Les 4 vérités - Bruno Le Maire

Télématin

Chroniqueur : Thomas Sotto   Ce matin, Thomas Sotto reçoit Bruno Le Maire, ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, dans les 4 vérités.   Mardi 10 janvier, la Première ministre Élisabeth Borne a finalement dévoilé en conférence de presse les contours de la réforme des retraites. Elle prévoit notamment un report progressif de l’âge légal du départ à la retraite à 64 ans d’ici 2030, contre 62 actuellement, mais aussi une durée de cotisation de quarante-trois ans, d’ici 2027, pour avoir une retraite à taux plein. Depuis l’annonce, la Nupes de Jean-Luc Mélenchon, mais aussi le Rassemblement national de Marine Le Pen ainsi que l’ensemble des syndicats crient à l’injustice et entendent faire barrage. « La première justice c’est de garantir le système de retraites par répartition, par solidarité entre les générations. Tous ceux qui disent cela n’ont aucune solution pour combler les déficits, près de 14 milliards en 2027. Ils pratiquent la politique de l’autruche », commente, mercredi 11 janvier, Bruno Le Maire, invité des 4 Vérités sur France 2. « La première justice, c’est de garantir aux générations qui viennent, que comme les générations précédentes, ils auront le droit à une retraite par répartition. Nous proposons donc un compromis : nous garantissons l’équilibre financier et donc la prolongation de la solidarité, en échange, nous acceptons tous de travailler un peu plus longtemps. Il est légitime de faire évoluer le système », ajoute le ministre de l’Économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique. La réforme prévoit également de porter la pension minimale à environ 1 200 euros bruts par mois, pour tous les retraités et qui devrait s’appliquer dès le mois de septembre. « Ce n’est pas seulement pour les nouveaux retraités, mais pour tous les retraités », assure le ministre. « Il n’y a ni brutalité, ni déséquilibre dans ce que nous proposons », précise-t-il. Mais comment le financer ? « L’équilibre financier du régime des retraites sera garanti en 2030 », affirme le ministre qui assure également que « chaque euro cotisé sera dédié au financement du régime des retraites ».   Sur la pénibilité du travail, Élisabeth Borne l’assure : « Il faut prendre en compte l’usure professionnelle liée aux conditions d'exercice de certains métiers ». Ainsi, la cheffe du gouvernement prévoit d’élargir l’accès au compte professionnel de prévention (C2P), qui permet aux salariés exerçant des métiers difficiles de cumuler des points notamment pour un départ à la retraite anticipée. Par ailleurs, un "suivi médical renforcé" sera proposé aux salariés exposés à des risques ergonomiques, à partir de la mi-carrière. « Si on veut un modèle social qui reste protecteur, il faut améliorer le système du soin, c’est ce qu’a proposé le président de la République, et puis il faut des avancées très concrètes pour la vie quotidienne et pour la vie de nos compatriotes », réagit Bruno Le Maire.   Faut-il aller chercher l’argent « ailleurs » ?   Pour éviter un allongement de la durée de travail, Fabien Roussel propose notamment une redistribution des dividendes des grandes entreprises. François Bayrou propose, lui, d’augmenter les cotisations patronales. « Tout ce qui peut dégrader la capacité de réussir des entreprises, c’est-à-dire d’atteindre l’objectif de plein emploi, ne va pas dans la bonne direction », estime Bruno Le Maire.   Alors qu’une grande partie des plus de 55 ans ne parvient aujourd’hui plus à trouver un travail, que le chômage explose chez les 60/64 ans, le gouvernement propose un index senior pour contraindre les entreprises. « Tout ce qui permettra d’augmenter le taux d’emploi des plus de 55 ans ira dans la bonne direction. Toutes les mesures peuvent être envisagées. Cela doit être un objectif essentiel », assure Bruno Le Maire qui espère atteindre 70% de taux d’emploi chez les plus de 55 ans dans les prochaines années.   Face aux nombreuses oppositions et ne disposant que d’une majorité relative au Parlement, le gouvernement envisage-t-il de dégainer une nouvelle fois le 49.3 ? « Je regretterai que nous ne parvenions pas à construire une majorité qui est à portée de main », souligne Bruno Le Maire qui tend la main au parti Les Républicains. Tous les syndicats appellent de leur côté à la grève dès le 19 janvier. Ils dénoncent la « brutalité » de cette réforme. « C’est important de continuer à dialoguer. (…) Je souhaite que chacun s’exprime avec honnêteté, en regardant les vraies avancées de justice de ce projet », répond le ministre qui assure : le gouvernement « ira jusqu’au bout ».