Les 4 vérités - Manuel Valls
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Chroniqueuse : Caroline Roux
Depuis le 25 mai dernier, les États-Unis ainsi que le reste du monde, manifestent après la mort de George Floyd, un afro-américain décédé lors de son interpellation par les forces de l’ordre à Minneapolis. Ces violences policières filmées ont fait soulever un vent de révolte à travers la planète avec un seul slogan : « Black lives matter ».
Pour en parler dans les 4 vérités, Manuel Valls, conseiller municipal à Barcelone et ancien Premier ministre français.
Manuel Valls : « je me félicite que la jeunesse manifeste et s’indigne face au racisme »
Après la mort de George Floyd, Christophe Castaner a déclaré qu’il autorisé les manifestations car « l’émotion dépasse les règles juridiques ». Pour l’ancien Premier ministre et ancien ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, cela représente un risque pour l’État de droit.
Aujourd’hui, sur le territoire français, la mobilisation se fait autour de l’affaire Adama Traoré.
« On ne peut pas comparer les États-Unis avec la France. Les États-Unis ont eu pendant des siècles une forme de racisme institutionnel, l’action de la police n’est pas encadrée de la même manière, et les affaires Floyd et Traoré sont très différentes. Je comprends et je partage d’ailleurs l’émotion, l’indignation vis-a-vis de ce qui s’est passé, à Minneapolis, qui est un meurtre, un assassinat de George Floyd. D’un côté je me félicite que la jeunesse manifeste et s’indigne face au racisme. Mais entre l’émotion et la raison, il faut regarder à chaque fois, avec la distance nécessaire ce qui se passe chez nous. »
« Il n’y a ni racisme d’État et la police n’est pas raciste, il ne faut pas en profiter par ailleurs pour remettre en cause nos institutions et l’ordre républicain et les policiers ainsi que les gendarmes qui font un travail remarquable », explique Manuel Valls, conseiller municipal à Barcelone et ancien Premier ministre.
Pour l’homme politique, « il y a toujours de l’instrumentalisation des colères. Je pense que le gouvernement a eu raison de souligner que la police n’était pas raciste mais que, si des policiers se livraient à de tels actes, ils devaient être sanctionnés.
Il y a ceux qui veulent profiter de ces drames pour mettre en cause la police et la gendarmerie française, qui sont les remparts de la République ; C’était vrai au moment des attentats en 2015, au moment des manifestations des Gilets jaunes et c’est vrai tous les jours sur le terrain où les forces de l’ordre sont victimes souvent de ces violences », juge Manuel Valls.
Affaire Adama Traoré : « quatre ans après on n’y voit pas plus clair »
Les mobilisations se construisent en France, autour de l’affaire Traoré. Le 19 juillet 2016, lors de la mort d'Adama, jeune homme de 24 ans, Manuel Valls était alors Premier ministre. A l’époque, la famille avait déclaré que le gouvernement n’avait pas fait preuve de considération, de ne pas avoir fait suffisamment pour comprendre les conditions de sa mort lors de son interpellation par les gendarmes de Persan.
« La mort d’un homme est toujours un drame et je comprends l’émotion, la colère, les interrogations de la famille. A l’époque, je pense que Bernard Cazeneuve (le ministre de l’Intérieur lors du décès d'Adama Traoré) avait trouvé les mots justes », assure Manuel Valls, qui ajoute : « J’ai été ministre de l’Intérieur et Premier ministre, parce que je suis un responsable public, parce que je crois en la séparation des pouvoirs, pour moi, c’est à la justice d’agir et c’est ce qu’elle fait. On peut simplement regretter que quatre ans après on n’y voit pas plus clair, du moins du côté de la justice, c’est long pour la famille d’abord et pour les gendarmes qui sont en cause ».
Pour autant, « cela ne doit pas être l’occasion pour remettre en cause l’indépendance de la justice, pour faire la justice à la place de la justice ou mettre en cause les inspections générales qui supervisent la police et la gendarmerie et qui agissent toujours avec une grande rigueur, avec beaucoup d’indépendance et qui font un travail remarquable. Elles sanctionnent beaucoup. La police et la gendarmerie représentent environ 5% de la fonction publique mais c’est 50% des sanctions. C’est un corps de métier extrêmement contrôlé c’est pour cela qu’il faut aussi défendre cette institution », conclut Manuel Valls.