Les 4 vérités - Mgr Matthieu Rougé
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Chroniqueur : Guillaume Daret
Guillaume Daret reçoit Monseigneur Matthieu Rougé, évêque de Nanterre (Hauts-de-Seine).
Dans le cadre du plan de déconfinement progressif, le gouvernement a annoncé qu’il n’y aurait pas de cérémonie religieuse avant le 2 juin. Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, fait partie des prélats en colère. Il plaide pour un rédémarrage de la vie écclesial en fonction de la propagation du virus dans le respect des mesures sanitaires.
Édouard Philippe a mis fin aux espoirs des institutions religieuses de reprendre le cours de leur vie dès le 11 mai. Mgr Matthieu Rougé, l’un des interlocuteurs du gouvernement pour préparer le déconfinement, a réagi immédiatement évoquant un « anticléricalisme gouvernemental ».
« Il y a eu un coup de gueule et maintenant je pense que nous sommes rentrés dans le temps du dialogue et de la réflexion partagée, ce dont je me réjouis, affirme le prélat interrogé par Guillaume Daret. Il y a eu une imcompréhension et une souffrance d’avoir l’impression que les cultes, la vie spirituelle et religieuse n’est pas suffisamment prise au sérieux. » Monseigneur Matthieu Rougé a jugé « expéditif » la manière dont a été traité le sujet par le Premier ministre dans son allocution.
Les propositions de déconfinement de l’Église
Mgr Matthieu Rougé, membre du conseil permanent de la Conférence des évêques, a travaillé à un plan de déconfinement pour l’Église afin de garantir la sécurité sanitaire dans les lieux de culte. Depuis le début de l’épidémie, les représentants ecclésiastiques se plient aux règles sanitaires selon le prélat. « Nous voulons être des acteurs de la lutte collective contre la pandémie. En tant que chrétiens, nous sommes des serviteurs de la vie et donc nous sommes pleinement engagés dans l’effort collectif contre le virus. Voilà pourquoi il n’est pas question pour nous de faire preuve d’imprudence et nous avions fait des propositions pour que nous puissions accueillir les fidèles dans les meilleures conditions de sécurité ».
Les propositions portées par Mgr Rougé sont similaires à celles en vigueur dans les commerces : distanciation physique des personnes à l’intérieur de l’édifice, accès et sorties bien rythmées pour éviter les contacts, usage de masques pour tous, ainsi que des modifications de la liturgie comme proscrire l’eau bénite et le geste de paix qui consiste à se serrer la main.
Même après la reprise des cérémonies religieuses le 2 juin, des mesures de sécurité devront être prises et seront appliquées « avec loyauté », précise l’évêque de Nanterre. Si des masques doivent être nécessaires pour redémarrer la liturgie, ce n’est pas un problème selon lui.
Une réouverture progressive des lieux de culte ?
La France est désormais découpée selon trois niveaux de couleurs, vert, orange ou rouge, en fonction de la circulation du virus. Pour reprendre les cérémonies et les messes, l’Église compte s’appuyer sur cette carte. « Nous avons des collaborations excellentes au plan local et elles peuvent être utilisées pour réfléchir aux conditions concrètes du déconfinement liturgique, eucharistique, ecclésial. Et d’ailleurs, un maire de mon département a fait une proposition en ce sens. On pourrait imaginer qu’à partir des règles nationales, il y ait une mise en oeuvre locale en concertation avec les préfets, les évêques et les maires. » Mgr Matthieu Rougé cite le cas des églises des Deux-Sèvres, en zone verte, qui pourrait redémarrer sans « trop tarder » leur activité.
En période de pandémie et de confinement, la priorité n’est pas à la réouverture des églises. L’évêque de Nanterre répond : « La priorité n’est pas de reprendre les messes en soit, c’est que tout puisse redémarrer dans un rythme partagé dans les meilleures conditions sanitaires. Je pense que nous sommes dans une période qui est et qui va être très difficile pour notre pays. L’important est que tous ceux qui ont besoin de force spirituelle pour avancer puissent la recevoir et puis que toutes les réalités de notre pays puissent se fédérer dans l’effort commun. C’est très important que personne ne se sente mis à l’écart de cette vitalité à retrouver dans notre société. »
« Faites-nous confiance »
Dans l’hypothèse d’une seconde vague, les lieux de culte pourraient être des foyers infectieux susceptibles de favoriser un rebond de l’épidémie. Mgr Matthieu Rougé affirme avoir « une conscience très vive des enjeux sanitaires », mais dans le cas d’un redémarrage des activités de la société, écoles, transports, lieux de travail, « il n’y a pas de raison que les lieux de cultes soient mis à l’écart de cette réalité ».
L’évêque de Nanterre s’appuie sur une tribune de Monseigneur Aveline, archevêque de Marseille, intitulée « Faites-nous confiance ». Le prélat de la cité phocéenne y explique que le déconfinement ne peut pas être seulement guidé par des impératifs sanitaires et économiques. « Nous sommes des partenaires loyaux des pouvoirs publics et nous l’avons prouvé en maintes circonstances, en particulier depuis le début de cette pandémie, faites-nous confiance », affirme Mgr Rougé qui demande un dialogue et un accord sur les mesures de sécurité sanitaires.
Le prélat a insisté à plusieurs reprises sur la responsabilité partagée de l’Église, tout en rappelant « le désir de vivre qui doit pouvoir s’épanouir dans notre société ». Et de conclure : « Il y a aussi le désir de vivre la foi, leur engagement, pour les chrétiens et je crois qu’il doit être accueilli pour qu’il puisse contribuer au renouveau de notre société ».
Présenté par : Laurent Bignolas