Affaire Hulot : l’onde de choc
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Dans un numéro d'Envoyé spécial diffusé jeudi soir, plusieurs femmes – quatre, dont trois à visage découvert – ont témoigné contre l’ancien ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot, l’accusant de viols et d’agressions sexuelles. Ces femmes ne se connaissent pas, elles ne se sont jamais rencontrées, est-il expliqué dans l’enquête réalisée par la journaliste Virginie Vilar, débutée en plein mouvement #MeToo, à l’automne 2017. Mais elles ont toutes pour point commun d’avoir croisé l’ex-vedette de TF1, lorsqu’elles étaient plus jeunes, et d’avoir gardé le silence pendant très longtemps sur les faits évoqués, tous prescrits et qui remonteraient pour certains à plus de 30 ans.
Depuis la diffusion de l’enquête, d’autres femmes ont également mis en cause Nicolas Hulot. Dans un courrier transmis à Envoyé spécial et publié sur le site de France Télévision, l'animatrice et comédienne belge Maureen Dor raconte avoir été agressée sexuellement par Nicolas Hulot, dans un hôtel de Bruxelles, en 1989 lorsqu’elle avait 18 ans. Ce matin l’ancienne militante Europe-Ecologie-Les Verts (EELV) Pauline Lavaud a affirmé au micro de BFM-TV avoir été écartée de la campagne de Nicolas Hulot pour la primaire interne d'EELV en 2011 car "elle l'excitait trop", révélant ainsi l'identité de l'homme qu'elle évoquait anonymement dans un tweet posté en 2017 lors de l'éclatement de l'affaire #MeToo ou #BalanceTonPorc. Par ailleurs, la journaliste Elise Lucet a expliqué ce matin avoir eu "depuis, d'autres conversations avec des femmes qui n'ont pas encore témoigné, parce que ce n'est pas encore le moment pour elles. Ces femmes sont en train de réfléchir à savoir si elles vont témoigner. Et je pense qu'à un moment ou à un autre, elles témoigneront" a-t-elle indiqué.
"Nous ne laisserons traîner notre client dans la boue dans ces conditions" a réagi ce vendredi Alain Jakubowicz, l’avocat de l’ancien animateur télé qui réfute toutes les accusations et qui est présumé innocent. Au micro de RTL, celui-ci a par ailleurs estimé que l'émission avait voulu "faire le procès de Nicolas Hulot et le condamner à vie". "Les faits sont prescrits, Nicolas Hulot est à disposition des enquêteurs, mais le sujet n'est pas là. Une émission de service public a voulu faire le procès de Nicolas Hulot et le condamner à vie" a ajouté l'avocat. La veille, l’ancien ministre d’Emmanuel Macron s’était invité sur le plateau de BFM-TV pour annoncer son retrait définitif de la vie publique et dénoncer formellement "des accusations purement mensongères", des journalistes "procureurs". C’est la même défense qu’il avait utilisée, quatre ans plus tôt, en février 2018, au moment où le magazine Ebdo s’apprêtait à révéler une plainte pour viol qu’avait déposée contre lui, en 2008, Pascale Mitterrand, la petite fille de François Mitterrand, pour des faits survenus en 1997 mais prescrits (désormais fixée à vingt ans, la prescription était alors de dix ans en matière de viol). L’affaire avait alors été classée sans suite, comme c’est le cas lorsque les faits sont prescrits. Mais elle avait fait l’effet d’une déflagration a expliqué l'une des femmes qui a décidé de parler dans l’enquête diffusée sur France 2.
Une enquête et des accusations qui font également réagir la classe politique. En 2018, Marlène Schiappa, alors secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, avait défendu son collègue au gouvernement. Un "homme charmant" décrivait-elle. Hier, elle a nuancé ses propos et dit "espérer que la justice ouvrira une instruction s’il y a des éléments". "La justice ne se rend pas sur les plateaux télé" a pour sa part réagi le garde des Sceaux, avant de préciser : si "les faits énoncés sont prescrits, cela n'interdit pas au parquet de mener une enquête pour recherche d'autres plaignants éventuels" sur des faits plus récents. La prescription des faits n’avait pas empêché, dans l’affaire Duhamel notamment, le parquet d’ouvrir une enquête préliminaire.
De son côté, la vice-présidente du Sénat et ancienne ministre des Droits des femmes, Laurence Rossignol a estimé que Nicolas Hulot "a bénéficié d'un soutien scandaleux de la part de tous ses collègues" au gouvernement en 2018. Les faits "personne ne les a contestés, le procureur ne mettait pas en cause les faits, il disait simplement qu'ils étaient prescrits". "N'importe qui pouvait en déduire que les faits étaient réels » a déclaré la sénatrice (PS), signataire récemment avec près de 300 femmes politiques d’une tribune publiée dans Le Monde demandant à ce que le monde politique "assume ses responsabilités", écarte "les auteurs de violences sexuelles et sexistes de ses rangs" et fasse "preuve d'exemplarité dans les désignations". "La parole des femmes s'est libérée, mais à quand une libération de l'écoute, une réelle prise en compte dans les partis politiques ?", questionnent-elles, avant de conclure : "Nous exigeons que le monde politique prenne enfin en compte le mouvement #MeToo". Depuis l’initiative a fait tache d’huile et a ouvert la voie à un flot de témoignages sous le hashtag #MeTooPolitique sur les réseaux sociaux.
Quelles sont les accusations portées à l’encontre de l’ex-animateur et ancien ministre Nicolas Hulot ? Comment a-t-il réagi face à ces accusations ? Quelles ont été les réactions du monde politique et militant ? Faut-il revoir les délais de prescription ? Qu’est-ce que le mouvement #MeTooPolitique lancé récemment ? Quel impact cela peut-il avoir sur la campagne présidentielle et les partis politiques ?
Invités :
- Astrid de Villaines, cheffe du service politique - "Huffington Post"
- Alix Bouilhaguet, éditorialiste politique - "France Télévisions"
- Lorraine de Foucher, journaliste - "Le Monde"
- Frédéric, directeur général Opinion - Institut de sondages IFOP, auteur de "La fracture"
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé