Les 4 Vérités - François Molins
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François Molins, pour beaucoup le visage de l’antiterrorisme pendant les attentats de 2015, est l’invité du jour de Télématin. Il vient à l’occasion de la sortie de son livre « Au nom du peuple Français », chez Flammarion, le 21 février 2024 dernier. Celui qui est devenu avec les années une des plus hautes figures de la magistrature française se met à nu dans cette autobiographie, où il revient sur les « 46 ans passés au service de la justice », toujours avec la même passion. Un ouvrage qui révèle les zones d’ombres du monde de la justice, les fêlures de l’homme derrière le magistrat, et son combat toujours inchangé contre l’injustice.
Une carrière passée tantôt à Montbrison, tantôt en Corse, puis en Seine-Saint-Denis au parquet de Bobigny, encore au cabinet de Michèle Alliot-Marie, enfin à la capitale comme avocat général à la Cour de Cassation… Une carrière à sillonner le pays et à se confronter à des populations diverses et des dossiers tout aussi hétérogènes marquant l’ambition d’un homme voulant se faire la voix de la justice pour tous et pour toutes. Des années de hauts et de bas ébranlées par des affaires parfois insoutenables, ou de secrets de polichinelle démontrant les magouilles de certaines figures du droit, qui auraient pu faire vaciller sa foi en la justice. Une carrière prenante, qui s’éponge sur l’homme et sa vie de famille ; mais toujours, une véritable passion qui a fait aller Molins de l’avant, malgré les obstacles. Face à Thomas Sotto, il réitère son « optimisme » vis-à-vis d’une justice trouvant toute sa légitimité lorsqu’elle s’opère au nom du peuple français, et qu’elle a les moyens de bien fonctionner.
Défenseur des droits humains
« Au nom du peuple français » offre un récit intime de l’auteur, brisant l’image d’un homme de fer pour dévoiler le citoyen lambda derrière le masque du magistrat. Si le livre révèle les failles du système justicière, il révèle surtout toute la part d’humain au sein de ce système. Car la justice est humaine, elle n’est pas irréprochable mais doit tendre à le devenir. Molins témoigne au long des pages de l’émotion qui ne l’a jamais quitté lors de l’exercice de sa fonction, notamment au moment des affaires Merah, Charlie Hebdo ou encore du Bataclan. Mais il insiste également : « l’émotion et le droit de ne rejoignent pas forcément ». Il explique le difficile défi posé aux hommes et femmes de droit de savoir faire la distinction entre leur émotion et leur mission, pour ne pas que cette dernière soit polluée par l’affect.
L’émotion au cœur de son métier qui explique la sensibilité d’un homme face à certaines affaires. L’humilité, déjà, dans son combat contre le terrorisme, qu’il aurait « dû avoir vu venir » au moment de l’attentat du RER B en 1995. Il dit « Kelkal, c’est le début de la radicalisation dans les banlieues liée à des problèmes d’intégration », mais que la société tout entière a mis trop de temps à le comprendre, ce qui explique la sidération et l’incompréhension suite aux attentats de Merah en 2012. La sensibilité, ensuite, d’un homme pour le destin des femmes victimes de violence conjugales, qui poussent François Molins à devenir un farouche défenseur de la parole féminine. Il participe à mettre en place le dispositif du « téléphone grave danger », insiste sur l’importance de la libération de la parole des femmes. Mais il nuance : « le corollaire de ce déferlement d’accusation avec le mouvement #MeToo touche aussi à l’un des fondements de notre justice : la présomption d’innocence ». Il s’agit, selon lui, de tout le défi de la justice pour les années à venir : savoir progresser et être mieux formée, pour toujours mieux prendre en considération la parole des femmes, sans remettre en cause la présomption d’innocence, principe fondamental dans un état de droit.
Présenté par : Thomas Sotto, Marie Portolano