Les 4 vérités - Axel Kahn
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Chroniqueuse : Caroline Roux
Caroline Roux reçoit Axel Kahn, médecin généticien et président de la Ligue nationale contre le cancer
L’annonce faite mardi 10 novembre dernier par le laboratoire américain Pfizer et allemand BioNTech, a donné une bouffée d’espoir au monde entier y compris au généticien Axel Kahn qui revient sur cette avancée.
Covid-19 : un vaccin nouvelle génération
« Je vais vous faire une confidence, il ne sera sans doute pas le premier vaccin mis sur le marché. Les deux premiers sont deux vaccins chinois. (…) Ils vont commencer à faire l’objet de campagne de vaccination massive. L’un aux Émirats-Arabes-Unis et l’autre au Maroc. Ce sont des vaccins old-fashioned, c’est-à-dire, des virus inactivés. (…) À priori, il n’y a pas beaucoup de soucis » déclare Axel Kahn.
« On ne sait pas si ce vaccin va provoquer une immunité à la fois par les anticorps ou encore par les cellules. (…) On ne sait pas s’il faudra revacciner tous les ans comme pour la grippe. (…) Mais cela va casser, sans doute, la courbe de progression permanente qu’on observe aujourd’hui, » ajoute-t-il.
Concernant l’idée de rendre la vaccination obligatoire, Axel Kahn est sans appel : « Je crois que c’est une mauvaise idée. J’aimerais bien que tous les Français se fassent vacciner. Mais il y a une telle opposition aux vaccins aujourd’hui en France. Il y a une telle propension à se dresser contre n’importe quelle injonction de cet ordre dans l’atmosphère actuelle. »
Deuxième vague : la désolation
Alors que plus de 1200 décès du coronavirus ont été comptabilisés en 24h, les hôpitaux, submergés, ont déjà commencé à déprogrammer des interventions. Le président de la Ligue nationale est « désespéré de ce point de vue-là. » « On s’est laissé complètement surprendre naturellement par la première vague, on ne peut s’en prendre à personne. Cette épidémie nous est tombée dessus comme une calamité. Mais on savait qu’elle reviendrait. Et l’idée était, quand elle reviendra, de soigner la Covid, mais continuer de soigner les autres maladies, surtout celles qui sont plus graves et plus nombreuses de la Covid et c’est le cas du cancer. »
« Aujourd’hui, je peux vous affirmer qu’il y aura dans les cinq ans qui viennent des milliers de personnes qui mourront du cancer, qui n’auraient pas dû en mourir, comme effet collatéral de la Covid, » déclare-t-il.
Le généticien cite un article d’une « grande revue britannique », cette dernière indiquerait que ‘par mois de retard au diagnostic, il y aurait une aggravation du pronostique entre 6 et 12%.’ « Le prix à payer par les personnes malades du cancer va être redoutable, » dit-il avant de poursuivre : « À la Ligue, nous sommes un peu mécontents. (…) Ce qu’il fallait faire, c’est essayer de protéger totalement des circuits de soin, des centres de soins, à l’écart des centres où on accueillait des personnes atteintes de la Covid et où on pouvait continuer de traiter les cancers. (…) Des gens ont vu leur intervention pour la deuxième fois repoussée. »
Pénurie de médicaments : « Des pertes de vie »
L’UFC-Que choisir met en cause les laboratoires dans un rapport. L’association de consommateurs atteste que ces derniers « ne sont pas à la hauteur des enjeux sanitaires en raison de leur avidité. Le nombre de ruptures de stocks sur certains médicaments augmente de manière inquiétante. » Axel Kahn, de son côté, pointe du doigt les entreprises du médicaments (la Leem). « La Leem a commis une mauvaise action. En 2019, les députés avaient voté une disposition selon laquelle, pour éviter les pénuries pour ces médicaments dont on sait que les pénuries sont à craindre, on devait avoir entre deux et quatre mois de stock. Sur pression de laLeem auprès du ministère de la Santé, on est revenu sur des stocks d’un à deux mois. »
Le généticien dénonce l’impact de cette décision sur personnes atteintes du cancer. « Pour les médicaments de première nécessité, les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur utilisés en cancérologie, les pénuries que nous avons connues et que nous continuons de connaître sont presque toujours supérieures à deux mois. Nos malades, on ne va pas les traiter. (…) C’est une mauvaise action de la part des gens de la Leem (…) et ce n’est pas bien de la part du gouvernement français d’avoir cédé à cette pression. (…) Il est encore temps de faire machine arrière. »