La Pologne fait trembler l'Europe !
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Le bras de fer entre l’Union européenne (UE) et la Pologne se poursuit et s’invite au menu des discussions du sommet des Vingt-Sept qui s’ouvre ce jeudi à Bruxelles, après avoir déjà donné lieu à de sérieuses passes d’arme au sein de la Commission européen. Les noms d’oiseaux ont volé mardi à Strasbourg entre la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki. La première a comparé le pouvoir de Varsovie à un régime "autocrate". Le second a dénoncé les "chantages" exercés par l’Union sur son pays.
Depuis plusieurs années, la Pologne est en conflit ouvert avec la Commission européenne pour les réformes judiciaires controversées mises en œuvre par le parti populiste de droite, Droit et Justice (PiS). Mais ce conflit a atteint son point culminant le 7 octobre dernier, lorsque la plus haute juridiction polonaise a déclaré que certains articles du traité de l'Union européenne étaient "incompatibles" avec la Constitution polonaise. Une décision qui ouvre, selon les parlementaires européens, une brèche dans les fondements de l’UE et permettrait à Varsovie de continuer à détricoter l’indépendance de la justice dans le pays sans que la justice européenne ne puisse intervenir. "Nous ne pouvons pas permettre - et nous ne permettrons pas - que nos valeurs communes soient mises en danger. La Commission va agir. Et toutes les options sont connues", a mis en garde Ursula von der Leyen.
Si ce constat est partagé au sein de l’Union, sur la méthode des divergences se font en revanche jour. Certains pays réclament une décision politique de principe immédiate avec un gel des versements de fonds européens à la Pologne, d’autres préconisent d’attendre un avis juridique définitif de la Cour de Justice de l’Union. Mais les mesures de rétorsion, économiques ou juridiques, sont des outils délicats qui pourraient en outre ouvrir une crise majeure au sein de l'Union européenne, et braquer d'autres pays d'Europe de l'Est. C'est la crainte d'Angela Merkel, la chancelière allemande qui prône le dialogue avec Varsovie et espère trouver un moyen d'éviter une crise ouverte. La France se dit elle aussi favorable à une poursuite du dialogue "mais s'il n'aboutit il pourra y avoir des sanctions de différentes natures, y compris financières" avec notamment la possibilité de ne pas verser la somme du plan de relance qui leur est due. "Il faut rappeler très fermement que ces règles ont été choisies et que si elles ne s'appliquent plus, alors il n'y a plus de projet européen." a expliqué ce jeudi le secrétaire d'État aux Affaires européennes, Clément Beaune.
Le gouvernement fait bloc contre la décision polonaise, mais dans le pays, certains candidats à l'élection présidentielle ont apporté leur soutien à la Pologne, à l'image de Marine Le Pen. La candidate du RN veut inscrire, dans la Constitution française, la primauté du droit national sur le droit européen et international, selon son projet de loi sur l'immigration qu'elle a présenté récemment. À droite, l'ancien négociateur du Brexit et candidat à l'investiture de LR, Michel Barnier défend lui aussi, à la stupéfaction de nombreux de ses anciens collègues à Bruxelles, la nécessité d'une "souveraineté juridique", mais seulement en matière d'immigration. Ce dernier fait valoir que "si on ne change rien, il y aura d'autres Brexit". Xavier Bertrand propose pour sa part d'introduire dans la Constitution "un mécanisme de sauvegarde des intérêts supérieurs de la France. Lorsque ceux-ci sont en jeu, la souveraineté populaire doit primer". Le candidat et ex-ministre socialiste Arnaud Montebourg demande lui "la supériorité de la loi française sur les décisions européennes".
Autre dossier qui devrait animer ces deux prochains jours les discussions entre les Vingt-Sept : les prix de l’énergie. Certains pays sont déçus par la "boîte à outils" présentée il y a une semaine par la Commission. Ils demandent à nouveau d’aller beaucoup plus loin et envisagent de réformer le marché européen de l'énergie pour parvenir à un découplage entre le prix de gros de l'électricité et celui du gaz naturel. Mais la flambée des prix de l’énergie est vue par d’autres pays comme un problème éphémère. Ils se réguleront d’eux-mêmes au printemps, dit-on en Allemagne, au Benelux ou en Scandinavie. Des pays défavorables à une réforme du marché intérieur européen de l’énergie et donc à la demande française de supprimer l’alignement des prix de l’électricité sur ceux du gaz.
Alors jusqu’où ira le bras de fer entre l’Union européenne et la Pologne ? Quelles sont les mesures envisagées par l’Europe pour faire baisser les prix de l’énergie ?
Invités :
- Pascal Boniface, directeur de l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques
- Rym Montaz, correspondante à Paris, spécialiste des politiques européennes – Politico Europe
- Stéphanie Villiers, économiste, spécialiste de l’Europe
- Charles Haquet, rédacteur en chef du service Monde - L’Express
Isabelle Ory, correspondante en Belgique pour la radio Europe 1 et pour la Radio Television Suisse
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé