Ukraine : le tournant diplomatique ?
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Au quatorzième jour de la guerre, Ukraine et Russie ont trouvé un accord ce mercredi matin pour instaurer une nouvelle trêve partielle censée permettre la mise en place de six couloirs humanitaires pour évacuer les civils des villes bombardées et encerclées ces derniers jours par les forces russes. Parallèlement "certains progrès" auraient été réalisés dans les négociations selon la porte-parole de la diplomatie russe, mais peu de détails ont été transmis à ce stade. Maria Zakharova a également affirmé que la Russie ne cherchait ni "l’occupation de l’Ukraine", "ni la destruction de son État" ni le "renversement" du gouvernement ukrainien.
Cela explique-t-il la relative stagnation des troupes russes vers Kiev ? Ce n’est pas le point de vue du Pentagone américain, qui a indiqué ce mercredi qu’une troisième colonne russe a pris la route de Kiev depuis le nord-est afin de renforcer la pression sur la capitale ukrainienne alors que la colonne principale des forces de Moscou se trouve à l'arrêt depuis plusieurs jours. Pour le patron de la CIA, l’accalmie en Ukraine n’est que temporaire, et Poutine va ensuite "doubler la mise".
De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est dit prêt mardi à ne plus adhérer à l'Otan et à un "compromis" sur le statut des territoires séparatistes de l'est de l'Ukraine dont Vladimir Poutine a reconnu unilatéralement l'indépendance. Il a par ailleurs appelé une nouvelle fois ce mercredi les Occidentaux à lui envoyer "au plus vite" des avions de chasse, à commencer par les Mig-29 proposés par Varsovie. La Pologne s’est hier dit "prête à déplacer sans délai et gratuitement tous ses avions Mig-29 sur la base de Ramstein (en Allemagne) et à les mettre à la disposition du gouvernement des États-Unis", pour que ces derniers les livrent à l'Ukraine. Mais Washington, qui craint un élargissement du conflit car la Russie a prévenu qu'elle considérerait l'envoi de tels avions par un pays tiers comme une implication directe dans la guerre en Ukraine, a rejeté la proposition. "Nous ne pensons pas que la proposition de la Pologne soit viable", a déclaré le porte-parole du Pentagone. "C'est un scénario très indésirable et potentiellement dangereux", a répété de son côté le porte-parole du Kremlin.
Ce débat sur les avions intervient au moment où les combats se poursuivent notamment dans le nord, et que les regards se tournent vers la centrale de Tchernobyl, une nouvelle fois au centre de toutes les préoccupations. Car selon l'opérateur ukrainien Ukrenergo, l'alimentation électrique de la centrale et de ses équipements de sécurité sont "complètement" coupés en raison d'actions militaires russes. Or, la centrale - qui ne fonctionne plus depuis l’accident de 1986 - a besoin d’électricité pour refroidir le combustible nucléaire usagé. L’Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a prévenu mardi soir qu’il avait perdu tout contact avec les systèmes permettant de contrôler à distance les matériaux nucléaires de la centrale. Préoccupé depuis plusieurs jours par la situation, le gendarme du nucléaire a réitéré son offre de se rendre sur le site, ou ailleurs, pour obtenir de toutes les parties un "engagement en faveur de la sûreté et de la sécurité" des centrales ukrainiennes. Dans le sud-est, les bombardements se poursuivent également sur la ville de Marioupol assiégée depuis plusieurs jours, et à Odessa la population se prépare à une offensive russe, les hommes mais aussi les femmes : certaines confectionnent des gilets pare-balles et des toiles de camouflage, d’autres s'occupent de la logistique humanitaire ou prennent les armes. Beaucoup d’Ukrainiennes participent à l’effort de guerre et de résistance depuis quinze jours.
Parallèlement, nombre de familles choisissent de prendre le chemin de l’exode. Plus de deux millions de civils ukrainiens ont déjà fui le pays. En Pologne, ils arrivent désormais au rythme de 150 000 par jour. En France, si le nombre d'Ukrainiens réfugiés n'est pas encore exactement connu, l’accueil s’organise.
Invités :
- Alain Bauer, professeur de criminologie - CNAM
- Anthony Bellanger, journaliste spécialiste des questions internationales - France Inter
- Armelle Charrier, éditorialiste en politique internationale - France 24
- Annie Daubenton, journaliste spécialiste de l’Ukraine, ancien Conseiller culturel à l’Ambassade de France à Kiev et auteur de "Ukraine, l'indépendance à tout prix"
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé