "reconnaissance de la souveraineté" des pays telle que reconnue par l’ONU, les "garanties de sécurité" pour toutes les parties, la "libération des prisonniers de guerre" ou encore la levée des entraves à l’exportation des céréales via la mer Noire. Car l’Afrique est durement touchée par l’augmentation des prix des denrées alimentaires et s'inquiète de nouveau de la hausse des prix des céréales et des oléagineux ces derniers jours, reflétant les craintes liées à la sécheresse aux Etats-Unis et en Europe, et à de nouvelles menaces de Vladimir Poutine sur un retrait de la Russie de l'accord céréalier. Accord qui doit prendre fin le 18 juillet prochain. A la tête de cette délégation, l’Afrique du Sud refuse néanmoins de condamner la Russie pour son agression, et est critiquée pour sa proximité avec le Kremlin. Alors quels résultats pour cette nouvelle médiation africaine, après la Chine et le Vatican ? Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a qualifié samedi ce plan de paix de "très difficile à mettre en œuvre". Toutefois, "le président Poutine a manifesté son intérêt pour l'examiner", a-t-il assuré, alors que le maître du Kremlin avait lui-même indiqué avant la rencontre être "prêt" à un "dialogue constructif avec ceux qui souhaitent la paix". Le même Vladimir Poutine avait également annoncé vendredi une première livraison d’ogives nucléaires à la Biélorussie, un acte qualifié de "totalement irresponsable" par Joe Biden. Le même jour, le président ukrainien avait lui déjà refusé ce plan. "J'ai clairement dit pendant notre rencontre que permettre toute négociation avec la Russie maintenant, quand l'occupant est sur notre terre, signifie de geler la guerre, geler la douleur et la souffrance", avait déclaré Volodymyr Zelensky lors d'une conférence de presse, dénonçant également "une tromperie" de Moscou en pleine contre-offensive de ses forces armées. Cette médiation africaine survient en effet alors que depuis deux semaines l’Ukraine a lancé une contre-attaque pour reconquérir son territoire. Mais l'avancée des soldats ukrainiens est lente, très difficile. Il faut percer les fortifications érigées par les troupes de Moscou : les dents de dragon, des blocs de béton anti-chars, les tranchées, les champs de mines... Les combats sont très intenses et les pertes importantes. Une bataille mètre par mètre. En quinze jours, l'armée ukrainienne n'a reconquis que 100 kilomètres carrés essentiellement sur le front sud et serait, selon les services estoniens, sur le point de faire une pause d'au moins plusieurs jours afin de se réorganiser. Par ailleurs, dans le sud de l’Ukraine, le bilan des inondations provoquées par la destruction du barrage de Kakhovka sur le fleuve Dniepr s’est encore aggravé et une catastrophe humanitaire est à craindre. D’autant que selon la coordonnatrice humanitaire des Nations unies en Ukraine, la Russie entrave, dans les zones qu'elle contrôle, l'acheminement d'aide aux victimes. Ce samedi, les autorités des zones contrôlées par les Russes ont annoncé un bilan de 29 morts. Dans la zone contrôlée par l'Ukraine, le bilan s'est alourdi à 16 morts et 31 disparus, selon Kiev. Les deux pays s'accusent mutuellement d'avoir détruit le barrage et Moscou mène une intense bataille de communication. Car la guerre que la Russie mène contre l’Ukraine ne se joue pas que sur le front. Elle est, aussi, informationnelle et elle vise également la France ainsi que d’autres pays européens. La semaine dernière, le ministère des Affaires étrangères français a dénoncé "une campagne numérique de manipulation" contre la France "impliquant des acteurs russes et à laquelle des entités étatiques ou affiliées à l’État russe ont participé en amplifiant de fausses informations". En cause, l’existence de sites copiant ceux de grands médias et du gouvernement sur lesquelles des fake news, le plus souvent contre l’Ukraine et l’Occident, sont diffusées. Quel est le sens de la mission de paix africaine en Ukraine ? Quel bilan deux semaines après le début de la contre-offensive ukrainienne ? Comment la population ukrainienne vit-elle la situation ? Enfin que sait-on de l’opération de désinformation russe "Doppelgänger" ? Nos invités : - François Clémenceau, Rédacteur en chef international – "Le Journal du dimanche" - Elsa Vidal, Rédactrice en chef de la rédaction en langue russe - "RFI" - Général Jean-Paul Paloméros, Ex-chef d’Etat-major de l’Armée de l’air - Alain Bauer, Professeur au Conservatoire national des arts et métiers, responsable du pôle sécurité, défense et renseignement
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"La guerre doit prendre fin". Partant de ce constat résumé par le président sud-africain Cyril Ramaphosa, sept pays africains ont décidé de prendre le problème à bras-le-corps en se rendant eux-mêmes à Kiev et Moscou pour y mener une "mission de paix". La délégation, constituée des présidents sud-africain, sénégalais, zambien, comorien et des représentants congolais, ougandais et égyptien est donc arrivée vendredi 16 juin, dans la capitale de Volodymyr Zelensky après une étape par la ville martyre de Boutcha. Elle s’est rendue ensuite samedi à Saint-Pétersbourg pour y rencontrer Vladimir Poutine et encourager les deux pays à entamer des négociations avec l'Ukraine.
