L'Édito de Patrick Cohen - "La Fièvre" : immersion dans la fabrique de l’opinion

C à vous

"La fièvre", diffusée sur Canal+ est bien plus qu’une série télé divertissante. Elle parle de notre époque et de notre société polarisée comme on ne l’avait jamais fait sur un écran. Elle raconte la fabrique des opinions polarisées sous les coups de boutoir d’activistes identitaires et numériques. Elle pose une question brûlante d’actualité : la France peut-elle basculer dans un conflit identitaire à partir d’un simple geste déplacé ? Le point de départ est un coup de tête assené en direct par une star du football noir à son entraîneur blanc traité de sale « toubab ». La fièvre autour de ce scandale aurait pu retomber si deux personnages féminins aux opinions opposées ne s’en était emparé. D’un côté Sam Berger, communicante hypersensible et dépressive, profondément démocrate, qui va combattre à distance Marie Kinsky, humoriste, activiste et figure de la fachosphère. Son combat à travers cette affaire : le retour d’un pouvoir autoritaire avec une idée fasciste, généraliser le port d’armes chez les citoyens. Cette série nous montre donc comment de façon plausible un tél débat pourrait s’imposer dans la sphère publique et paraître comme acceptable, alors même qu’aujourd’hui une telle idée ne semble pas envisageable. C’est ce qu’on appelle la fenêtre d’Overton, une fenêtre qui peut évoluer au fil du temps à cause d’un événement, un fait de société ou autre. C’est plus précisément une allégorie qui situe l'ensemble des idées, opinions ou pratiques considérées comme plus ou moins acceptables dans l'opinion publique d'une société.