Pourquoi la France ne veut-elle pas de statistiques ethniques ?
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Face aux violences policières, la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye propose la mise en place de statistiques ethniques. Une méthode jusque-là interdite en France : "Je pense qu'elle permettrait au fond de réconcilier parfois deux rives de notre société qui s'écharpent éternellement. Ceux qui vous disent que les Noirs et les Arabes n'ont accès à rien, et ceux qui vous disent que le problème ne se pose pas. Que l'on puisse partager un constat commun et que, sur la base de ce constat, on puisse décider des actions que l'on peut mener ensemble".
Aux États-Unis, selon Patrick Cohen, ces statistiques sont un indicateur important de lutte contre les inégalités et les discriminations dans un pays parti de très loin, après des décennies de ségrégation.
Le comptage communautaire aux États-Unis a toujours existé, depuis le premier recensement de 1790, les Américains sont recensés par leur(s) race(s).
En Grande-Bretagne, le comptage se fait aussi à l'entrée des entreprises, avec des questions sur les origines ethniques et la religion, des données examinées par une commission nationale, pour vérifier qu'il n'y a pas de discrimation.
En France, on s'interdit de raisonner en terme de race ou d'ethnie. C'est aussi le cas en Allemagne, en Espagne ou en Italie, mais la France est le premier pays à l'avoir formalisé, en 1978, avec la loi Informatique et liberté et la création de la CNIL.
Au moment où les premiers ordinateurs commençaient à rassembler ou à connecter les fichiers, le choix a interdit la collecte de toutes les données individuelles et nominatives concernants les peines de justice amnistiées, les origines raciales et les opinions politiques, syndicales et religieuses.
Il y avait un peu plus de 30 ans après la Seconde guerre mondiale, le poids de l'Histoire, le souvenir du statut des Juifs et des fichiers qui avaient permis les rafles et les spoliations. Mais depuis une quinzaine d'années, le débat ne cesse d'être relancé. Il divise à la fois les politiques et les démographes.
Présenté par : Anne-Elisabeth Lemoine