De Rocca Serra, l'héritage du pouvoir

Collection Documentaire Via Stella

De Camille à Jean-Paul et de Jean-Paul  à Camille.  C’est ainsi que s’est transmis le pouvoir dans la famille Rocca-Serra depuis plus d’un siècle. De père en fils. Député, sénateur, président du conseil général, président de l’assemblée de Corse, maire de Porto-Vecchio, cette dynastie politique a cumulé tous les mandats et régné sans partage sur les affaires de l’île dans le droit fil des sgiò, les seigneurs du Sud. La défaite aux élections municipales en juin 2020 trois ans après l’échec de l’héritier Camille de Rocca-Serra à la députation, a marqué le crépuscule du clan.Sous les portraits vénérables de ses ancêtres, depuis le bastion porto-vecchiais qui abrite les secrets de famille, dans le salon qui fut l’antichambre politique de la Corse, Camille de Rocca-Serra évoque la mémoire d’une famille pudique.  Celle d’un grand-père, d’abord, mais surtout celle d’un père, Jean-Paul de Rocca-Serra, dont la longévité électorale sans pareille, de 1949 à 1998 et dont le talent pour la pulitichella dans les bons comme les mauvais aspects, lui avait valu le sobriquet de « renard argenté ». C’est dans l’ombre de cet animal politique qu’a grandi Camille de Rocca-Serra, suivant les victoires successives de son père et sa reconquête des mandats électifs. Un regard sur l’histoire contemporaine de la Corse se dessine dans cette relation entre un fils et son père, un grand chêne à côté duquel il fut difficile de pousser. C’est d’abord comme apprenti, puis conseiller et enfin comme élu à part entière, après sa mort, que Camille de Rocca-Serra put enfin exister, sans qu’il n’ait jamais « tué le père » qu’il considère toujours comme son « guide ». Dans ce récit intime où le subjectif se confond avec la vie publique, d’autres voix, celles d’opposants, de proches et de journalistes permettent de rendre compte de la part d’ombre et de lumière de ce dernier mythe politique contemporain de la Corse, jusqu’ici inexploré.