Macron : mea-culpa réussi ?
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S'il assure qu’il n’est pas en campagne "d’évidence" il se projette vers l’après. À moins de quatre mois du premier tour de l'élection présidentielle, Emmanuel Macron s'est longuement exprimé hier soir sur TF1 et LCI. Une interview de plus de deux heures, enregistrée dimanche à l'Élysée, dont le principal objectif était pour le chef de l’État d'évoquer de nombreux sujets qui ont construit et rythmé son mandat. Une sorte de bilan et perspective pour un président pas encore officiellement candidat mais bien à l’offensive.
Intitulée "Où va la France ?", cette émission a d’abord permis au président de la République de répondre à un certain nombre de critiques et de faire son mea-culpa, notamment sur plusieurs de ses phrases polémiques. Reconnaissant des "erreurs" du passé, des "mots qui peuvent blesser" et qu’il ne prononcerait plus maintenant qu’il a "appris à mieux aimer les Français", Emmanuel Macron a voulu donner l’image d’un chef d’État bonifié par ses cinq ans à l’Élysée. Et qui envisagerait un mandat supplémentaire ? "Si votre question est 'est-ce que vous projetez ? Est-ce que vous avez de l'ambition pour le pays, pour les Françaises et les Français au-delà du mois d'avril prochain ?' D'évidence, d'évidence" a déclaré le chef de l’État.
Une ambition qui ne faisait guère de doute hier soir chez Emmanuel Macron, décidé à défendre son bilan, notamment économique, malgré les réformes avortées à cause de la crise sanitaire, et à se tourner vers le futur. Pour lui, la "révolution" promise en 2017 prendra plus de temps, mais elle est en cours et "on ne transforme pas un pays en 5 ans". D’ailleurs, pour les retraites, s’il est élu pour un nouveau quinquennat, il fera différemment : fini l’idée d’un régime unique, ce serait trois régimes (salariés, fonctionnaires et indépendants). Et s’il entend moderniser l’État, pas question de supprimer 150 000 fonctionnaires pour diminuer la dette comme le propose Valérie Pécresse.
Des candidats à la présidentielle, qu’il n’a pas nommé mais à qui il a répondu. Ainsi la théorie du "grand remplacement", popularisée à partir de 2011 par l'écrivain d'extrême droite Renaud Camus et défendue dans la campagne par Éric Zemmour a été évoquée. Pour le président de la République, "le grand remplacement n’est pas là". En revanche, "ce qui est vrai, c'est que ces dernières décennies, nous n'avons pas bien intégré", a admis Emmanuel Macron, estimant par ailleurs que "l'immigration zéro" défendue par le candidat nationaliste représentait une "absurdité". "Il n'y a jamais eu d'immigration zéro", a déclaré le chef de l’État avant d’évoquer la réforme de l'espace Schengen qu’il entend mener car "les frontières de l'Europe ont un sens. Nous devons les protéger, mettre plus de gardes aux frontières, et casser les réseaux de trafiquants". Mais pas interdire l'immigration. "Nous aurons besoin de cette immigration de travail qui est limitée, choisie, maîtrisée, pour faire tourner notre économie" a expliqué Emmanuel Macron.
Suivie par seulement 3,82 millions de téléspectateurs, soit un score d'audience bien en-deçà de ceux enregistrés lors des précédentes allocutions du chef de l'État, l’émission spéciale autour d’Emmanuel Macron a néanmoins suscité de très nombreuses réactions et critiques de la part des candidats à l’élection présidentielle. Depuis la Guadeloupe, où il tenait un meeting dans la soirée, Jean-Luc Mélenchon a tancé un "bavardage hors sol" d’un "moulin à paroles égocentré, tiède et sans souffle". "La vérité c’est qu’on a entendu ce soir un numéro d’autosatisfaction", a pour sa part raillé le président du Rassemblement national Jordan Bardella. Éric Zemmour a lui parlé ce jeudi dans la matinale de France Inter d’un "numéro de narcissisme et de nombrilisme assez marqué", ajoutant qu’"Emmanuel Macron parle surtout de lui et assez peu de la France". Quand, Éric Ciotti a dénoncé dès hier soir "une émission de propagande de la part d’un candidat". Le finaliste déçu de la primaire des Républicains a tenu à dénoncer un "exercice qui pose un véritable problème démocratique" et a rappelé que Valérie Pécresse a saisi le CSA pour "rétablir l'égalité des temps de parole".
Alors que retenir de la longue interview d’Emmanuel Macron ? A-t-il convaincu ? Comment le temps de parole du président est-il décompté par le CSA ? Et quels sont les règles de financement d’une campagne présidentielle ?
Invités :
- Roland Cayol, politologue, directeur du Centre d’études et d’analyse (CETAN)
- Bruno Jeudy, rédacteur en chef du service politique - Paris Match
- Nathalie Mauret, journaliste politique - Groupe de presse régionale - Ebra
Isabelle Ficek, journaliste politique - Les Échos
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé