S12 : Elections : qui paye gagne...
C à dire- 9 min 3 s
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Actuellement confrontés à la difficulté d’obtenir des prêts bancaires, plusieurs partis politiques lancent des emprunts auprès des Français pour financer leur campagne des élections européennes. L'idée d'une banque de la démocratie qu'avait proposé François Bayrou semble pour l'instant rester lettre morte. Par ailleurs, la France est-elle vraiment protégée des groupes de pression ? Sans doute moins qu’elle aimerait le croire. Notre démocratie repose-t-elle sur l’équation « un homme = une voix » ? Pas tout à fait, selon Julia Cagé.
Après avoir étudié le financement des médias (« Sauver les médias », Le Seuil, 2015), l’économiste, professeure à Sciences-Po Paris, poursuit son exploration des ressorts et des inégalités de notre système représentatif. À partir d’une base de données inédite des financements publics et privés de la vie politique, aux États-Unis, en France ou ailleurs en Europe, elle démontre dans son dernier livre, « Le prix de la démocratie » (Fayard), que ces questions, en apparence techniques, pourraient bien avoir leur rôle dans le sentiment d’abandon des classes moyennes et populaires et dans la montée des populismes. Car, non seulement l’expression politique est capturée par les intérêts privés des plus riches, mais cette confiscation peut avoir un sacré impact sur le résultat des élections.
En France, depuis les années 1990, le financement de la vie politique est fondé sur quelques grands principes : les dons des particuliers sont encadrés (pas plus de 7 500 euros pour les partis par individu et par an, pas plus de 4 600 euros par élection) ; les entreprises ne peuvent verser des fonds aux candidats ; en contrepartie, l’État finance une grande partie de la vie politique.
Un système bien imparfait, d’après Julia Cagé, qui subventionne en réalité les préférences politiques des plus riches et favorise donc les partis de droite. Julia Cagé, professeure d'économie à Science-Po Paris, auteure du livre « Le prix de la démocratie » aux éditions Fayard, est l'invitée de C à dire.
Présenté par : Mélanie Taravant