La Califfa

Cinéma de minuit

Irène Orsini, ravissante ouvrière de l'Italie du Nord, est surnommée "la Califfa". La mort de son mari au cours d'affrontements entre grévistes et forces de l'ordre, l'a poussée à devenir une militante acharnée. On la retrouve à la tête des revendications ouvrières, lors d'une grève de solidarité décidée dans toutes les entreprises de la ville, en soutien à une usine menacée par la faillite. Annibale Doberdo, un grand patron que la grève fragilise, évite les organisations syndicales pour traiter directement avec les travailleurs. La Califfa réagit et mène la résistance. Mais derrière la lutte sociale se profile, presque contre nature, un rapprochement des deux êtres...       De Alberto Bevilacqua avec Romy Schneider, Ugo Tognazzi, Massimo Farinelli, Marina Berti et Giancarlo Prete. Tourné en 1971, la Califfa est le premier film d'Alberto Bevilacqua. Le cinéaste adapte ici son propre roman. Le film est une curieuse fable politique, encore aujourd'hui injustement oubliée, qui mêle dans un style moderne le cinéma politique cher à Francesco Rosi au plus pur cinéma romanesque italien. Les rapports entre les syndicats et les patrons, les partis politiques et les groupes de pression sont dépeints avec une exceptionnelle acuité. La description de la folle passion qui oppose la Califfa à son amant comme aux notables et aux militants syndicalistes est particulièrement intéressante. C'est aussi l'un des plus beaux rôles de Romy Schneider.   Patrick Brion