Présidentielle : qui a peur de Marine Le Pen ?
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Boostée par un récent sondage la créditant de 48 % des intentions de vote au second tour de la présidentielle face à Emmanuel Macron, soit pratiquement dans la marge d’erreur, Marine Le Pen accélère sa stratégie de "présidentialisation" et de "normalisation". Dans cette optique, la présidente du Rassemblement national a effectué plusieurs revirements stratégiques. Après l’abandon de la sortie de l’Union européenne et de l’euro, acté dès l’été 2017, la chef du parti d’extrême droite a renoncé cette fois à la suspension des accords de Schengen, défendant désormais l’idée de maintenir la liberté de circulation aux seuls ressortissants européens.
La candidate du RN à la présidentielle a également affirmé il y a quelques jours que la France devrait bien rembourser les emprunts contractés dans le cadre de la crise liée au coronavirus. A ses nombreux changements de pied idéologiques, Marine le Pen ajoute une évolution de son discours politique, adoptant un ton grave et mesuré depuis le début de la crise sanitaire ou apportant récemment son soutien à Nicolas Sarkozy après sa condamnation - bien loin des diatribes contre l’"UMPS" qui ont fait longtemps l’ordinaire du Front national. "Compte tenu de la jurisprudence Fillon, si Nicolas Sarkozy souhaite être candidat à la présidentielle, et bien, il doit l’être", a-t-elle ainsi déclaré à Europe 1. Pour Marine Le Pen, la stratégie est claire : il s’agit de tenter de normaliser son programme pour rassurer et attirer de nouveaux électeurs notamment à droite afin de l'emporter en 2022.
Et ce alors que le "barrage républicain" semble s’effriter à gauche mais aussi à droite. Le quotidien Libération a publié le week-end dernier des témoignages de dizaines d’électeurs de gauche, consternés par le mandat du chef de l’État et qui se refuseraient, pour la troisième fois – après Jacques Chirac en 2002 et Emmanuel Macron en 2017 – à faire à tout prix barrage à l’extrême droite en 2022 en cas de nouveau duel face à Emmanuel Macron. Des témoignages que l’on retrouve en chiffres dans les sondages Harris interactive. Dans une dernière étude le mois dernier, 1 électeur sur 3 qui se définit de gauche dit qu’il s’abstiendra, votera nul, ou blanc. Un point de vue partagé également par certains à droite. Ainsi Guillaume Pelletier, qui avait voté blanc au second tour de 2017, n’encourage par les électeurs LR à se tourner vers Emmanuel Macron en cas d'un nouveau second tour contre Marine Le Pen en 2022. "Je ne me suis pas engagé en politique pour faire barrage à qui que ce soit", a souligné le numéro 2 de LR. "J'en ai marre de cette pensée unique, de ce politiquement correct de ces gens qui se lèvent en disant : 'Je me suis engagé contre Marine Le Pen'".
Le "barrage républicain" aurait-il du plomb dans l'aile ? Après la stratégie de "dédiabolisation", la leader d’extrême droite est-elle en train de réussir son pari de "normalisation" ? Avec ses changements de pied, le RN risque-t-il de laisser filer une partie de l’électorat contestataire vers Florian Philippot, Nicolas Dupont-Aignan ou éventuellement Eric Zemmour ? L’hypothèse d’une candidature du polémiste à l’élection présidentielle agite en effet ces dernières semaines les cercles de l’extrême droite identitaire qui doute des chances de victoire de Marine Le Pen.
Invités :
- Dominique Reynie, directeur général de la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol).
- Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l'Institut de sondages - IFOP
- Vanessa Schneider, grand reporter - Le Monde
- Marion Mourgue, grand reporter politique Le Figaro
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé