Les 4 vérités - Nicole Bacharan
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Chroniqueur : Guillaume Daret
Guillaume Daret reçoit Nicole Bacharan, historienne et politologue spécialiste des États-Unis, dans les 4 vérités.
Trump ou Biden : une attente interminable
264 grands électeurs pour Joe Biden contre 214 pour Donald Trump, même s'il semblerait que le candidat démocrate soit proche de poser un pied à la Maison-Blanche, Nicole Bacharan, spécialiste des États-Unis reste méfiante. « Je dirais qu'il a une petite avance à l'heure actuelle, » s'exprime-t-elle, avant d'expliquer : « S'il gagne un certain nombre d'États comme ça semble être le cas ce matin, Joe Biden peut l’emporter sans la fameuse Pennsylvanie. Du côté de Donald Trump, je ne vois pas comment il pourrait gagner sans sortir vainqueur en Pennsylvanie. Donc, petit avantage pour Joe Biden, mais ce n'est pas encore fait. »
Quatre années se sont écoulées depuis l'élection de Donald Trump. Cependant, selon la journaliste, « le chaos quotidien » que cela a impliqué comme « la procédure d’impeachment, la crise du Covid et la crise économique, l’électorat reste trancher pour ou contre Donald Trump avec très peu de variation. »
« Ce qui m'a frappé, c'est à quel point rien n'a changé ou quasiment depuis 2016. Si vous prenez la carte des États qui ont voté majoritairement démocrate ou républicain, en gros ce sont les mêmes. Sauf l'Arizona qui a changé. Et dans les États qui font l’élection parce qu’ils sont variants, les marges sont toujours -très serrées, » ajoute-t-elle.
Donald Trump : toujours dans la provocation
Homme de parole ou jeu de la provocation poussé à l'extrême, le Républicain met en application ce qu'il disait depuis longtemps. Il conteste les résultats qui sont, pour le moment, provisoires.
« Donald Trump déclare depuis des mois que le vote par correspondance, c’est la source des fraudes. Il a menacé en cas de défaite, qu’il engagerait des recours judiciaires… c’est exactement ce qu’il fait. »
La politologue explique « qu'il existe plusieurs types de recours. Celui qui est utilisé dans le Wisconsin par exemple, consiste à dire que la marge est tellement serrée que nous sommes obligés de recompter. C'est légal et ça se fait beaucoup.
« Pour d’autres États, il dit qu’il faut arrêter de compter. » Selon elle, « il n'y a pas de tribunal quel qu'il soit, local ou fédéral qui puisse lui donner raison. » Le président sortant aurait même été mis en garde par « des commentateurs très conservateurs » qui lui disaient : ‘Attention ! La situation, c'est une poudrière. N'allez pas jeter le soupçon sur la validité de l'élection.’ Mais ça, il le fait depuis des mois. »
Pour la journaliste cette élection est le signe que la démocratie « est vraiment fragilisée. »
« On a eu pendant quatre ans un président qui ne jouait pas la règle démocratique, qui a vraiment méprisé les institutions, méprisé ses propres ministres, méprisé le Congrès. Il a quand même utilisé des moyens de menaces et de corruptions. Là, on a peut-être la possibilité d'avoir une concordance entre le vote majoritaire des citoyens, qui est pour l'instant acquis à Joe Biden, et le choix du président. »
Le reflet d'une société américaine divisée
La santé ou l'économie, la richesse ou la pauvreté, Démocrate ou Républicain, les États-Unis ont toujours été un pays de contraste. Cette élection présidentielle montre à quel point « cette société est très divisée, avec des clivages qui n'ont pas été inventés par Donald Trump, » explique Nicole Bacharan.
Selon elle, ce que les partisans pro-Trump ont envie d’entendre c’est : « Vous n’avez pas besoin de changer vos modes de vie. Vous n’avez pas besoin de changer d’emploi. Vous pouvez rester dans les emplois industriels. On n'a pas besoin de lutter contre le réchauffement climatique et vous n'avez pas besoin de changer de masque. » Les pro-Biden seraient « ceux qui acceptent l’idée qu’il va, peut-être, falloir changer de mode de vie à certains égards. » « C'est très ancré et qu’importe le résultat des élections, ces deux camps ne vont pas disparaître, » précise-t-elle.
Même si Joe Biden est élu 46ème président des États-Unis, rien ne sera gagné pour autant pour le démocrate. « Ce sera très difficile pour Joe Biden. Il a fait un beau discours, très démocratique sur le thème : ‘nous sommes tous Américains. Je serais le président de tout le monde. Il faut qu'on se réunisse. Il y a des défis.’ Mais il aura face à lui un Congrès très difficile. On n'a pas le résultat final pour l'instant pour le Sénat (…), pareil pour la Chambre. (…) L’électorat de Donald Trump ne va pas disparaître. » Elle clarifie même en déclarant que « le parti démocrate n'est pas dans une forme olympique et Joe Biden n'est pas un candidat flamboyant. Ce n'est pas une élection où il y a de l'espoir, de l'enthousiasme. C'est une élection assez triste. Joe Biden, sa principale qualité, c'est d'être un homme honnête et calme et de ne pas être Donald Trump. On ne peut pas dire qu'il emballe les foules. »