Les 4 vérités - Emmanuelle Wargon

Télématin

Chroniqueur : Thomas Sotto   Ce matin, Thomas Sotto reçoit Emmanuelle Wargon, présidente de la commission de régulation de l’énergie, dans les 4 vérités.   La France et l’Europe traversent actuellement une véritable crise énergétique. Face au risque de pénurie, mais aussi à l’envolée des prix, l’inquiétude monte. « On est encore dans une période de grande vigilance », assure Emmanuelle Wargon, la présidente de la commission de régulation de l’énergie, invitée des 4 Vérités, jeudi 24 novembre 2022, sur France 2. « Tout devrait bien se passer en novembre et en décembre. Mais on ne peut rien exclure en janvier ou février. D’où la très grande vigilance », précise-t-elle. Pour l’heure, près de la moitié des réacteurs nucléaires français sont à l’arrêt (24 sur 56). Selon le calendrier EDF, ces réacteurs devraient progressivement reprendre du service entre décembre et février. « EDF a déjà décalé son planning public plusieurs fois, car, dans la réalité, des travaux peuvent se décaler légèrement. Si on a des nouveaux décalages, se sera plus tendu », souligne Emmanuelle Wargon, appelant à la vigilance et à la mobilisation collective. « Si nous sommes tous mobilisés, nous avons une chance que cela se passe bien. Mais on ne peut pas exclure la nécessité d’avoir des délestages, c’est-à-dire des coupures ciblées », annonce-t-elle, excluant néanmoins tout risque de « black-out ». Le principe de ces coupures ciblées ? L’électricité est coupée dans certaines zones géographiques tournantes de 200 000 habitants, deux heures maximums. « Chaque préfet identifie avec les élus locaux et gestionnaires de réseaux, les zones dans lesquelles on ne peut pas couper, car il y a des hôpitaux ou un centre stratégique, etc. Tout est préparé de façon très fine ». Autre sujet d’inquiétude, les stocks de gaz. « On n’est pas inquiet sur le gaz. Il n’y a pas de raison que l’on ait des difficultés cet hiver », assure Emmanuelle Wargon.   Pour pallier la flambée des prix, le gouvernement français a mis en place un bouclier tarifaire qui plafonne l’inflation à 15% sur le gaz et l’électricité à partir du 1er janvier. Pour l’électricité, il restera valable toute l’année 2023, en revanche pour le gaz ça s’arrête en juin. « Si on ne le faisait pas on serait à 120% supplémentaires. C’est un énorme effort. Il est couplé avec un chèque énergie exceptionnel pour environ 12 millions de Français. Pour aider plus ceux qui ont moins de moyens », explique Emmanuelle Wargon. Concernant la prolongation du bouclier tarifaire sur le gaz, la décision sera prise à l’été par le gouvernement « en fonction de l’évolution des prix du gaz ».   Certaines entreprises doivent aujourd’hui faire face à l’envolée de leur facture énergétique. « Le conseil pour les entreprises, c’est de signer leur contrat maintenant, au moins pour 2023, c’est aussi le moment où c’est le plus avantageux pour elles », explique Emmanuelle Wargon. « Nous faisons un suivi avec tous les fournisseurs. On participe aux cellules de crise avec Bercy et on publie toutes les semaines des prix de référence pour les aider à se retrouver », assure-t-elle.   Alors que le nouveau patron d’EDF, dont l’Etat sera bientôt actionnaire à 100%, doit prendre ses fonctions, ce jeudi 24 novembre, Emmanuelle Wargon rappelle l’urgence sur le nucléaire et de repenser les modèles de régulation.