Retraites : la ligne dure… Jusqu’à quand ?
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Quatre jours après une mobilisation record contre la réforme des retraites, l’intersyndicale appelle à une septième journée d’action ce samedi. Plus de 230 rassemblements sont prévus dans toute la France. Entre 800 000 et un million de personnes sont attendues selon les renseignements. Les syndicats avaient promis de mettre la France à l’arrêt. S'ils n’y sont pour l’heure pas parvenus par la grève, ils ne désarment pas. En parallèle des manifestations, les opérations coups de poing se multiplient en effet, entre coupures de courant ciblées, blocage de voies ferroviaires et de dépôts de carburants.
Des agents du secteur du gaz et de l’électricité ont coupé ce jeudi le courant du Stade de France et du chantier du village olympique à Saint-Denis, a annoncé le syndicat CGT. Plus tard dans l’après-midi, le distributeur Enedis a toutefois démenti une partie de la coupure : "La ligne électrique qui alimente le stade de France n’a pas été coupée" a indiqué une porte-parole, qui confirme en revanche "des coupures" dans la zone commerciale et résidentielle autour du stade, ainsi que sur le chantier du futur village olympique. Les expéditions de carburants étaient elles toujours bloquées jeudi matin à la sortie de plusieurs raffineries françaises.
La jeunesse est, elle aussi, mobilisée. Une journée de mobilisation et d’action a lieu ce jeudi. Plusieurs lycées et universités ont été bloqués. Jeudi toujours, les huit principaux syndicats et cinq organisations de jeunesse ont adressé un courrier au chef de l'État, à qui elles reprochent de rester sourd face à la mobilisation contre ce texte. Les syndicats demandent, depuis la mobilisation massive de mardi, à être reçus à l'Élysée par Emmanuel Macron, estimant que son silence "constitue un grave problème démocratique" et pourrait conduire "immanquablement à une situation qui pourrait devenir explosive". Le président leur a répondu "être à l'écoute" tout en défendant la "nécessité" de la réforme. Il ne les recevra pas. "Les salariés vont recevoir aujourd’hui la réponse du président de la République comme un vrai mépris", déclare Yvan Ricordeau, secrétaire national de la CFDT, chargé des retraites. Le président a argué vouloir respecter le temps du débat parlementaire.
À l'Assemblée, justement, la semaine n'a pas été de tout repos, au contraire. La réforme des retraites crée des zones de turbulences chez les députés et sénateurs Les Républicains. À l’approche du vote sur la réforme des retraites, le groupe LR, allié de circonstance indispensable du gouvernement pour l'obtention d'une majorité sur le texte, est divisé entre frondeurs et pro-réforme. Trois mois après l’élection d’Éric Ciotti à sa tête, le parti peine en effet toujours à parler d’une seule voix. Autour de la réforme, les contestations internes se sont aiguisées, notamment lorsque Aurélien Pradié, candidat malheureux à la présidence de LR, a lancé le combat sur les carrières longues. Le député du Lot a affiché une intransigeance qui a exaspéré en interne, aboutissant à son éviction du poste de numéro 2. Mais il n'est pas certain que cet "acte d’autorité" d’Éric Ciotti ait suffi à calmer le jeu. Aurélien Pradié maintient la pression, alors qu’un vote crucial se profile jeudi à l’Assemblée. Pour Pierre Cordier, député apparenté LR, le pronostic est sans appel : "Élisabeth Borne n'aura pas de majorité à l'Assemblée nationale."
À l'extrême droite de l'échiquier politique, pendant les quinze jours qu’ont duré les débats à l'Assemblée nationale, Marine Le Pen s’est soigneusement abstenue de livrer sa position sur le sujet et donc de prendre le moindre risque. Ses rares initiatives ont relevé de la seule tactique. Ainsi la motion de censure déposée in extremis, dans la dernière ligne droite, est rejetée par les députés. S’il y a une personnalité et un parti dont on ignore donc tout en matière de retraites, c’est bien Marine Le Pen et le RN. Un député de la majorité les a même accusé en séance dans l'hémicycle d'être les "passagers clandestins" de ce texte. Pourtant, au regard du débat hystérique auquel se sont livrés les députés, l'extrême réserve du RN semble lui avoir profité. Dans la continuité de la "stratégie de la cravate" du début de mandature, les élus d'extrême droite jouent le rôle des bons élèves.
Le mouvement social peut-il faire plier le gouvernement ? Le parti Les Républicains va-t-il vers une scission sur le texte de la réforme des retraites ? Jusqu'où sa stratégie de normalisation peut-elle conduire le RN ?
Nos experts :
- Christophe Barbier, éditorialiste politique et conseiller de la rédaction - Franc-Tireur
- Nathalie Mauret, journaliste politique - Groupe de presse régionale Ebra
- Anne-Charlène Bezzina, constitutionnaliste et enseignante en droit public
- Bernard Sananès, politologue et président de l’Institut de sondage Elabe
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé