Marine Le Pen : Sa nouvelle croisade anti "Woke"
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Art, politique, polémique et vandalisme… Un tableau a été dégradé ce dimanche 7 mai au Palais de Tokyo à Paris. L’œuvre intitulée "Fuck abstraction !" fait couler beaucoup d’encre depuis la mi-février, début de l’exposition Ma pensée sérielle, consacrée à la peintre Miriam Cahn. La toile a été qualifiée de pédopornographique par plusieurs associations qui avaient demandé son décrochage et ont perdu en justice. L’artiste suisse a, de son côté, toujours démenti le caractère "pédopornographique" de son œuvre, invoquant la représentation du viol comme arme de guerre et crime contre l'humanité. Dimanche le tableau, non vitré, mais présenté avec de nombreuses explications dans une salle distincte, s’est vu asperger de peinture par un homme de quatre-vingt ans qui a été interpellé. "Le Monde" a révélé par la suite qu’il s’agissait de Pierre Chassin, ancien chef du groupe Front national au Conseil municipal des Mureaux (Yvelines) jusqu’en 2015. Le parquet de Paris a annoncé l'ouverture d'une enquête pour dégradation de bien culturel exposé.
Sans connaître alors l’identité du coupable, la ministre de la Culture avait tout de suite réagi en visant fermement l’extrême droite : "Le Rassemblement national [RN] a instrumentalisé ce tableau pour susciter la polémique et attaquer la liberté de création des artistes… Sans cette instrumentalisation par le RN, nous n’en serions certainement pas arrivés là." Caroline Parmentier, députée RN du Pas-de-Calais, avait auparavant violemment attaqué l’œuvre sur les réseaux sociaux et interpellé à ce sujet, la ministre, le 21 mars. À l'annonce de l’identité du vandale, Rima Malak a interpellé Marine Le Pen sur Twitter : "Un ancien élu FN attaque l’œuvre de Miriam Cahn après la campagne de dénigrement de votre parti".
Marine Le Pen a répondu lundi : "Vous ne pouvez pas être tenu responsable d'un fait individuel de quelqu'un qui a été conseiller municipal il y a huit ans", a affirmé la patronne des 88 députés du Rassemblement national (RN), assurant que l'auteur de la dégradation n'est plus membre du parti. Elle a jugé qu'il avait "eu tort" de mener cette action.
Elle a par ailleurs décidé de se désolidariser d’un autre événement qui suscite depuis ce week-end de très nombreuses critiques. Alors que plusieurs centaines de militants d’extrême droite - habillés en noir, souvent cagoulés ou masqués, ont défilé dans les rues de Paris, samedi 6 mai, pour un rassemblement annuel en hommage à un militant nationaliste mort accidentellemment il y a 29 ans, Marine Le Pen a regretté des "provocations inadmissibles", ne pouvant selon elle être "tolérées - quel que soit le camp de ces provocations". "En République, on ne manifeste pas masqué et en uniforme", a fustigé la patronne des députés du Rassemblement national (RN).
La patronne des députés RN a également nié toute proximité avec Axel Loustau et Olivier Duguet, présents en marge du défilé selon Médiapart. Les deux hommes sont pourtant deux anciens lieutenants du Rassemblement national. Axel Loustau - qui a fait ses études avec Marine Le Pen dans les années 1990 à la faculté de droit d'Assas - a notamment été trésorier du micro-parti de Marine Le Pen, Jeanne, pendant plus de dix ans, tout en étant conseiller régional d'Île-de-France de 2015 à 2021. Un temps président de la fédération RN des Hauts-de-Seine, il a dirigé lors de la présidentielle de 2017 la cellule financière de la campagne de la candidate.
En pleine opération de notabilisation du RN, désormais doté de 88 députés à l'Assemblée nationale, pas question donc pour l'ancienne dirigeante du mouvement de revendiquer la moindre proximité avec des personnes présentes lors de ce rendez-vous annuel des groupes d’extrême droite les plus radicaux du pays où l’on a pu voir le drapeau de la croix celtique, un symbole fasciste. Dans un souci de normalisation, Marine Le Pen préfère s’emparer de thèmes, assez nouveau pour son électorat : "la transition écologique et la transition civilisationnelle" que serait le wokisme. Ainsi Le Rassemblement national a lancé le 12 avril dernier son association de parlementaires pour lutter contre l’idéologie woke et a tenu un colloque sur le sujet le 21.
Parallèlement, alors que le Rassemblement national apparaît comme le grand vainqueur de la séquence retraites dans les sondages, la macronie a lancé une "task force" composée d'une quinzaine de députés pour mettre en difficulté à l'Assemblée nationale le groupe parlementaire présidé par Marine Le Pen. Au gouvernement, Gérald Darmanin vient d’annoncer qu’il avait demandé aux préfets d'interdire toutes les manifestations d'ultradroite dans le pays. Ces derniers jours, le ministre de l’Intérieur avait également accusé la Première ministre italienne "Giorgia Meloni et son gouvernement d'extrême droite, choisi par les amis de Marine Le Pen", d’être "incapables de régler les problèmes migratoires, sur lesquels elle a été élue". Cette dernière a mis en garde Paris contre l’"utilisation" de l’Italie dans des problèmes de politique intérieure.
Mais qu’est-ce que le wokisme ? Pourquoi Marine Le Pen lance-t-elle sa croisade contre l’idéologie Woke ? Que reste-t-il du FN dans le RN ? Que sait-on des personnes qui ont manifesté samedi dans les rues de Paris ? Enfin que se passe-t-il entre la France et l’Italie ? Quel bilan pour le gouvernement Meloni ?
Nos invités :
- Pascal Perrineau, Politologue - Professeur des universités à Sciences Po, auteur de "Le populisme"
- Louis Hausalter, Journaliste politique – "Marianne"
- Raphaëlle Bacqué, Grand reporter - "Le Monde"
- Frédéric Dabi, Directeur général Opinion - Institut de sondages IFOP, auteur de "La fracture"
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé