Les 4V - Benjamin Haddad
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Ukraine : la France en fait-elle assez ? Benjamin Haddad est l’invité du 1er avril 2024
À peine rentré d’Ukraine il y a quelques heures, Benjamin Haddad, député Renaissance de Paris, nous donne la température sur le front de guerre. Avec une délégation de parlementaires, il a rencontré le président ukrainien, Volodymyr Zelensky afin d’évaluer une nouvelle fois, les besoins militaires du pays. Si Emmanuel Macron n’avait pas exclu renforcer les effectifs sur place, le chef d’État avait finalement fait marche arrière lors du sommet à Berlin, alors que le chancelier allemand avait durci le ton, en se désolidarisant purement et simplement des propos de son homologue. Alors, l’Europe doit-elle s’engager davantage pour aider les Ukrainiens ? Pour Benjamin Haddad, un effort collectif est nécessaire à un tournant de la guerre, rappelant l’avance des troupes russes : « Les Russes frappent 10 fois plus d’obus que l’Ukraine dans cette guerre car elle est à court de munitions et d’armes » explique notre invité. En effet, l'aide américaine de 60 milliards de dollars, est toujours bloquée au Congrès. Et ce malgré un vote favorable du Sénat américain. Depuis décembre 2023, les États-Unis ont donc coupé les robinets malgré les appels de détresse de Kiev, suspendu à la décision du Congrès. Vladimir Poutine compte bien profiter de cette politique attentiste pour renforcer son offensive sur le champ de guerre, et au-delà. De plus en plus agressive, la frappe russe n’hésite plus à cibler les grandes villes et les infrastructures civiles, privant parfois la population d’énergie et d’eau. De retour de son voyage en Ukraine, Benjamin Haddad met en garde l’Europe sur les attentions, à peine dissimulées, du chef du Kremlin. Sébastien Lecornu, ministre des Armées de France, a affirmé dans une tribune diffusée 31 mars 2024 « livrer des véhicules de transport de troupes âgés de plus de 40 ans » dans les prochains mois. Est-ce réellement suffisant pour mettre les troupes de Vladimir Poutine à genoux ? Le député de Paris salue l’initiative du ministre : « On continue de livrer du matériel que ce soit des véhicules blindés. Il a aussi annoncé, c’est très important, des missiles Aster qui sont utilisés pour protéger le sol ukrainien face à ces bombardements. C’était une des demandes principales de nos interlocuteurs » détaille notre invité. Dans sa tribune, Sébastien Lecornu a également évoqué son plan d’action vis-à-vis des industriels, qu’il compte mettre sous pression pour raccourcir les délais de livraison. Un emploi de la fermeté et un changement de ton du gouvernement français pour renouveler une nouvelle fois son soutien à l’Ukraine, très affaiblie face à la missive russe, de plus en plus agressive et puissante. Ce qui ne semble néanmoins pas fragiliser le mental d’acier de Volodymyr Zelensky. Le président ukrainien fait preuve d’une résilience à toute épreuve malgré l’avance stratégique et matérielle de l’ennemi. Ce dernier a d’ailleurs salué la fermeté française avant de solliciter une aide supplémentaire afin d’obtenir plus d’armes et de munitions. Et d’appeler l’Europe à donner l’exemple en dépit des incertitudes Outre-Atlantique. Pourtant, la France semble jouer cavalier seul durant cette campagne. En témoigne la réaction hostile de ses homologues européens lorsqu’Emmanuel Macron a défié Vladimir Poutine. « Je crois qu’il fait bouger les lignes […] on se fixe des lignes rouges à nous-même parce qu’on a peur d’une escalade de Poutine. Mais ça n’a fait qu’attiser l’agressivité de Poutine qui y voit de la faiblesse. C’est le moment, au contraire, de rien n’exclure et de mettre des limites à Vladimir Poutine » défend Benjamin Haddad. Ce dernier félicite d’ailleurs le « leadership de la France sur ces questions de défense et de sécurité » au même titre que certains de nos partenaires en Europe centrale à l’instar de la République tchèque ou de la Pologne, qui ne cessent de tirer la sonnette d’alarme sur le régime de Vladimir Poutine. « C’est notre responsabilité à nous Français, de mener la réponse de l’Europe » réplique notre invité.
Assurances chômage : le tour de vis
En tant que parlementaire, Benjamin Haddad sera dans quelques mois, amené à voter une nouvelle réforme de l’assurance chômage. En effet, le Premier ministre, Gabriel Attal n’écarte pas réduire de nouveau la durée d’indemnisation maximale des chômeurs, ultime manœuvre pour tenter de rafistoler le trésor public, évalué à 5,5% de déficit. Et cette nouvelle proposition du gouvernement Attal est loin de rassembler la caste politique, y compris au sein même de la majorité. Le président de la Commission des lois, Sacha Houlié, qui représente davantage l’aile gauche, a d’ailleurs mis en garde le gouvernement sur cette question épineuse affirmant qu’il ne fallait pas faire d’économies sur le dos des chômeurs. À l’inverse, Benjamin Haddad se dit favorable à une réforme de l’assurance chômage dans le but de soutenir le plein-emploi : « C’est un objectif fondamental de notre majorité. On a fait baisser le chômage à son niveau le plus faible depuis 40 ans. On doit continuer. Et il faut effectivement trouver tous les mécanismes incitatifs pour faire revenir à l’emploi » explique le député de Paris avant de rappeler la feuille de route ministérielle qui s’est soldée par une réforme du RSA. Si cette nouvelle réforme de l’assurance chômage peut tirer au mieux un milliard d’euros d’économie en 2025, elle vise davantage à « promouvoir le travail », nuance notre invité : « Ce qui créera de la croissance, de l’innovation et donc des recettes fiscales ». L’ère du quoi qu’il en coûte est bel et bien derrière nous pour maîtriser les dépenses publiques sans augmenter les impôts comme certains le préconisent.
Alors que l’Insee a dévoilé les chiffres du déficit public le 26 mars 2024, le gouvernement peine à trouver des éléments de réponse sur son lamentable score, désormais en avant-dernière position dans la zone euro, devant l’Italie. Le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, a d'ailleurs clairement menacé la majorité de voter désormais une motion de censure, si la situation des finances publiques ne s’améliore pas d’ici le vote du budget, probablement à l’automne. Il n'est pas exclu que le gouvernement soit censuré grâce à la droite, signant définitivement sa chute. « On a besoin de partenaires pour faire des choix responsables et co-construire. Ce n’est pas le cas avec Les Républicains qui, depuis deux ans, ne font que proposer des augmentations de dépenses » argue Benjamin Haddad.
Présenté par : Thomas Sotto, Marie Portolano