Turquie : si Erdogan perd dimanche...
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Les scrutins du 14 mai signeront-ils la fin l’ère Erdogan en Turquie ? À quarante-huit heures des élections présidentielle et législatives, le pays bouillonne politiquement et jamais le président turc n’a semblé aussi fragilisé après vingt ans au sommet de l’État. Lui qui entend repartir pour cinq ans supplémentaires de pouvoir absolu est devancé dans les sondages par une opposition unie, pour la première fois, derrière Kemal Kiliçdaroglou dont les chances de victoire ont encore augmenté hier avec le retrait d’un autre candidat.
Alors la Turquie pourrait-elle changer de visage dimanche ? Et si Erdogan perdait la présidence ? D’abord Premier ministre, puis hyper président, l’avenir politique de Recep Tayyip Erdogan est désormais incertain dans un pays où l’économie est à l'agonie et la population durement impactée par la flambée des prix, notamment alimentaires. Selon les chiffres officiels, l'inflation était d'environ 50 % sur un an en mars, après avoir atteint 85 % en octobre 2022. Mais ces chiffres pourraient être sous-évalués, le groupe de recherche turc indépendant sur l'inflation (Enag) évoquant une inflation de 112 % sur cette même période. Résultat : la pauvreté est en hausse dans le pays et nombre de familles n’arrivent plus à manger à leur faim. Symbole de la profondeur de la crise, l’oignon, dont les Turcs sont de très gros consommateurs et qui a vu son prix multiplié par trois, devient une vedette des réseaux sociaux.
Accusé d’être responsable de la situation économique, le "reis" Erdogan est également critiqué par une partie de la population pour sa gestion du séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie le 6 février et fait plus de 50 000 morts : arrivée tardive des secours, censure sur les réseaux sociaux… La catastrophe a surtout révélé des liens de corruption entre le parti au pouvoir et le secteur du bâtiment qui n’a bien souvent pas respecté les normes antisismiques édictées après le séisme de 1999.
A l’époque des milliers de Turcs avaient été tués, ce qui avait fait naître un sentiment de révolte, alimenté par une situation économique précaire. Des conditions qui avaient permis l’avènement d’Erdogan au sommet de l’Etat. Plus de deux décennies après, un autre tremblement de terre a frappé le pays et mis en lumière la mauvaise gestion de la crise par le leader de l’AKP, qui avait fondé une partie de son succès sur les grands projets immobiliers. Mais cette séquence pourrait-elle vraiment lui être fatale ? Et quelle transition en cas de défaite d’Erdogan ?
Avant dimanche, près de 3,4 millions de Turcs ont déjà voté depuis l’étranger, et les incidents se sont multipliés à travers l’Europe. Une "énorme bagarre" a eu lieu dans un bureau de vote d’Amsterdam, des heurts ont éclaté à Marseille et des plaintes ont été déposées par des opposants d’Erdogan à Lyon. Ils affirment avoir été frappés par "un groupe d’ultranationalistes" cherchant à les intimider lors du vote à distance réservé aux ressortissants étrangers. Une enquête est en cours.
Nos experts :
- Pascal Boniface, directeur de l’IRIS, Institut de Relations Internationales et Stratégiques, et auteur de "50 idées reçues sur l'état du monde"
-Jean-François Colosimo, historien et auteur de "Le Sabre et le Turban. Jusqu’où ira la Turquie ?"
- Ariane Bonzon, journaliste et auteure de "Turquie, l’heure de vérité"
- Rym Momtaz, chercheuse en politique étrangère et de défense - International Institute for Strategic Studies
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé