Essence : ça baisse, mais pour combien de temps ?
C dans l'air- 1 h 6 min
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C’est une bonne nouvelle pour les consommateurs. Les prix des carburants continuent de baisser pour la neuvième semaine consécutive, avec un litre de gazole à 1,79 € en moyenne et à 1,73 € pour le super sans plomb 98, selon les données du gouvernement. Ils sont revenus à leur niveau de février, soit avant le déclenchement de la guerre en Ukraine. Ce repli devrait se poursuivre du fait de l’augmentation de la remise gouvernementale, que le Parlement a décidé de porter de 18 à 30 centimes par litre en septembre et en octobre.
Mais ce recul des prix à la pompe est avant tout lié à la baisse de près de 25% des cours du pétrole depuis le début de l’été. En Europe, le baril de Brent se négociait, vendredi 19 août, autour de 96 dollars, alors qu’il avait approché les 130 dollars au début de mars, avec l’annonce des premières sanctions contre la Russie.
Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène. La croissance de l’économie mondiale ralentit, la demande en pétrole évolue donc à la baisse. Dans le même temps, l’offre de pétrole a un peu augmenté, d’environ 1,4 million de barils par jour en juillet, selon l’Agence internationale de l’énergie. Le cartel de l'Opep a légèrement accru ses extractions et des puits de forage qui étaient arrêtés pour maintenance sont de nouveau en service. De son côté, la Russie a retrouvé son niveau d’exportation d’avant la guerre en Ukraine, grâce à des contrats signés avec la Chine et l’Inde. À cela s’ajoute la perspective d’un accord sur le nucléaire iranien. Une éventuelle levée des sanctions occidentales permettrait à l’Iran d’exporter très vite environ 1,3 million de barils supplémentaires par jour. Les marchés, confiant, ont déjà anticipé cet accord et entraîné les prix à la baisse.
Si le prix du pétrole baisse, celui du gaz poursuit sa hausse inexorable. En cause : la difficulté de l'Union Européenne à amasser des réserves suffisantes pour pouvoir se passer des exportations russes pendant l'hiver sans créer de pénurie. En Allemagne la situation est très problématique. Alors que la Russie a baissé de 60% ses livraisons de gaz au pays, l’urgence est d’économiser cette énergie encore indispensable pour faire tourner l’industrie et chauffer les habitants. Pour refaire ses stocks de gaz avant l’hiver, Berlin entend donc le remplacer là où il est facilement remplaçable : dans la production d’électricité, où il représentait l’an dernier 15 % du mix outre-Rhin. Dans ce contexte, le très polluant charbon est vu comme un recours. Plus surprenant, le nucléaire, très décrié en Allemagne, pourrait également faire partie de la solution. Le gouvernement d'Olaf Scholz envisage en effet de prolonger au-delà du 31 décembre 2022 ses trois derniers réacteurs nucléaires.
En France, le nucléaire est depuis longtemps vu comme une alternative aux hydrocarbures, notamment pour la production d'électricité. Mais que faire des très encombrants déchets. Certains sont très irradiants, donc très dangereux, et aucune solution de retraitement satisfaisante n'a encore été mise au point. A côté du village de Bure, dans la Meuse, dans une des régions les plus désertiques de France, l'Etat a prévu d'enfouir les pires de ces déchets. Mais sur place, la population s'inquiète. Les agriculteurs ont peur de ne plus pouvoir vendre leur production.
La baisse des prix du carburant est-elle partie pour durer ? Comment l'Allemagne va-t-elle passer l'hiver sans gaz russe ? Quelle solution pour nos déchets nucléaires ?
Invités :
- Nabil Wakim, journaliste chez Le Monde et auteur du podcast « Chaleur humaine »
- Sylvie Matelly, économiste et directrice adjointe de l’IRIS - Institut de Relations Internationales et Stratégiques
- Yves Thréard, éditorialiste et directeur adjoint de la rédaction - Le Figaro
- Céline Antonin, économiste à l’OFCE
Présenté par : Axel de Tarlé