Hongkong défie Pékin
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Ce qu’il s’est passé hier à Hongkong restera dans l’histoire. L'ancienne colonie britannique a vu défiler deux millions de personnes, vêtues de noir et formant une foule compacte, dans ses rues, soit près de 30 % de la population, du jamais-vu sur ce territoire. Et le plus étonnant, c’est que ce rassemblement était deux fois plus important que celui du dimanche précédent alors que depuis le gouvernement local a reculé et a repoussé l’examen du projet de loi contesté facilitant des extraditions judiciaires vers la Chine.
Mais la colère des Hongkongais va bien au-delà de cette loi et ils veulent désormais voir partir Carrie Lam, la chef de l’exécutif local pro-Pékin. Cette dernière avait annoncé samedi le retrait du projet de loi pour tenter de désamorcer le mouvement. Puis voyant la marée humaine, elle a présenté hier ses excuses à la population. Un geste sans précédent. Mais cela suffira-t-il pour calmer les tensions ?
En ébullition depuis plusieurs mois du fait de ce projet de loi, l’ex-colonie britannique a été le théâtre ces deux derniers dimanches de deux manifestations d'une ampleur record, et d’un rassemblement non autorisé mercredi qui a entraîné la plus violente répression policière depuis 1997 et sa rétrocession à la Chine, point de départ d'un bras de fer quasi constant entre Pékin et Hongkong sur la question des libertés publiques, notamment.
Ainsi en 2014 déjà, pendant plus de deux mois, des centaines de milliers de personnes pro-démocratie avaient paralysé des quartiers entiers de Hongkong, réclamant l'élection du président du gouvernement local au suffrage universel, sans obtenir la moindre concession de Pékin. Cette fois, ils ne lâchent rien. Comme l’a montré Joshua Wong, l’une des figures de la contestation de 2014, dite « révolte des Parapluies », qui tout juste libéré de prison ce lundi, a rejoint les rangs de la mobilisation et a appelé à la démission de la chef de l'exécutif.
Sous souveraineté chinoise, Hongkong jouit d'une semi-autonomie et de libertés qui n'existent pas en Chine continentale, et ce, en théorie, jusqu’en 2047. Mais voilà des années que de nombreux Hongkongais dénoncent une ingérence grandissante de Pékin, en violation du principe « un pays, deux systèmes ». Avec la mobilisation actuelle, les Hongkongais viennent rappeler qu’ils n’entendent nullement se faire absorber par le régime communiste. Un revers de taille pour le président chinois qui a fait de l’intégration de cette ville un modèle qu’il entend reproduire à Taïwan, et ce au moment où la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis connaît un regain de tension. Pékin a ainsi exhorté Washington à « ne plus s'ingérer dans les affaires de Hongkong ».
Trente ans après le massacre de Tian'anmen, la génération Hongkong tient tête à Pékin. Que va faire le régime chinois ? Quels sont les enjeux de cette crise ? Hongkong peut-elle échapper à l’emprise de la Chine ? Enfin jusqu'où ira la guerre commerciale entre les États-Unis et l'empire du Milieu ?
Invités :
- Pascal Boniface, directeur de l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques
- Antoine Bondaz, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique, spécialiste de la Chine
- Alice Ekman, chercheure et responsable des activités Chine au Centre Asie de l’IFRI
- François Bougon, journaliste et auteur de « La Chine sous contrôle, Tiananmen 1989-2019 » (Seuil)
Présenté par : Caroline Roux, Axel de Tarlé