L'édito de Patrick Cohen - Les trois visages du RN

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Patrick Cohen fait un bilan de la campagne du Rassemblement national, à quelques jours des élections législatives. Campagne réussie, comme en témoignent les sondages, avec un thème dominant et d'autres restés sous le tapis. Zoom sur les différents visages du RN. Le premier, c'est celui que le parti a réussi à imposer dans cette campagne. Un visage avenant et raisonnable. "Je suis le candidat de la raison budgétaire", a expliqué Jordan Bardella malgré un programme qui n'a cessé de bouger comme en témoignent la nouvelle mesure d'exception à l'exonération d'impôts pour les moins de 30 ans, plus de deux ans après la présentation de cette mesure. De nombreuses incohérences et impasses européennes de leurs promesses. Mais globalement leurs efforts pour rassurer les milieux économiques ont été payants afin de les ranger en parti de gouvernement et les normaliser. Une normalisation à laquelle Marine Le Pen vient de donner un coup. Le lundi, Jordan Bardella promet l'unité nationale et le retour de l'ordre. Le jeudi, Marine Le Pen affirme que le rôle constitutionnel du président en tant que chef des armées n'est en réalité qu'honorifique. Le deuxième visage du RN est réactionnaire. Sur un thème complètement absent de la campagne, la transition écologique, le réchauffement climatique, le RN est rétif à tout changement et partisan d'un retour en arrière. Le programme dit stop à toute ambition écologique. Le troisième visage est celui de la xénophobie. L'hostilité de principe envers les étrangers est un sujet qui a été peu débattu. Pourtant il n'est plus question de pacification. C'est un pan fondamental du projet du RN qui lie le parti au vieux FN de Jean-Marie Le Pen et ses obsessions : préférence nationale, suppression du droit du sol, retrait des aides sociales aux étrangers, refus de toute régularisation de travailleurs sans papiers. Mais le RN est revenu sur l'interdiction de la double nationalité.