Les 4 vérités - Manuel Bompard
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Chroniqueur : Guillaume Daret
Ce matin, Guillaume Daret reçoit Manuel Bompard, coordinateur de LFI et député des Bouches-du-Rhône, dans les 4 vérités.
En tant que coordinateur de la France Insoumise, Manuel Bompard est invité à participer à une réunion inédite, instiguée par le président de la République, avec les autres chefs de partis. « Les rencontres de Saint-Denis » organisées à la Maison d’éducation de la Légion d’honneur devraient réunir une quinzaine de responsables politiques dans le but de bâtir « ensemble » des textes législatifs. Pour l’heure, la France Insoumise n’a pas encore confirmé sa présence. Ce parti devrait formuler une réponse commune sous l’égide de la NUPES. « On a peu d’informations sur la manière avec laquelle le président de la République envisage les discussions et honnêtement, on se fait peu d’illusions sur le résultat » assène Manuel Bompard sur le plateau des 4 vérités. À titre personnel, l'ex-directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon n’y voit « aucun intérêt ». En revanche, ce dernier souhaite porter plusieurs propositions afin de répondre aux urgences de la rentrée telles que l’inflation, la flambée des prix ou encore le défi climatique. Si Emmanuel Macron s’est dit ouvert aux négociations, le chef d’État n’a pas exclu le recours aux référendums en cas de blocage. Ce qui relance inévitablement le débat sur le report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans que réfute fermement le député LFI : « C’est le seul référendum que je pourrai appuyer ». Face à cette question épineuse qui divise la majorité et l’opposition, Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement, a même introduit l’idée d’un « pré-referendum » qui légiférerait sur plusieurs thèmes. Si Emmanuel Macron souhaite restaurer le dialogue avec les chefs de partis, y-a-t-il des points de compromis possibles avec le chef d’État ? Pour Manuel Bompard, cela est difficilement envisageable. Parmi les sujets centrales des Réunions de Saint-Denis, le gouvernement souhaite orienter le débat sur l’international, la cohésion nationale et les institutions. « Je n’ai pas l'intention de parler que de ça. Parce que les difficultés auxquelles sont confrontés les Français, les salaires qui sont trop bas, le prix de la vie qui est très haut, les services publics qui sont en très grandes difficultés, le renoncement à l’accès aux soins… Ce sont des questions centrales » martèle notre invité qui dresse un bilan social très préoccupant. À l’Assemblée nationale, les députés bûchent actuellement sur la constitutionnalisation de l’IVG. Une réforme appuyée par Mathilde Panot qui souhaite faire traduire cette proposition de loi sur laquelle elle travaille depuis un an. Néanmoins, Manuel Bombard se dit très pessimiste quant à l’issue de cette réunion qu’il considère comme une opération marketing de l’Élysée : « On est habitué à ces exercices de communication sans lendemain. On a eu le grand débat, la convention citoyenne sur le climat… S’il s’agit de participer à une opération de communication médiatique, qu’il ne compte pas sur nous pour en être les protagonistes » fustige le coordinateur LFI. Ce dernier donnera d’ici demain une feuille de route plus détaillée concernant la contribution du groupe à cette réunion inédite « avec un certain nombre de propositions sur le fond ».
MEDEF : Borne cajole le patronat
À quelques jours de la rentrée scolaire, la facture est salée. Avec une augmentation du prix des fournitures scolaires de plus de 11%, la France Insoumise propose la « gratuité totale de l’école » ce qui représente un effort de 7 milliards d’euros soit 4% de la fortune accumulée par les superprofits l’année dernière. « Je pense qu’on doit consacrer 4% de la fortune des plus riches pour faire en sorte que tous nos élèves puissent étudier dans de bonnes conditions » explique Manuel Bompard. Hier, Élisabeth Borne s’est rendue à la centrale du MEDEF. Et la Première ministre a tenu des propos indicibles pour LFI qualifiant son gouvernement de « pro business ». « Ce que j’observe depuis deux ans, c’est qu’on’’un certain nombre de grands groupes ont accumulé des profits extraordinaires quand dans le même temps vous avez des Français qui tirent la langue parce qu’il n’arrivent à boucler les fins de mois » assène notre invité avant de pointer du doigt les marges indécentes de l’industrie agro-alimentaire qui dépassent les 70% en un an et demi. Face à cette flambée des prix, l’ex député européen appelle à plus de justice élémentaire et d’équité : « Quand des grands groupes s’en mettent plein les poches, il faut les mettre à contribution pour faire en sorte que ce soit moins difficile pour les Français ». Et de relancer le débat sur la taxation des superprofits, premier cheval de bataille de la France Insoumise.
Lundi 28 août 2023, le ministre de l’Éducation Gabriel Attal a annoncé l’interdiction de l’abaya à l’école. Une décision qui pose problème à la France Insoumise pour plusieurs raisons. Pour le parti d’extrême-gauche, cela n’était pas une priorité : « On attendait autre chose pour cette rentrée scolaire […] que d’aller agiter les peurs et les fantasmes sur une tenue qui concerne 0,25% des établissements scolaires » rumine Manuel Bompard avant d’interpeller le gouvernement sur le prix exorbitant des fournitures scolaires, le déficit de recrutement avec 3000 postes vacants et les rémunérations au lance-pierre en deçà de la moyenne de l’OCDE. Pour le député, le port de l’abaya n’est pas une atteinte à la laïcité à laquelle il est très attaché : « Si une relation considère que telle tenue n’est pas un signe religieux, je ne vois pas pourquoi il faudrait l’interdire ». Et de proposer à son groupe parlementaire d’attaquer au conseil d’État cette réglementation, contraire à la Constitution : « Elle est dangereuse, elle est cruelle. Elle va se traduire par des discriminions à l’égard des jeunes femmes de confession musulmane. On a pas besoin de ça ». Une prise de position qui n’est pas partagée par l’ensemble de la NUPES à l’instar de Fabien Roussel, chef de file du Parti Communiste Français, favorable à cette mesure.
Elle avait donné le ton aux universités d’été : Ségolène Royale propose une union de la gauche en son nom pour prendre la tête de liste aux élections européennes. Une hypothèse que n’écarte pas Manuel Bompard, favorable à la nomination d’une tête de liste qui ne fait pas partie des rangs Insoumis : « Nous sommes unionistes, nous voulons la poursuite de la NUPES et notamment qu’elle propose une liste commune aux élections européennes ».
Présenté par : Thomas Sotto, Julia Vignali