Macron : 13 minutes, 100 jours… et ça repart ?
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"100 jours" et trois chantiers pour apaiser la France. Dans son allocution télévisée lundi soir, Emmanuel Macron s’est donné "100 jours", d'ici le 14 juillet, pour sortir de la crise provoquée par sa réforme des retraites en fixant un nouveau cap à son exécutif, axé sur le "travail", la "justice" et "le progrès pour mieux vivre". Cette feuille de route pour les trois prochains mois sera détaillée la semaine prochaine par Élisabeth Borne en Conseil des ministres. Accueilli par des concerts de casseroles dans de nombreuses villes, les propos du chef de l’État ont également fait vivement réagir syndicats et opposition qui étrillent depuis hier soir un discours "déconnecté", "vide", "creux".
Dans ces treize minutes de discours, "il n’y a rien de concret" a critiqué Laurent Berger. " L'apaisement, il fallait le faire sur le sujet qui a créé l'embrasement social, la réforme des retraites". "D'ici le 1er mai il n'y aura pas de rencontres", et la CFDT ne se rendra pas à l'invitation d'Emmanuel Macron ce mardi, a rappelé le leader syndical. Du côté de la CGT, Sophie Binet a affirmé avoir le sentiment que le Président de la République "n'a pas entendu ce que lui ont dit et répété les millions de manifestants" et de salariés grévistes. "Sur quelle planète vit Emmanuel Macron ? Cette allocution aurait pu être faite par ChatGPT. Il y avait un côté très désincarné", a ironisé la nouvelle patronne de la CGT qui n’ira pas non plus voir le Président aujourd’hui.
"La porte reste ouverte" a répondu le chef de l’État qui propose "un nouveau pacte de la vie au travail" négocié par les partenaires sociaux. "L’objectif qu’on doit se donner c’est que l’agenda complet des négociations soit défini dans les prochaines semaines, les prochains mois de manière solide" "et qu’on laisse le temps de la négociation, je dirais jusqu’à la fin de cette année pour pouvoir bâtir ce pacte", a déclaré ce mardi Emmanuel Macron en ouverture d’une réunion avec la patronat. Il a également assuré ne pas vouloir "donner le sentiment de brusquer", alors que le patron du Medef avait affirmé lundi soir, après l’allocution présidentielle, que le dialogue social prendrait plus de temps que les 100 jours. À la sortie de la réunion de ce mardi, Geoffroy Roux de Bézieux a indiqué qu’une "discussion allait être ouverte sur l'emploi des séniors avec ce qui a été enlevé par le Conseil constitutionnel, sur les transitions professionnelles et une autre probablement sur les parcours en entreprise. Il y aura aussi une loi pour transposer l'accord sur le partage de la valeur", a-t-il expliqué.
Outre "un nouveau pacte de vie au travail", le Président a également promis dans son allocution de s’attaquer à l’immigration illégale ainsi qu’aux fraudes sociales et fiscales, d’accélérer la réforme des lycées professionnels ou encore de garantir un meilleur accès aux services publics. Au menu, l'éducation, qui doit "renouer avec l'ambition d'être l'une des meilleures d'Europe", et la santé, avec l'engagement de "désengorger" tous les services d'urgence des hôpitaux d'ici fin 2024. Mais comment ? Interrogé par Le Parisien, le président de l'Association des médecins urgentistes de France, Patrick Pelloux, a jugé cette dernière mesure "impossible à tenir, à moins d'aller à l'opposé de ce qui est fait jusqu'à présent". L'urgentiste y voit "un effet d'annonce".
Nos experts :
- Guillaume Daret, grand reporter au service politique - France Télévisions
- Anne Rosencher, directrice déléguée de la rédaction - L’Express
- Olivier Babeau, essayiste, président de l'Institut Sapiens "La Tyrannie du divertissement"
- Hervé Gattegno, éditorialiste - Le Point
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé