Cour suprême : l'arme fatale de Trump
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La bataille pour la Cour suprême est lancée. Donald Trump a annoncé, lundi 21 septembre, qu'il désignerait en fin de semaine une nouvelle juge afin de succéder à Ruth Bader Ginsburg, icône féministe et de la gauche américaine, décédée vendredi dernier à 87 ans des suites d'un cancer. En s'envolant pour l'Ohio, il a réaffirmé qu'il prendrait sa "décision samedi, peut-être vendredi". Ce qui sonnera le coup de départ du processus de confirmation.
Balayant les cris d'indignation des démocrates, le président des États-Unis a estimé que le Sénat, à majorité républicaine, avait "largement le temps" de confirmer la nomination d'une nouvelle magistrate avant le scrutin du 3 novembre qui l'opposera à Joe Biden.
"Je préférerais de loin qu'il y ait un vote avant l'élection", a-t-il affirmé, avant d’indiquer qu’il avait cinq noms en tête. Parmi les favorites figurent Amy Coney Barrett, une catholique de 48 ans, juge de la Cour d'appel de Chicago et une magistrate de 52 ans, Barbara Lagoa. Cette dernière est la première femme hispanique à siéger à la Cour suprême de Floride et a été nommée l'an dernier par le président à la Cour d'appel d'Atlanta. Toutes les deux sont conservatrices et anti-avortement.
Cette nomination express est vivement critiquée par son rival Joe Biden et les démocrates, écœurés à l’idée que la Cour suprême qui tranche de nombreux dossiers sociétaux explosifs comme l’avortement, le droit de porter des armes, les droits des homosexuels ou l’Obamacare, pourrait ainsi basculer dans le camp conservateur avec 6 juges sur 9 pour au moins trente ans, les membres étant nommés à vie. Par ailleurs la Cour suprême pourrait avoir un rôle à jouer en cas d’élection serrée pour départager Trump de Biden, comme elle le fit en 2000 en arrêtant le recomptage des voix en Floride, ce qui permit à George W. Bush d’être élu au détriment d’Al Gore.
Mettant en avant notamment le fait qu’en 2016, les Républicains avaient obtenu de Barack Obama qu’il ne remplace pas le juge conservateur Antonin Scalia, décédé en février, puisque le pays était en année électorale, les démocrates demandent au Sénat de ne pas voter avant que les Américains aient choisi un nouveau président. "Nous avons une responsabilité", a expliqué de son côté la présidente de la Chambre. “Nous faisons le serment de protéger et de défendre la Constitution des États-Unis. Nous avons la responsabilité de répondre aux besoins du peuple américain. C’est à ce moment-là que nous évaluons les actions. La protection de notre démocratie nous oblige à utiliser toutes les flèches de notre carquois” a précisé Nancy Pelosi, laissant ainsi ouverte la possibilité d’utiliser le processus de destitution pour empêcher le Sénat de nommer rapidement un nouveau juge.
De son côté, le locataire de la Maison-Blanche dont le slogan de campagne est "la loi et l’ordre" estime ne faire que son devoir : les Américains l’ont élu en 2016 et il se doit donc de nommer un nouveau juge, peu importe si la présidentielle se tient dans six semaines. Surtout en nommant une juge conservatrice et anti-avortement, Donald Trump entend répondre aux demandes des électeurs évangéliques et de sa base en général.
Un argument de poids dans cette campagne qui pourrait même faire revenir dans son giron certaines électrices conservatrices qui avaient voté pour lui en 2016 en se pinçant le nez et qui ont été effarées par sa gestion de la crise sanitaire et économique.
Pour parvenir à cette nomination, Donald Trump peut également compter sur le soutien de Mitch McConnell, le patron des sénateurs républicains, qui a confirmé son intention d'auditionner et de faire valider par le Sénat au plus vite le choix du président américain. Néanmoins deux sénatrices républicaines ont déjà dit qu’elle ne voterait pas pour nommer un juge à la Cour suprême des États-Unis avant la présidentielle du 3 novembre. D’autre part, selon un dernier sondage Reuters/Ipsos publié dimanche, 62 % des Américains préfèreraient eux aussi attendre le verdict des urnes. L’opinion américaine est par ailleurs majoritairement favorable au droit à l’avortement.
Dans la dernière ligne droite d’une campagne marquée par la crise du Covid-19 et des manifestations contre le racisme et les violences policières, la bataille pour la Cour suprême s’annonce titanesque. De quoi électriser un peu plus cette présidentielle et galvaniser chaque camp. Alors le milliardaire républicain, jusqu’ici devancé dans les sondages par le démocrate Joe Biden, arrivera-t-il à en tirer parti ? Signature des accords de normalisation entre Israël, les Émirats arabes unis et Bahreïn, bras de fer avec la Chine… Quel est le bilan de la politique de Donald Trump à l’international ? Enfin qu’est-ce que la Cour suprême ? Pourquoi est-elle devenue un enjeu central de cette présidentielle ?
Invités :
- Thomas Snegaroff, historien spécialiste des États-Unis et auteur de “L’Amérique et son président, une histoire intime”
- François Clemenceau, rédacteur en chef international au Journal du Dimanche
- Nicole Bacharan, politologue spécialiste des États-Unis et auteure de “Le monde selon Trump”
- Marie-Cécile Naves, directrice de recherche à l’IRIS-spécialiste des États-Unis
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé