Les 4 vérités - Julien Bayou
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Chroniqueur : Guillaume Daret
Guillaume Daret reçoit Julien Bayou, député et coprésident du groupe Écologiste à l'Assemblée nationale, dans Les 4 vérités.
De retour à Paris après sa tournée européenne, Emmanuel Macron va désormais s’attaquer à la constitution du nouveau gouvernement avec Élisabeth Borne. Face à une Assemblée multipartite, la politique du compromis ne fait que commencer. Le président de la République et sa Première ministre devront faire le point sur les accords éventuels décrochés avec certains partis et surtout amorcer la question du remaniement. Trois ministres doivent céder leur place faute de voix aux législatives et une pour avoir été nommée à la présidence de l’Assemblée. Peut-il y avoir un écologiste dans ce nouveau gouvernement ? « L’enjeu c’est quel gouvernement ? On ne sait pas très bien […] ce gouvernement ne répond pas aux urgences, attent et tergiverse » assène Julien Bayou, coprésident du groupe écologiste à l’Assemblée. Sur les bancs de l’opposition, tous attendent la politique générale d’Élisabeth Borne qui n’a émis pour le moment aucun indice. Parmi les ministres sortants qui composaient le gouvernement Borne, la ministre de la Transition Écologique, Amélie de Montchalin, « ne va pas être regrettée puisqu’elle n’a rien fait », fustige notre invité. Le Haut Conseil pour le climat a récemment dénoncé l’inaction de la politique française face au réchauffement climatique de plus en plus pressant : « La France a même été condamnée pour inaction climatique. Face à un tel manque d’ambition, nous n’attendons rien de ce gouvernement ». Pour pallier cette fragilité de la politique environnementale, Julien Bayou compte bien faire entendre les quelques sièges d’EELV à l’Assemblée nationale : « Nous allons poser des propositions ambitieuses et nous verrons comment le gouvernement va se positionner ».
Alors que Damien Abad fait l’objet d’une enquête pour tentative de viol, rien ne dit que le ministre des Solidarités ne fera pas partie de ce gouvernement. Depuis le début de l’affaire, Emmanuel Macron invoque la présomption d’innocence pour justifier la nomination de son ministre, pourtant accusé d’un crime pénal. Cette nouvelle enquête va-t-elle précipiter le départ de Damien Abad et servir d’exemple ? « Il y a la présomption d’innocence pour tout le monde et puis il y a le devoir d’exemplarité des ministres. Je fais vraiment le distinguo » explique le député avant de retoquer le gouvernement sur le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti, « mis en examen ». « Le plus simple c’est qu’il se mette en retrait, qu’il démissionne, que la justice puisse faire son travail et qu’ensuite on avise sur sa situation » affirme notre invité.
Élisabeth Borne : pourquoi un vote de confiance ?
Mercredi prochain, Élisabeth Borne prononcera son discours de politique générale à l’Assemblée nationale. Pratiquement tous les membres de l’opposition appellent la Première ministre à engager un vote de confiance. Pourtant rien ne l’y oblige. Élisabeth Borne va-t-elle se soustraire à la coutume ? « Il y a besoin d’un cadre et d’un discours de politique générale » pour clarifier la stratégie et les mesures prioritaires, à commencer par la retraite à 65 ans, l’augmentation des salaires et la rénovation thermique, sujets sur lesquels l’opposition, dont EELV, comptent bien s’emparer.
Hier, le député LFI Éric Coquerel, a été élu à la tête de la commission des Finances, un titre que convoitait de très près le Rassemblement national. Aujourd’hui, le parti d’extrême droite crie au scandale estimant que ce poste leur revenait de droit en tant que « premier parti » d’opposition à l’Assemblée. « Le Rassemblement national crie au scandale parce qu’on va peut-être lutter contre l’évasion fiscale » rétorque Julien Bayou. À gauche, cette commission des Finances va être un moyen de contrôler l’exemplarité fiscale des multinationales : « Elle va permettre de démonter ces montages qui ont vocation à tromper l’impôt. C’est le cas d’Euro Disney, de Starbucks […] trop d’entreprises ne payent pas leur juste part, quand les artisans, les PME tirent la langue ».
La loi sur le pouvoir d’achat fait partie des premiers dossiers soumis à l’Assemblée. Elle prévoit l’augmentation de 4% des prestations sociales indexées sur l’inflation, une revalorisation des APL et une aide alimentaire de 100€ pour les neufs millions de foyers les plus précaires. Les écologistes sont-ils favorables à ce texte ? « C’est trop peu, trop tard […] nous soutiendrons tout ce qui va dans le bon sens, mais ce gouvernement n’a rien anticipé » conclut Julien Bayou qui souhaite aller « beaucoup plus loin » avec une proposition « d’augmentation du SMIC à 1500 euros net, le dégel du poids d’indice pour rattraper l’inflation et l’autonomie de la jeunesse ».
Présenté par : Damien Thévenot, Maya Lauqué