Les 4 vérités - Delphine Batho
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Chroniqueuse : Caroline Roux
Des tensions se cristallisent entre Emmanuel Macron et la Convention citoyenne pour le climat : le président est revenu sur sa parole de garder 146 des 149 propositions pour la sauvegarde de l’environnement, la pandémie aurait changé la donne. Delphine Batho, présidente de Génération écologie est l’invitée des 4 vérités.
Le début des campagnes de vaccination
« On n’en peut plus d’être obligés d’être confinés, de se demander si on peut voir les grands-parents à Noël, (…) donc le vaccin est une solution » constate Delphine Batho, présidente de Génération Écologie. Les agences de santé européennes sont sur le point de donner le feu vert à l’utilisation globale d’un vaccin contre la Covid et nombreux sont ceux qui partagent leur inquiétude. Delphine Batho a confiance : « il y aura une vigilance par rapport au fait qu’on ne maîtrise pas tout » assure cependant la présidente de Génération Écologie. Elle constate que face à une impasse, peu d’options sont envisageables et ajoute :« On n’a pas le choix, (…) il n’y a pas d’immunité collective. Tant que ce vaccin n’est pas là, on doit continuer de faire preuve de civisme ». Les personnes âgées notamment en Ehpad seront les premières à bénéficier du vaccin.
Des fêtes sauvages en rébellion aux mesures du gouvernement
Des fêtes sauvages ont été organisées à Marseille ce samedi 12 décembre 2020 réunissant plus de 300 personnes, en totale contradiction avec les mesures sanitaires. Comment agir vis-à-vis de ces événements, faut-il faire preuve de sévérité ? « Il faut sans doute chercher à convaincre, à ne pas infantiliser » recommande Delphine Batho. Elle pointe également du doigt la responsabilité de chacun tout en rappelant que l’on meurt toujours du Covid en France.
Un mépris pour le travail de la Convention citoyenne
« Je ne veux pas dire que, parce que les 150 citoyens ont écrit un truc, que c’est la bible ou le coran » a affirmé Emmanuel Macron lors de son interview face aux journalistes de Brut vendredi 4 décembre 2020. Le président semble remettre en question la mission de la Convention citoyenne.
« La première chose qu’on peut attendre d’un président de la République, c’est du respect, il n’y a aucune raison d’être aussi cassant et aussi méprisant » affirme Delphine Batho.
« 150 citoyens ont été tirés au sort et ont travaillé pendant des mois, pour produire un travail sérieux » clarifie Delphine Batho. Elle explique qu’il ne s’agit pas d’« un truc » mais d’un travail « sur la manière dont on doit prendre des décisions aujourd’hui pour lutter contre le changement climatique ».
Elle revient sur les propos du président de la République : « J’ai déjà vu le chef de l’État faire preuve de plus de diplomatie, par exemple à l’égard de dictateurs » précise-t-elle. Delphine Batho insiste sur le fait que les membres de la Convention citoyenne ne sont pas des adversaires politiques et condamne donc l’attitude vindicative du président. Elle regrette que le président considère l’écologie comme un terrain de manœuvres politiciennes, et accuse Emmanuel Macron de s’être dérobé de ses responsabilités. Quant à l’alternative d’un référendum, Delphine Batho affirme « il y aura zéro débat de fond sur l’écologie, il y aura pour ou contre Macron, à moins d’un an de la présidentielle, cela pose un problème démocratique. ».
Un projet de loi déjà en préparation
L’exécutif de son côté assure avoir tenu compte des propositions du conseil citoyen : 40 % des mesures sont retranscrites dans un projet de loi comme l’interdiction des terrasses chauffées. La majorité salue le travail effectué sur le climat.
« Le gouvernement vient de décider de remettre de l’argent public dans la construction de nouvelles centrales à énergie fossile jusqu’en 2035, chose qui est en contradiction avec l’une des propositions de la Convention citoyenne, sans déterminer de véritables conditions écologiques. La pandémie a fait voler en éclat les carcans budgétaires, on a aujourd’hui une opportunité historique, c’est malheureux à dire, en mettant à l’arrêt bien des activités, donc on a des marges de manœuvre pour transformer notre société, notre économie qui n’ont jamais existé et on est en train de passer à côté. » poursuit Delphine Batho.
L’impact du Covid sur le climat
Après deux confinements, le ralentissement de l’économie, la baisse des émissions de gaz à effet de serre a été modeste et la concentration de CO2 dans l’atmosphère n’a jamais été aussi importante. Contrairement aux idées reçues, l’arrêt de l’économie n’a pas suffi. Delphine Batho n’hésite pas à faire un parallèle entre les climato-sceptiques et le scepticisme qu’avait provoqué la parole des scientifiques au début de la crise : « Il y a une urgence à ce que chaque décision prise chaque jour soit respectueuse d’une règle d’or climatique ». L’écologiste attend du rendez-vous de ce lundi 14 décembre avec le président de la République un engagement pour ce qui est décidé aujourd’hui.
Boris Johnson a affirmé que le Royaume-Uni ne soutiendrait plus de projets d’énergies fossiles. Un accord européen a été pris ce week-end avec la promesse de réduction de 55 % de gaz à effet de serre d’ici à 2030. « Le problème c’est l’écart qu’il y a entre l’inaction et des promesses d’engagement qui sont toujours reportées à plus tard » regrette l'écologiste. Le green deal est un point positif pour Delphine Batho: « toute avancée est bonne à prendre mais doit être à la hauteur de ce qu'affirment les scientifiques au sujet des changements climatiques. »