Essence, alimentation : les cours baissent… pas les prix !
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Alors que depuis plusieurs semaines les cours du pétrole baissent et n'ont jamais été aussi bas depuis le début de la guerre en Ukraine, à la pompe c’est une toute autre histoire. D'après les données du ministère de la Transition écologique, il fallait encore débourser la semaine dernière en moyenne 1,67 euro pour un litre de gazole dans une station-service française, et 1,84 euro pour un litre de SP95. Une situation d’autant plus étonnante qu’un coup d’œil de l’autre côté des frontières montre que la facture à la pompe de nos voisins n’est pas aussi salée et si l’on regarde dans le rétroviseur on s’aperçoit qu’en octobre 2021, le baril de Brent était vendu en moyenne 83,54 dollars, un niveau proche de celui observé le mois dernier, mais les prix à la pompe oscillaient, eux, autour de 1,55-1,65 euro le litre.
Comment expliquer que l’essence reste plus chère en France qu’ailleurs ? La situation commence à inquiéter le gouvernement alors que l’inflation grève durement le budget des ménages et que la question du pouvoir d’achat s’est imposée comme le sujet prioritaire des Français. "Le prix à la pompe doit refléter au plus proche celui sur les marchés internationaux du pétrole, qui sont aujourd'hui à la baisse", a ainsi martelé ce mardi la ministre de la Transition énergétique. Sur son compte Twitter, Agnès Pannier-Runacher a indiqué avoir "demandé aux distributeurs de répercuter au plus vite la baisse sur les prix à la pompe", jugeant "inacceptable que les entreprises augmentent leurs marges sur le dos des Français". À titre d’exemple, en Espagne, le gasoil est autour de 1,40 euro le litre et l’essence à 1,50 euro. Une étude de l’association de consommateurs CLCV (Consommation Logement Cadre de vie) accuse ce mercredi de nombreux distributeurs, parmi lesquels Intermarché, Leclerc, Système U, d’afficher des prix des carburants beaucoup trop élevés depuis janvier.
Autre sujet de préoccupation : les prix de l’alimentation. De prochaines négociations commerciales vont avoir lieu entre distributeurs et industriels pour fixer les prix des produits alimentaires, mais elles s’annoncent d’ores et déjà houleuses. Une majorité de grands industriels fait en effet la sourde oreille et n'envisage pas de baisser ses tarifs, alors que les cours de certaines matières premières, comme les céréales, ont baissé depuis plusieurs semaines. "Les grands industriels ont les marges de manœuvre et la trésorerie aujourd'hui pour faire baisser les prix", a affirmé ce mercredi matin la ministre du Commerce, Olivia Grégoire. Si rien ne se passe dans les prochaines semaines, "on citera publiquement les marques qui ne veulent pas négocier à la baisse et je ne suis pas sûre que ça [leur] fasse de la publicité", a averti la ministre, qui appelle plutôt les acteurs "à bouger ensemble".
De son côté, Michel-Édouard Leclerc a estimé que les prix vont baisser mais se montre prudent. "Je pense qu'on ne reviendra jamais aux prix d'avant" a-t-il expliqué alors qu'il était interrogé sur l'inflation.
Parallèlement, l’exécutif entend tourner la page de la réforme des retraites en ouvrant de nouveaux chantiers. Le ministre des Comptes publics vient de présenter son "plan de bataille" pour renforcer la lutte contre la fraude fiscale. "En 2022, notre lutte contre la fraude a produit des résultats historiques", s’est félicité Gabriel Attal. "Sur la fraude fiscale, nous avons battu un record avec 14,6 milliards d’euros de mise en recouvrement dont presque 9 milliards pour les entreprises", a-t-il ajouté. C’est 1,2 milliard d’euros de mieux qu’en 2021. Désormais le gouvernement entend concentrant les efforts sur les plus riches tout en allégeant la pression sur les classes moyennes. Il faut faire "payer ce qu’ils doivent aux ultra-riches et aux multinationales" a expliqué le ministre. Pour cela, d’ici la fin du quinquennat, 1500 effectifs en plus seront dévolus à la lutte contre la fraude fiscale, soit une augmentation de 15 %, selon Bercy. Ces nouveaux bras serviront pour l’essentiel à augmenter les contrôles fiscaux sur les foyers les plus fortunés et sur les grandes entreprises. Le ministre du Budget a annoncé 25 % de contrôles en plus, concentrés en particulier sur "les plus gros patrimoines", et un contrôle fiscal tous les deux ans pour les cent plus grandes entreprises.
Parmi elles se trouve notamment l’armateur français CMA-CGM, numéro 3 mondial du secteur. Le groupe marseillais a réalisé en trois ans 40 milliards d’euros de profits quasiment pas taxés grâce à une niche fiscale sur le fret maritime. L’armateur en a profité pour multiplier les acquisitions. Dernière en date : la branche logistique du groupe Bolloré, pour cinq milliards d’euros.
Alors pourquoi la baisse des cours tarde-t-elle à se faire sentir vraiment sur les prix à la pompe dans les stations-service françaises ? Jusqu’où ira la hausse des prix dans l’alimentation ? Quel est le plan du gouvernement contre la fraude fiscale ? Qu'entend Emmanuel Macron par la "contribution exceptionnelle" pour les entreprises qui réaliseraient d'importants profits ?
Nos experts :
- Nicolas Bouzou, économiste, auteur de “La France de l’à-peu-près” et éditorialiste - l’Express
- Gaëlle Macke, directrice déléguée de la rédaction - Challenges
- Aurore Gorius, journaliste - Les Jours.fr
- Emmanuel Duteil, directeur de la rédaction - L’Usine Nouvelle
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé