Les 4 vérités - Philippe Juvin
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Chroniqueuse : Caroline Roux
Caroline Roux reçoit Philippe Juvin, professeur de médecine et chef des urgences de l'hôpital Georges-Pompidou, Paris (15ème).
La Covid-19 continue de se propager à travers la France. Plus de 18 000 infections, 80 morts en 24h, des records jamais atteints depuis la rentrée. Chaque jour, les hôpitaux voient de nouveaux patients contaminés venir aux urgences, une « deuxième vague » que craint le personnel soignant. Philippe Juvin, professeur de médecine, chef des urgences de l’hôpital Georges-Pompidou à Paris est l’invité des 4 Vérités.
Coronavirus : la colère des médecins
« Il reste assez peu de temps avant que l’hôpital public soit débordé », c’est avec ces mots alarmistes que Philippe Juvin, professeur de médecine, chef des urgences de l’hôpital Georges-Pompidou à Paris décrit la situation concernant la pandémie de coronavirus.
Il ajoute également qu’« en Ile-de-France, si 40 ou 50 % de lits de réanimation ‘pleins’ viennent à être remplis, nous serons alors à saturation parce qu’on ne veut pas prendre 100 % des lits de réanimation pour la Covid-19. Nous souhaitons aussi soigner tous les autres malades. Notre niveau de saturation arrive beaucoup plus vite qu’au mois de mars », alerte le médecin.
Pour lui, la colère est dépassée, c’est l’incompréhension qui prime sur la gestion de cette crise sanitaire. « Au mois de mars, nous avons tous été surpris par cette nouvelle maladie, nous pouvions comprendre que nous n’étions pas suffisamment préparés.
Huit mois plus tard, ce constat est incompressible, nous nous retrouvons dans une situation de pénurie de lits de réanimation. Il y a toujours 5 000 lits de réanimation, pas plus qu’en mars. Il n’y a pas plus de moyens », déplore-t-il.
Il ajoute que le Ségur de la Santé a été une bonne chose pour les soignants qui vont voir leurs salaires revalorisés, un « bel effort du gouvernement », « mais pour le reste, il n’y a pas de moyens. »
Dans les 4 vérités, le chef des urgences de l'hôpital Georges-Pompidou martèle à Caroline Roux que le déconfinement a été raté.
« Peut-être que ceux qui nous gouvernent ont parié sur le fait qu’il n’y aurait pas de remontée de l’épidémie. Quand vous gouvernez, vous ne pouvez pas faire des paris. L’économie a tellement souffert dans cette affaire que nos dirigeants voulaient y croire », assène le professeur de médecine.
« La deuxième vague que nous vivons n’est pas similaire à la première. En mars dernier, la pandémie est montée à toute vitesse, cette fois-ci la progression est plus lente mais toute aussi dure, nous ne sommes pas prêts. »
Covid : vers des restrictions plus strictes ?
AP- HP a recruté dans son service Nord, 192 infirmiers et infirmières après le déconfinement pour faire face à une éventuelle deuxième vague, mais qu’en parallèle, 192 ont démissionné.
« La question du personnel est fondamentale, il y a moins de médecins actifs en France en 2017 qu’en 2007 alors que la population est plus importante, plus âgée et plus malade. Il y a un déficit chronique de main-d’œuvre. Il faut comprendre que, lorsque la première vague est arrivée, l’hôpital était déjà bien malade, la Covid a été la goutte qui a fait déborder le vase », s’insurge Philippe Juvin, qui fait remarquer que seulement 1 600 respirateurs de réanimation ont été commandés sur les 10 000 promis par l'exécutif.
Le chef des urgences de l’hôpital Georges-Pompidou reste inquiet et insiste : « On ne peut pas simplement demander aux Français de porter le poids de notre absence de réflexion stratégique. Je pense que le ministre de la Santé et le Premier ministre sont débordés, nous avons l’impression que la seule stratégie nationale de nos gouvernants est de faire porter l’effort sur les Français et l’économie. »
Lors d'une allocution à Breil-sur-Roya (Alpes-Maritimes), mercredi 7 novembre, Emmanuel Macron a dit « qu’il y aurait plus de restrictions dans les endroits où le virus circule trop vite ».
Selon lui, « le confinement est la pire des solutions. Il n’est pas trop tard pour l’éviter en ayant une stratégie sur les tests, sur les lits de réanimation, en allant chercher du personnel dans les pays européens qui résistent à la pandémie ».