Les 4 vérités - Brigitte Autran
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Chroniqueuse : Caroline Roux
Le Royaume-Uni est le premier pays à avoir donné le feu vert à la campagne de vaccination contre la Covid-19. Après une semaine, plus de 150 000 doses ont été injectées. La France et l’Europe, quant à elles, accélèrent les procédures.
Campagne de vaccination : « on avance vite et prudemment »
Ne faut-il pas confondre vitesse et précipitation ? À cette question, Brigitte Autran, membre du Comité Scientifique sur les vaccins Covid-19 et professeure émérite d'immunologie à la Sorbonne Université, y répond simplement : « On ne peut pas nous accuser d’aller trop vite et en même temps d’aller trop lentement. La semaine dernière, on nous disait "vous êtes en retard par rapport aux États-Unis et à l’Angleterre". Non, c’est bien, on avance vite et prudemment. » La médecin assure « qu’on avance vite parce que nous avons de plus en plus d’informations rassurantes ». « Les articles scientifiques sortent les uns après les autres avec de bonnes nouvelles. La persistance aux anticorps, la bonne sécurité des médicaments, des vaccins… Et donc ça, c’est vraiment rassurant. (…) Il n’y a pas de raisons d’attendre. L’épidémie est là. Les autres ont commencé et on doit commencer aussi », poursuit-elle.
Encore la semaine dernière, le professeur Éric Caumes disait qu’il fallait « avancer doucement » et qu’on « n’avait pas encore suffisamment d’informations sur ces vaccins de nouvelle génération ». Brigitte Autran « n’est pas tout à fait de cet avis puisque les articles existent ». « Ils sont déjà sortis la semaine dernière. (…) C’est vrai que c’est la première fois qu’il y a cette génération nouvelle de vaccin qui apparaît, mais pour l’instant, tous les signaux sont au vert et très rassurant », affirme-t-elle.
Une fois que l’agence européenne du médicament dira « oui », un aval des autorités françaises ainsi que la mise en place des recommandations vaccinales définitives seront nécessaires afin de commencer la campagne de vaccination. Les premiers candidats à pouvoir se faire vacciner seront les personnes âgées et à haut risque. Cependant, ces derniers ont le sentiment d’être des cobayes. La professeure est catégorique : « Non, ce ne sont pas des cobayes. Les cobayes, ce sont ceux qui ont participé aux essais cliniques ». Elle confirme également qu’il y aura un suivi de pharmaco-vigilance. « C’est une obligation légale pour tout nouveau médicament, pour tout nouveau vaccin », précise-t-elle.
Vaccins : seront-ils vraiment efficaces ?
Alors qu’il semblerait que tous les pays adoptent le même protocole en vaccinant les personnes âgées en premier, certains experts américains s’opposent à cette procédure. Selon eux, « en raison d’une faible réponse immunitaire » et « d’accidents de santé qui pourraient être attribués à tort au vaccin » un discrédit pourrait être jeté sur le vaccin. Brigitte Autran confirme : « Ces deux arguments sont recevables. C’est très compliqué de finaliser la réponse car, effectivement, ce sont les personnes les plus âgées qui sont les plus atteintes par cette maladie. Donc, on a envie de les protéger. Mais comme toujours, leur système immunitaire est vieillissant, c’est vrai qu’ils vont moins bien y répondre. Et c’est vrai que de manière générale, malheureusement, les accidents de santé surviennent chez eux. (..) Nous demandons que, peut-être, soit fusionnés les deux premières tranches de la population à vacciner. »
Si un individu se fait vacciner, il « pourrait reprendre une vie normale ente 4 à 6 semaines après l’injection de la première dose de vaccin », explique la membre du Comité Scientifique sur les vaccins Covid-19. Cependant, cette dernière alerte sur une point bien en particulier. « Nous ne savons pas encore si nous sommes protégés contre l’infection et la transmission. Ce que nous savons, c’est que nous serons protégés contre la maladie ». Concrètement, cela veut dire que nous pourrions contracter la Covid-19, ne pas la développer tout en la transmettant. « Nous attendons encore les informations qui nous dirons si oui ou non nous serons protégés contre l’infection et la transmission ». Cela attire encore plus l’attention alors qu’une mutation du virus a été observée en Angleterre. « Il semble que ce nouveau variant n’échappe pas au vaccin. (…) Il va falloir surveiller de manière très très étroite », alerte la médecin.
Finalement, Brigitte Autran ajoute que ce « n’est pas une vaccination de masse tout de suite ». En effet, la France a commandé près de 200 millions de doses, mais les vaccins arrivent au compte goutte ». Les premiers effets dans la société devraient se ressentir « à la fin du premier trimestre 2021 probablement. »