Les 4 vérités - Mathieu Laine
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Chroniqueuse : Caroline Roux
Ami d’Emmanuel Macron, Mathieu Laine est un libéral et un entrepreneur. Il s’est exprimé à plusieurs reprises dans les médias et utilisait l’expression « d’État Nounou » pour qualifier la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement. Il signe un essai intitulé « L’infantilisation » aux éditions Presses de la Cité et répond aux questions de Caroline Roux dans les 4 vérités.
Idéologie : « même pour les plus libéraux, face à une épidémie, l’État doit intervenir »
Entrepreneur, essayiste, professeur à Sciences Po, Mathieu Laine a plus d’une corde à son arc. Proche d’Emmanuel Macron, il déclare « que, même pour les plus libéraux, face à une épidémie, l’État doit intervenir ». Le directeur de la société de conseil Altermind poursuit : « Il faut freiner un certain nombre de libertés pour pouvoir freiner un virus. Je ne remets pas ça en cause. Ce que j’identifie, c’est qu’il y a eu des excès dans ces atteintes à la liberté », comme « le fait que nous ayons eu un ‘bon de sortie’ comme au lycée pour sortir de chez soi » ou encore « le fait qu’on ait dû bâcher les biens, supposément non essentiels » », explique l’ancien avocat d’affaires.
En parallèle à cela et alors que le Premier ministre doit s’exprimer en fin de journée, un sondage révèle ce matin qu’un Français sur deux serait favorable à un reconfinement total. Pour Mathieu Laine « cela à avoir avec ce mécanisme de l’infantilisation ». « Plus vous parlez aux gens comme si c’étaient des enfants, (…), plus ils perdent l’habitude d’être en liberté. Je pense que ce désir de nous mettre sous cloche pour nous protéger contre tout est un danger potentiel, au-delà de la pandémie ». L’essayiste déclare « avoir beaucoup aimé quand le président de la République s’est émancipé d’un certain nombre de recommandations ». « Une décision politique ne peut pas être le fruit uniquement des médecins. (…) On ne peut pas donner les clés du camion aux médecins. Il faut les écouter, bien entendu », ajoute-t-il.
Mais alors, à quel moment doit-on décider ? La question de l’arbitrage est posée. « C’est dur », s’exclame Mathieu Laine qui confie avoir « une immense empathie » pour le président de la République. Cela est d'autant plus difficile que la crise sanitaire mondiale perdure. « Si cette pandémie se prolonge longtemps, et c’est possible ; Singapour a parlé de deux ans ou cinq ans ; il est possible, qu’à un moment, il faille laisser un peu plus de libertés. Il y a un moment où ce n’est plus possible. Ça ne veut pas dire qu’on va laisser mourir les gens. Mais il faut trouver le dosage pour continuer à vivre », étaye l’entrepreneur.
L’État nounou : le risque de l’autoritarisme
Pour Mathieu Laine, « si cette crise avait été gérée par un autre dirigeant de la droite, de la gauche ou du centre, les excès auraient été les mêmes. Ça veut bien dire que ce n’est pas lié aux gens, mais à un système ».
Le directeur de la société de conseil Altermind raconte que « c’est le principe de précaution qui devient une idéologie ». « En faisant cela, le politique a envie de satisfaire les électeurs, et donc, il promet de la protection, mais il déçoit à la fin. Et vous avez des concurrents qui disent « je vais vous en mettre plus ». Dans cette spirale de la protection supplémentaire, cela nous met sur un chemin de servitude. C’est vraiment dangereux et à la fin, on va finir par voter pour des gens qui vont vraiment tout fermer et on va basculer dans l’autoritarisme aussi parce que cela sera la promesse d’efficacité », alerte-t-il.
Mathieu Laine cite le philosophe Alexis de Tocqueville qui disait : « On arrive au despotisme par la violence ou l’habitude ». Selon l’essayiste, « nous sommes depuis des décennies, pour notre bien, en train de nous habituer, sans s’en rendre compte, à abandonner nos libertés. Et si nous allons vers l’autoritarisme par souci d’efficacité, je crains que nous n’ayons pas de très jolies vies. Il va falloir qu’à la présidentielle, ce débat soit au centre. Comment est-ce qu’on peut réconcilier liberté et efficacité ? »
Présenté par : Laurent Bignolas