Selon le président Ramaphosa, les propositions de paix africaines se résument en dix points, parmi lesquels une "désescalade des deux côtés", la "reconnaissance de la souveraineté" des pays telle que reconnue par l’ONU, les "garanties de sécurité" pour toutes les parties, la "libération des prisonniers de guerre" ou encore la levée des entraves à l’exportation des céréales via la mer Noire. Car l’Afrique est durement touchée par l’augmentation des prix des denrées alimentaires et s'inquiète de nouveau de la hausse des prix des céréales et des oléagineux ces derniers jours, reflétant les craintes liées à la sécheresse aux Etats-Unis et en Europe, et à de nouvelles menaces de Vladimir Poutine sur un retrait de la Russie de l'accord céréalier. Accord qui doit prendre fin le 18 juillet prochain. A la tête de cette délégation, l’Afrique du Sud refuse néanmoins de condamner la Russie pour son agression, et est critiquée pour sa proximité avec le Kremlin.
Alors quels résultats pour cette nouvelle médiation africaine, après la Chine et le Vatican ? Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a qualifié samedi ce plan de paix de "très difficile à mettre en œuvre". Toutefois, "le président Poutine a manifesté son intérêt pour l'examiner", a-t-il assuré, alors que le maître du Kremlin avait lui-même indiqué avant la rencontre être "prêt" à un "dialogue constructif avec ceux qui souhaitent la paix". Le même Vladimir Poutine avait également annoncé vendredi une première livraison d’ogives nucléaires à la Biélorussie, un acte qualifié de "totalement irresponsable" par Joe Biden. Le même jour, le président ukrainien avait lui déjà refusé ce plan. "J'ai clairement dit pendant notre rencontre que permettre toute négociation avec la Russie maintenant, quand l'occupant est sur notre terre, signifie de geler la guerre, geler la douleur et la souffrance", avait déclaré Volodymyr Zelensky lors d'une conférence de presse, dénonçant également "une tromperie" de Moscou en pleine contre-offensive de ses forces armées.
Cette médiation africaine survient en effet alors que depuis deux semaines l’Ukraine a lancé une contre-attaque pour reconquérir son territoire. Mais l'avancée des soldats ukrainiens est lente, très difficile. Il faut percer les fortifications érigées par les troupes de Moscou : les dents de dragon, des blocs de béton anti-chars, les tranchées, les champs de mines... Les combats sont très intenses et les pertes importantes. Une bataille mètre par mètre. En quinze jours, l'armée ukrainienne n'a reconquis que 100 kilomètres carrés essentiellement sur le front sud et serait, selon les services estoniens, sur le point de faire une pause d'au moins plusieurs jours afin de se réorganiser. Par ailleurs, dans le sud de l’Ukraine, le bilan des inondations provoquées par la destruction du barrage de Kakhovka sur le fleuve Dniepr s’est encore aggravé et une catastrophe humanitaire est à craindre. D’autant que selon la coordonnatrice humanitaire des Nations unies en Ukraine, la Russie entrave, dans les zones qu'elle contrôle, l'acheminement d'aide aux victimes. Ce samedi, les autorités des zones contrôlées par les Russes ont annoncé un bilan de 29 morts. Dans la zone contrôlée par l'Ukraine, le bilan s'est alourdi à 16 morts et 31 disparus, selon Kiev. Les deux pays s'accusent mutuellement d'avoir détruit le barrage et Moscou mène une intense bataille de communication.
Car la guerre que la Russie mène contre l’Ukraine ne se joue pas que sur le front. Elle est, aussi, informationnelle et elle vise également la France ainsi que d’autres pays européens. La semaine dernière, le ministère des Affaires étrangères français a dénoncé "une campagne numérique de manipulation" contre la France "impliquant des acteurs russes et à laquelle des entités étatiques ou affiliées à l’État russe ont participé en amplifiant de fausses informations". En cause, l’existence de sites copiant ceux de grands médias et du gouvernement sur lesquelles des fake news, le plus souvent contre l’Ukraine et l’Occident, sont diffusées.
Quel est le sens de la mission de paix africaine en Ukraine ? Quel bilan deux semaines après le début de la contre-offensive ukrainienne ? Comment la population ukrainienne vit-elle la situation ? Enfin que sait-on de l’opération de désinformation russe "Doppelgänger" ?
Nos invités :
- François Clémenceau, Rédacteur en chef international – "Le Journal du dimanche"
- Elsa Vidal, Rédactrice en chef de la rédaction en langue russe - "RFI"
- Général Jean-Paul Paloméros, Ex-chef d’Etat-major de l’Armée de l’air
- Alain Bauer, Professeur au Conservatoire national des arts et métiers, responsable du pôle sécurité, défense et renseignement
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé