Les 4 vérités - Laurence Rossignol
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Chroniqueuse : Caroline Roux
Caroline Roux reçoit Laurence Rossignol, sénatrice PS et ancienne ministre de la Famille, de l'Enfance et des Droits des femmes.
Camille Kouchner, fille de l’ancien ministre Bernard Kouchner, publie un livre « La familia grande », dans lequel elle fait état de viols et attouchements que son frère lui a confié avoir subi. Il est victime alors de son beau-père, Olivier Duhamel. Cette parole se libère alors que les faits sont prescrits.
Inceste et crimes sexuels sur mineurs : « ouvrir les portes » des familles
Laurence Rossignol, ancienne ministre de la Famille, de l'Enfance et des Droits des femmes, estime que cette affaire relance la question « du traitement sociologique de l’inceste, c’est-à-dire que ce que l’on observe d’abord c’est le silence. »
Selon la sénatrice PS, l’idée que la famille est un lieu de protection « alors qu’elle est le premier lieu de danger pour les enfants » est encore répandue. « C’est l’idée que c’est une institution, un peu comme l’Église, qu’il faut protéger de la critique, qu’il ne faut pas fragiliser, donc le silence plombe la vie des victimes durablement et puis il empêche la justice de travailler. Quand les faits arrivent devant la justice c’est très tardif. »
La prescription des crimes sexuels commis sur des mineurs a été allongée en 2018 à 30 ans à partir de la majorité de la victime. Désormais la question du principe même de prescriptibilité se pose.
Une proposition de loi déposée par la sénatrice de Vendée, Annick Billon, vise à interdire toute relation sexuelle entre une personne majeure et un mineur de moins de 13 ans. Laurence Rossignol soutient cette proposition, mais affirme qu’il faudrait encore augmenter l’âge en dessous duquel une relation sexuelle ne peut être librement consentie.
« A 14 ans on n’est pas encore un adulte suffisamment mûr et émancipé de l’emprise des adultes autour pour choisir une relation sexuelle avec un adulte, donc pour moi le bon âge c’est 15 ans. D’ailleurs dans les faits qui nous sont livrés par Camille Kouchner son frère à 14 ans, donc avec une protection de 13 ans il ne serait pas concerné. »
L’inceste est inscrit dans le code pénal seulement en 2016 comme une circonstance aggravante du crime sexuel. « Pénalement ça a du sens, le crime est encore plus lourd, encore plus fort quand il s’agit de quelqu’un qui a un ascendant sur l’enfant », affirme Laurence Rossignol. « Je crois qu’on va avancer dans les mois qui viennent avec plusieurs propositions de loi à l’Assemblée qui vont nous permettre de mieux cibler la protection dans les familles. »
Une commission indépendante sur les violences sexuelles sur mineurs a été créée. Elle doit notamment se saisir de la question de l’inceste. « C’est bien, réagit l’ancienne ministre de la Famille, de l'Enfance et des Droits des femmes. C’est la même commission que pour l’Église. Avec la famille ce sont deux institutions qui se protègent donc il faut les obliger à ouvrir les portes. »
Vaccination : une société responsable dans l'attente d'un gouvernement responsable
« La société est prête à tendre son épaule pour être protégé contre le Covid. La question de l’acceptabilité est posée depuis le mois de mars et je trouve que la société se comporte très bien. J’observe qu’en France il n’y a pas eu de grands mouvements contre le confinement. Les gens sont très responsables et ils aimeraient bien que le gouvernement soit aussi responsable qu’ils le sont eux-mêmes. »
La logistique ne suit pas selon Laurence Rossignol. « On a toujours que des demi-vérités, on ne sait jamais véritablement où on en est ». Et d’affirmer que la vaccination a très mal débuté. « On a vacciné Mauricette pendant toute une journée, tant mieux pour elle, mais ce n’est pas cela qui rassure les Français ».
Il faut d’ores et déjà se préparer à la suite et à l’après crise. « Emmanuel Macron a dit qu’on était en guerre contre le virus, je ne sais pas si l’image est bonne, mais en tout cas à la fin de la crise sanitaire on aura un pays qui aura souffert comme un pays en guerre. »
« L'Engagement » aux côtés d'Arnaud Montebourg pour 2022
Laurence Rossignol se lance aux côtés d’Arnaud Montebourg dans le mouvement l’Engagement, qui vise à soutenir la candidature de l’ancien ministre socialiste à la présidentielle de 2022.
« J’observe que depuis une quinzaine d’années c’est un homme politique qui a de la cohérence, qui a une pensée, qui a structuré sa pensée autour d’un diagnostic en particulier de la mondialisation, la crise démocratique, que ce soit à travers l’analyse qu’il faisait de la cinquième République et du déficit démocratique qu’elle produisait ou à travers la fragilité que la mondialisation avait infligé à la France »
Il n’a pas été démenti par les faits. « Aujourd’hui la démondialisation a commencé. La crise sanitaire nous a amené à réfléchir à notre dépendance ». Mais, la sénatrice PS affirme qu’il faut penser ce mouvement : « si l’on subit la démondialisation comme on a subi la mondialisation il n’y a rien de positif qui se propage. »
A propos de l’union de la gauche, Laurence Rossignol est critique. « Elle n’est pas suffisante » et « il faut offrir aux Français un projet, une vision de la France qui puisse permettre de débloquer le pays ». Arnaud Montebourg n’est pas encore officiellement candidat. Avant cela « il faut que ce qu’il vérifie auprès des Français que ce qu’il a à proposer est possible ».
Anne Hidalgo porte aussi « une stratégie avec la gauche ». Chacun doit faire son chemin avant une potentielle candidature commune où « chacun bénéficie des apports de l’autre » : « Je n’imagine pas qu’on puisse encore être totalement divisés ».
Présenté par : Thierry Beccaro