Un vaccin, des doutes et des questions
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Une première dans un pays occidental. Le Royaume-Uni a lancé ce mardi sa campagne de vaccination contre la Covid-19. Une patiente âgée de 90 ans, Margaret Keenan, a été la première ce matin à recevoir le vaccin à l'hôpital de Coventry, dans le centre de l'Angleterre. Le pays, le plus endeuillé en Europe, avec plus de 61 000 morts liés à l'épidémie, a été le premier à donner son feu vert au vaccin de l'alliance américano-allemande Pfizer/BioNTech.
"Cette journée marque une énorme avancée dans la lutte du Royaume-Uni contre le coronavirus", s'est félicité le Premier ministre Boris Johnson. "Mais la vaccination de masse prendra du temps", a-t-il mis en garde, appelant à continuer à respecter les restrictions en place.
En Angleterre, au Pays de Galles, en Ecosse et en Irlande du Nord, la priorité est donnée aux résidents et employés des maisons de retraite. Suivront les soignants et les plus de 80 ans, et ainsi de suite par âge décroissant. Les autorités espèrent ainsi vacciner d'ici au printemps les neuf catégories prioritaires, qui comprennent les plus de 50 ans, les soignants et les personnes à risque. Mais le directeur médical du service public de santé (NHS), Stephen Powis a déjà prévenu : cette campagne qui s'ouvre s'apparente davantage à “un marathon” qu'à "un sprint". Et il s’agit aussi d’un défi logistique puisque ce vaccin doit être conservé à -70 degrés, ne peut rester que cinq jours dans un réfrigérateur normal et demande des temps de transport limité.
En France où l’on attend le feu vert de l'Europe avant de lancer une campagne de vaccination, ce coup d’accélérateur outre-Manche sur le vaccin Pfizer de type ARN messager est regardé avec intérêt mais aussi scepticisme par certains scientifiques comme le professeur Éric Caumes. Pour l’instant, "Je ne sais pas ce que ça vaut" a expliqué ce matin au micro de France Inter le chef de service en maladies infectieuses à la Pitié-Salpêtrière à Paris.
"Je n'ai pas le recul nécessaire, je n'ai toujours pas vu une publication scientifique qui corresponde à ces vaccins. Donc me vacciner avec des produits que je ne connais pas, dont je n'ai des informations que par les communiqués de presse des laboratoires, c'est leur faire une confiance aveugle et absolue", a déclaré le professeur. De son côté, l'Agence européenne des médicaments (EMA) a indiqué qu'elle tiendrait une réunion extraordinaire le 29 décembre "au plus tard" pour donner ou non son feu vert.
En attendant cette décision et le lancement de la campagne de vaccination envisagée pour janvier prochain dans le pays, c’est surtout la crainte d’un rebond de l’épidémie qui inquiète actuellement les autorités alors que les contaminations ne baissent plus et que les hospitalisations ont augmenté à nouveau depuis deux jours. "Nous sommes sur un plateau", a constaté ce mardi le Premier ministre. En ce qui concerne l’assouplissement du confinement prévu le 15 décembre, "nous aviserons en fonction de l'évolution de ces données. Je garderai toujours la même ligne de conduite : priorité à la prévention et à la sécurité sanitaire de nos concitoyens" a indiqué Jean Castex qui s’exprimera plus longuement sur ce sujet jeudi lors d’une conférence de presse.
En Chine en revanche, un an après l’apparition de la Covid-19 la situation sanitaire est sous contrôle et Pékin entend clairement se projeter dans une phase "post-épidémie". Le pays qui développe plusieurs candidats-vaccins contre la Covid-19 a lancé depuis quelques semaines des campagnes de vaccination dans plusieurs provinces. Plusieurs millions de personnes ont déjà reçu une dose de ces vaccins, toujours en phase d’essais et dont trois d’entre eux reposent sur la technologie dite des virus inactivés. Cette technique vaccinale, la plus ancienne, consiste à prendre un bout du virus, à le rendre inoffensif et à l'injecter dans le corps du patient pour que son système immunitaire développe une réponse appropriée. Selon CNN, les laboratoires chinois auraient déjà conclu des contrats pour vendre des centaines de millions de doses de leurs vaccins à des pays comme le Brésil, le Mexique, la Turquie ou encore les Émirats arabes unis. Néanmoins contrairement à ceux développés par Pfizer, de Moderna ou d'AstraZeneca, on ne sait que très peu de choses sur eux, alors même qu'ils sont déjà utilisés et que les laboratoires qui les ont développés assurent qu'ils sont efficaces. Un flou qui suscite inquiétude et interrogations de certains spécialistes aussi bien en Chine qu'à l'étranger.
Alors où en est la Chine dans la course au vaccin ? Que sait-on vraiment des vaccins de type ARN messager de Pfizer et de Moderna ? Enfin alors que depuis le début de la pandémie, pénuries et tensions dans l'approvisionnement de médicaments se multiplient. Que faire pour remédier à cette situation d’autant plus inquiétante que cela concerne des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (Antibiotiques, anticancéreux, antiépileptiques, antiparkinsoniens) ?
Invités :
- Patrick Berche, mMicrobiologiste et membre de l'Académie de médecine
- Caroline Tourbe, journaliste sciences et médecine au Point
- Hervé Chneiweiss, président du comité d’Éthique de l’Inserm
- Anne-Claude Crémieux, professeure de maladies infectieuses à l'hôpital Saint-Louis à Paris, membre de l’Académie de médecine