Livraison d’armes : l’avertissement de Poutine
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Après plus d’un mois sans contact, Emmanuel Macron et son homologue russe Vladimir Poutine ont discuté ce mardi 3 mai de l’Ukraine. Cet appel téléphonique intervient à la suite de l’échange qu’a eue samedi Emmanuel Macron avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, plus de deux mois après l’invasion de son pays par l’armée russe et alors que les ministres des 27 étaient réunis hier à Bruxelles pour évoquer de nouvelles sanctions contre la Russie qui devraient être annoncées dans la semaine. Après un embargo sur le charbon russe décidé le 7 avril, la Commission européenne a finalisé sa proposition de sanctionner le pétrole, dont l’importance est nettement plus grande pour Moscou comme pour les Vingt-Sept. Examinée ce mardi par les commissaires, elle prévoit un arrêt progressif des achats européens sur une période de 6 à 8 mois, avec une exemption pour la Hongrie et la Slovaquie, deux pays enclavés et totalement dépendants des livraisons par l'oléoduc Droujba, qui pourront continuer leurs achats à la Russie jusqu'en 2023. L'UE entend aussi refuser de payer le gaz russe en roubles, comme l'exige Moscou et dit se préparer "à une suspension des approvisionnements".
Parallèlement, le Premier ministre britannique Boris Johnson s’est adressé ce mardi par visioconférence au Parlement ukrainien pour apporter le soutien du Royaume-Uni au peuple ukrainien et annoncer 300 millions de livres d’aides militaires supplémentaires à Kiev. Samedi, l’Elysée avait également indiqué que la France allait "renforcer" l'envoi de matériel militaire à l'Ukraine ainsi que son aide humanitaire. Les États-Unis, la France, la République tchèque et d'autres alliés ont fourni ces dernières semaines à Kiev des centaines de pièces d'artillerie de longue portée pour l'aider à contrer l'offensive de Moscou dans le Donbass, à l'est. Paris envoie notamment ses ultramodernes canons automoteurs Caesar. Une intensification de l’aide militaire de la part de plusieurs pays de l’Otan à Kiev qui survient alors que la perspective d'" une victoire ukrainienne " face à Moscou, peu crédible au début du conflit, est à présent une issue envisagée par les Occidentaux.
Sur le terrain, l’armée russe a annoncé ce mardi le lancement d'une offensive sur l'usine Azovstal, dernière poche de résistance à Marioupol. Les bombardement ont également repris sur la ville d’Odessa, et les forces russes, après avoir échoué à prendre Kiev, tentent toujours de prendre le contrôle des régions de Donetsk et Lougansk. Mais selon le responsable du Pentagone, les troupes russes connaissent une progression limitée dans la région du Donbass, qualifiée de " très inégale " et d'" anémique ". Selon lui, les Russes ont par exemple pris le contrôle de villages puis les ont perdus au profit des combattants ukrainiens. Il a également affirmé que les militaires russes étaient démoralisés et pâtissaient d’un commandement désorganisé. Alors dans ce contexte, nombre d’observateurs internationaux se demandent ce que Vladimir Poutine va faire le 9 mai, date hautement symbolique pour les Russes, célébrée tous les ans depuis 1945 pour marquer le triomphe de l’URSS contre les nazis lors de la Seconde Guerre mondiale – ou la "Grande Guerre patriotique", selon la terminologie locale. Durant un temps, beaucoup pensaient que le maître du Kremlin allait profiter des célébrations pour annoncer une victoire militaire. Mais comme l’armée russe patine, Vladimir Poutine qui s’évertue depuis le 24 février à parler d’" opération militaire spéciale " pourrait bien se servir de la date pour déclarer officiellement la guerre à l’Ukraine. Ce qui permettrait à la Russie de mobiliser en masse sa population.
Alors quelle est la situation dans le Donbass ? Que se passe-t-il à Marioupol et Odessa ? Vladimir Poutine se dirige-t-il vers l'annonce "d'une guerre totale" à l'Ukraine le 9 mai ? Comment l’Europe doit-elle réagir au chantage russe sur le gaz ? L’UE peut-elle se passer du pétrole russe ?
Invités :
- François Clemenceau, rédacteur en chef international - Le Journal du Dimanche
- Jean-Paul Paloméros, ex-chef d’Etat-major de l’armée de l’air
- Nicole Bacharan, politologue - Spécialiste des États-Unis
- Elsa Vidal, rédactrice en chef de la rédaction en langue russe – RFI
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé