Les 4 vérités - Iannis Roder
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Chroniqueuse : Caroline Roux
Caroline Roux reçoit Iannis Roder, professeur d'histoire-géographie dans un collège de Seine-Saint-Denis et membre du Conseil des sages de la laïcité.
Depuis 20 ans, les responsables politiques ainsi que les institutions lui disent qu’il exagère lorsqu’il parle des atteintes à la laïcité.
Ce soir, la Nation rendra hommage à Samuel Party, enseignant décapité par un terroriste islamiste, devenu martyre.
Samuel Paty : l’hommage
L’hommage national à Samuel Paty, assassiné vendredi 16 octobre 2020 près de son collège de Conflans-Saint-Honorine (Yvelines), se déroulera à Paris ce mercredi 21 octobre, dans la cour de la Sorbonne.
Le président Emmanuel Macron a choisi pour la cérémonie, ce lieu symbolique de l’esprit des Lumières et de l’enseignement.
Pour Iannis Roder, professeur d'histoire-géographie dans un collège de Seine-Saint-Denis, la situation lui semble complètement irréelle. « J’avais pensé que l’école pouvait être attaquée, mais qu’un enseignant soit tué de cette manière, c’est inimaginable. »
Pour le membre du Conseil des sages de la laïcité, les enseignants sont abattus, ont l’impression de parler dans le vide. « Lorsqu’un professeur rencontre un incident, il n’est pas assez soutenu. Il faut que les enseignants puissent s’adosser à l’institution. »
Laïcité : la difficulté d'enseigner ?
La une du journal La Croix met en avant les problèmes liés à la laïcité qui ne sont pas remontés et divulgués par le corps enseignant.
« Il y a à la fois cette réalité-là : on ne veut pas de problème, on ne veut pas être jugé. Un enseignant qui rencontre des difficultés en classe, on va parfois considérer que c’est de sa faute, parce qu’ils ne tiendraient pas ces élèves. On oublie souvent que ceux qui agissent mal ce n’est pas l’enseignant, ce sont les élèves », indique le professeur d’histoire-géographie en collège.
On compte 935 cas d’entraves aux valeurs de la République entre septembre 2019 et mars dernier. Dans Le Parisien, une enseignante raconte une anecdote sur une situation vécue : 'un père de famille lui a écrit parce qu’elle n’a pas, dit-il, à obliger un élève à prononcer le mot interdit : cochon'.
Une autre professeure raconte également qu’elle a été personnellement menacée pour avoir évoqué en classe l’égalité homme/femme.
Iannis Roder l'affirme, « l’école n’a pas à prendre en compte la sensibilité de chacun. À l’école, c’est le principe même de la laïcité, quand on vient on laisse son intime à l’entrée, on laisse sa susceptibilité. On va apprendre, on va s’ouvrir au monde, on va découvrir des choses qui sont totalement différentes de ce que l’on peut voir à la maison ». Et d’ajouter : « parfois vous avez des élèves qui font des remarques, dans cette situation, il ne faut surtout pas faire de leçon de morale, renvoyer cette personne. Si on veut discuter et faire comprendre aux élèves comment on réfléchit, il faut prendre en compte ce qu’ils disent ».
74% des moins de 25 ans font passer leur conviction religieuse avant les valeurs de la République.
Le professeur d'histoire-géographie dans un collège en ZEP de Seine-Saint-Denis explique que c’est avant tout des explications qu’il faut à ces élèves sur ce que représente la laïcité comme socle de notre pacte républicain.
Les responsables politiques ont-ils une responsabilité dans ce qui s’est joué, ont-ils minimisé les atteintes à la laïcité ? demande Caroline Roux : « J’en veux à certains dirigeants de notre pays d’avoir minimisé, d’avoir voulu mettre la poussière sous le tapis » déclare Iannis Roder.
« Ils n’ont pas regardé la réalité telle qu’elle était, mais ils ont voulu l’imaginer telle qu’ils auraient voulu qu’elle soit », reproche le professeur d’histoire-géographie. Et de conclure : « Lorsque nous, professeurs, ferons un cours sur la liberté d’expression, nous penserons forcement à ce qui s’est passé, il y aura un avant et un après vendredi 16 octobre 2020. Il y a un danger d’autocensure chez les professeurs, c’est une évidence. »