Les 4 Vérités - Julien Bayou
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Anne Bourse reçoit Julien Bayou, député Europe Écologie Les Verts de Paris, sur le plateau des 4 Vérités.
Vendredi 26 janvier a été le jour des annonces pour Gabriel Attal. Face à la colère des agriculteurs qui gronde depuis plusieurs jours, le premier ministre a déclaré « avoir reçu le message cinq sur cinq » et a proposé diverses mesures, comme l'accélération du versement des aides ou encore des mesures sur le GNR. Mais Julien Bayou, député écologiste Nupes et invité des 4 vérités, n’est pas convaincu. « On parle de mesurettes », dit-il pour qualifier ces propositions. Il faudrait selon lui « changer radicalement » les politiques agricoles, « ce que le gouvernement ne fait pas depuis 2017 ». « Quelque part, lorsqu’il multiplie les traités de libre échange, il ignore l’agriculture » juge-t-il même, citant l’exemple du traité avec le Chili. Selon plusieurs syndicats agricoles, dont le FNSEA, syndicat agricole majoritaire, les traités de libéralisation du commerce avec le pays d’Amérique latine ratifiés par l’Europe avec l’aval de la France seraient une plaie pour les agriculteurs français, notamment à cause de la concurrence déloyale provoquée.
Julien Bayou considère cela dit que les normes ne sont pas le problème. Le bas blesse surtout au niveau de la rémunération, qui n’est selon lui pas « juste » pour les agriculteurs. Sous la pression des manifestants, Gabriel Attal a certes annoncé l’annulation de la hausse de la fiscalité sur le gazole non routier (GNR), mais, pour le député Nupes, au regard des charges écrasantes, c’est loin d’être suffisant.
Lactalis, un géant intouchable ?
Les écologistes et les agriculteurs constituent-ils deux camps irréconciliables ? Julien Bayou souhaite déconstruire cette idée reçue en soulignant à quel point il était « frappant, depuis une semaine, de voir les discussions fécondes » entre les deux partis. « On se rend compte bien souvent qu’il manque quelqu’un à la table : la grande distribution », note-t-il par ailleurs. Il prend l’exemple de Lactalis, qui « pressurise[rait] » les producteurs de lait en leur imposant un prix de 40 centimes par litre pour une revente au consommateur à 1 euro 40. « Ça fait une immense fortune, que le Gouvernement n’a jamais cherché à encadrer », fait observer l’homme politique.
À ce propos, la loi EGAlim, loi adoptée en octobre 2021, vise à protéger la rémunération juste des agriculteurs. Parmi ses mesures phares, on retrouve justement une disposition interdisant de vendre tout produit en dessous du prix auquel il a été acheté au fournisseur. Vendredi 26 janvier, Gabriel a promis de « faire respecter cette loi partout » en renforçant les contrôles, en « mettant une pression maximale » dans les négociations commerciales et en menaçant de « sanctions lourdes » ceux qui ne la respectent pas. Mais là encore, l’écologiste n’est pas convaincu. Selon lui, ceux qui « sont au Gouvernement depuis dix ans » —Emmanuel Macron ayant été ministre de l’économie en 2014— auraient déjà pu et dû agir en conséquence. Le député EELV rappelle qu’un quart des postes agents chargés de la répression des fraudes ont pourtant été supprimés depuis 2018.
Si la colère des agriculteurs se manifeste surtout par de nombreux blocages, des débordements ont parfois été constatés dans certains endroits, notamment à Narbonne, où un incendie a eu lieu. Face à cette colère qui dégénère, Julien Bayou parle d’un ministre de l’Intérieur comme « tétanisé » par la situation. On constate selon lui « un sentiment de fin de règne », un Gouvernement qui « ne sait pas faire face aux crises ». « Il faut réorienter notre politique pour qu’elle bénéficie aux agriculteurs », martèle-t-il.
Présenté par : Damien Thévenot, Maya Lauqué