Les 4 vérités - Pierre Moscovici
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Chroniqueuse : Caroline Roux
Cette phrase résonne encore dans les esprits de tous les Français. Le 12 mars dernier, lors de sa première allocution officielle en temps de Covid, Emmanuel Macron tentait de rassurer la France en disant qu’il ferait tout pour sauver le pays « quoi qu’il en coûte. » L’heure est maintenant aux premiers bilans, mais aussi et déjà à des prévisions sur les années à venir. Pierre Moscovici, Premier président de la Cour des comptes s’exprime.
Dette sanitaire : report, allègement ou annulation ?
La première des questions que nous pouvons être amenés à nous poser serait de savoir à quoi peut bien servir la Cour des comptes dans une aire de « quoi qu’il en coûte. » Son Premier président, Pierre Moscovici répond que « ça sert justement à rappeler qu’il y a quand même quelques bases. Plus on dépense, mieux on doit dépenser. Il faut insister beaucoup sur la qualité de la dépense et aussi sur la soutenabilité de la dette. »
L’ancien ministre de l’Économie et des Finances explique « qu’une dette, ça peut s’alléger, ça peut s’allonger, ça peut se gérer, mais à la fin, ça se rembourse toujours. » Il poursuit : « Ce sont nos enfants qui là, sont concernés. La Cour des comptes, plus que jamais, c’est une vigie qui est là pour éclairer le débat public. »
Pour Arnaud Montebourg et Jean-Luc Mélenchon, on ne devrait pas avoir à rembourser cette dette car cette dernière est la conséquence directe d’une situation d’urgence, avec aucun responsable direct. Le gouvernement a tout simplement dû faire face à une crise sanitaire et économique mondiale. Pour l’ancien député, « cela ne lui paraît pas sérieux. » « Cette thèse-là, la possibilité d’annuler la dette, est une thèse qui fait régner une illusion. Encore une fois, nous sommes dans un ensemble qui s’appelle l'Union européenne. Espérer que la Banque centrale européenne, d’un coup de baguette magique, va effacer sa dette, c’est contraire à ses traités. C’est contraire à sa doctrine. (…) Si vous annulez une dette, vous spoilez l’épargnant. »
Mardi 15 décembre, la Cour des comptes a remis un rapport. Ce dernier montre que les collectivités sont inégalement impactés. Ce sont les départements qui sont le plus exposés à une dégradation de leur situation financière. L’ancien ministre de l’Économie affirme que cela est normal. « Elles ont fait des dépenses pour venir en aide à leurs concitoyens. Elles ont été au rendez-vous. (…) En effet, ce sont les départements les plus impactés. Pourquoi ? Parce que les dépenses de RSA ont cru de 6,5%, parce que les aides aux établissements sociaux ont augmenté face à la détresse. Mais ils peuvent faire face. Le choix de faire ou pas des impôts et un choix politique qui appartient à ceux qui sont en charge de ces collectivités. » Cependant, Pierre Moscovici ajoute « qu’il y a aussi une responsabilité de l’État qui a stabilisé leur situation. » « Ce dont les collectivités ont besoin, donc les citoyens, c’est une prévisibilité. C’est la raison pour laquelle la Cour des comptes demande qu’il y ait une loi de programmation des finances publiques. »
Présidentielle 2022 : la dette publique au cœur des débats
« Je pense que la dette publique sera un sujet très important de la campagne présidentielle de 2022, tout simplement parce qu’il faudra éclairer la trajectoire des dépenses publiques, » atteste Pierre Moscovici.
La dette publique de la France atteint 120% du PIB aujourd’hui. Or, le Premier président de la Cour des comptes n’est pas « choqué » de ce chiffre. « On peut la rembourser, justement parce que les taux d’intérêts sont bas et que la situation de la France est bonne. C’est pour cela qu’il faut déjà prévoir comment, après la crise, on retrouve une bonne trajectoire de dette publique. (…) Il ne faut pas, en cette période-ci, prôner en quoi que ce soit l’austérité. Il faut des mesures exceptionnelles. La santé avant tout, le soutien à l’économie. (…) C’est la qualité de la dépense publique. Il faut voir si la dépense et utile, efficace et performante. »
Afin de contribuer au plan de relance du pays, le ministre de l’Économie, Bruno le Maire, met en garde et annonce déjà d’éventuelles réformes de structures. Son prédécesseur confirme cette idée car selon lui, « une réforme structurelle, c’est ce qui permet de préparer l’avenir, celle qui accroît le capital humain, l’investissement, l’éducation. » Pour le reste, il déclare que « ce sont des choix politiques auxquels il ne se mêle pas. » Pierre Moscovici ajoute qu’il est « contre l’austérité». « C’est ce qui appauvrit la puissance publique et c’est ce qui affecte le citoyen. Nous allons vivre longtemps avec une dette publique élevée. (…) Nous ne sommes plus dans le même univers qu’avant et la Cour des comptes aussi. » Cependant, il va quand même falloir faire des efforts. « Cette dette publique, on ne peut pas éternellement la faire rouler. Donc il va falloir la traiter. Comment ? La croissance, la qualité des dépenses publiques et le débat fiscal sera là aussi, même si on sait que je suis plutôt hostile à la hausse des prélèvements obligatoires dans une situation où nous en avons déjà beaucoup », confie-t-il.