Les 4 vérités - Philippe Martinez
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Jeff Wittenberg reçoit Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT.
Avec le déconfinement en vigueur depuis 24h, les conditions de travail des salariés en France sont scrutées de près. Beaucoup étaient concernés par un retour sur leur lieu de travail, hier. L’occasion de constater que les gestes barrières sont parfois difficiles à respecter. Nous faisons le point avec Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, sur les problématiques que cette nouvelle situation fait naître.
La reprise : quelles conditions sanitaires ?
Si Philippe Martinez fait état d’une certaine « prudence » lors de la journée d’hier, il appelle à une « reprise modérée » des transports en commun. Le gouvernement a proposé un accord en Île-de-France visant à étaler les horaires de travail afin de maîtriser le flux des voyageurs. Estimant que « dans un certain nombre d’endroits comme l’industrie, par exemple, ces horaires décalés ne sont pas possibles » et souhaitant « que ces horaires décalés soient compatibles avec la vie des salariés, qui ont des problématiques de garde d’enfant, par exemple », la CGT a refusé. Selon Philippe Martinez, « ce qui est présenté comme favorable peut rapidement devenir une contrainte. La question des horaires est un problème qui risque d’en générer beaucoup d’autres.
La CGT s’est également opposée à la réouverture de l’usine Renault de Sandouville. Constatant des risques sanitaires et déplorant que « les règles minimum du dialogue social n’ont pas été respectées - le code du travail et l’accord d’entreprise - » la CGT a alerté la justice. Signée par trois syndicats - dont la CFDT -, la convention sanitaire permettait aux 1800 salariés de reprendre le travail. Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, a accusé Philippe Martinez de jouer avec le feu, expliquant que l’industrie automobile avait déjà assez de difficulté comme ça. Mais le secrétaire général de la CGT parle de « fausse polémique », rappelle que « la justice a décidé de fermer l’usine » et que « la CGT veille à la santé des salariés ».
« Nous sommes conscients que beaucoup de salariés ont besoin de retourner au boulot, parce qu’ils perdent de l’argent, tempère Philippe Martinez, mais ça ne peut pas se faire au détriment de leur santé, car on voit bien que (…) le risque de deuxième vague est présent. »
Face à la crise économique, la vigilance sur les droits des travailleurs
Ralenties ou à l’arrêt pendant le confinement, les finances de nombreuses entreprises sont mises à l’épreuve. Face à cette situation, les répercussions sur l’emploi sont réelles. Douze millions de salariés ont été concernés par le chômage partiel. Y a-t-il un risque que le chômage partiel se transforme en chômage tout court et que des entreprises procèdent à des plans de licenciement ou à des plans sociaux ? Philippe Martinez a appelé le ministre de l’Économie à la vigilance : « certains employeurs pourraient être tentés de faire passer des restructurations qui n’ont aucun lien avec la pandémie. Il ne peut y avoir de plan de restructuration ou de fermeture de site sans qu’il y ait de discussion avec l’ensemble des salariés pour permettre que l’activité continue. Nous allons lui envoyer une liste d’entreprises dans différents secteurs où on sent bien que les choses ne se passent pas forcément bien ». Le secrétaire général de la CGT propose de trouver « des solutions ensemble : parfois des financements parfois de la formation, en attendant que l’activité revienne. »
Engagée dans sa mission de protection des salariés, la CGT a également dénoncé la dérogation provisoire au droit du travail que représente l’allongement de la durée du travail. « Il y a des abus, selon Philippe Martinez qui constate que, malgré l’absence de décret, des entreprises ont la tentation de faire travailler leurs salariés pendant 60 heures ». Face à la remise en question des 35 heures par des députés qui y voient un carcan pour la reprise économique, Philippe Martinez juge sans appel : « Si on veut résorber le chômage, si on veut que tout le monde travaille et notamment les jeunes qui sont lourdement frappés, il ne faut pas augmenter la durée du travail, mais il faut au contraire la diminuer. Je n’ai toujours pas compris le principe qui consiste à dire que ceux qui ont du boulot doivent travailler plus pour en donner à ceux qui n’en ont pas. J’invite aussi certains députés de droite que j’ai entendu à aller passer quelques mois sur une chaîne automobile. Et on verra dans quelles conditions de santé ils finissent. Certains y passent toute une vie. »