Les 4 vérités - Bruno Lina
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Chroniqueur : Jeff Wittenberg
Jeff Wittenberg reçoit Bruni Lina, professeur de virologie au CHU de Lyon, membre du Conseil scientifique.
Les décisions politiques pour la mise en œuvre progressive du déconfinement, à partir du 11 mai, seront annoncées demain par Edouard Philippe, à l’Assemblée nationale. De son côté, le Conseil scientifique a planché sur des recommandations publiées hier.
Le professeur de virologie et membre du Conseil scientifique Bruno Lina répond aux questions que pose ce déconfinement. Peut-on supprimer les risques ? Quelles mesures le Conseil scientifique préconise-t-il ? À mesure que le nombre de cas baisse, s’approche-t-on de la fin du caractère pandémique du Covid-19 ? Le taux de guérison progresse-t-il chez les cas les plus graves ?
Le risque du déconfinement
Bruno Lina l'affirme, si « le confinement comme il a été mis en place à partir de mi-mars ne peut pas rester dans la durée, [qu'il] est intenable pour des raisons humaines, sociétales et économiques », sortir de ce confinement total « ne peut se faire que par un retour progressif à la vie normale. Ça doit se faire de façon transparente et dans un climat de sécurité. » Avec un peu plus de 4.500 personnes en réanimation, aujourd'hui, la situation demande encore une grande vigilance collective.
Mais le retour à l'école cristallise toujours les craintes. Le Conseil scientifique préconisait une rentrée en septembre, mais s'adapte à la décision politique avec une série de recommandations : le port du masque, un écartement minimum des tables, la prise de température des enfants avant d’aller à l’école. Est-ce qu’on va tendre vers le risque zéro ? Est-ce qu’on peut rassurer les parents ? Bruno Lina rappelle qu'il sera « difficile de mettre tous les élèves dans les classes » et préconise une surveillance autant dans les familles qu'à l'école, afin de contribuer à un « système qui permette de détecter les cas le plus rapidement possible et puis surtout d’identifier les chaînes de transmission pour éviter qu’un micro-foyer épidémique puisse commencer et être responsable d’une épidémie. » Les enfants seraient considérés par le Conseil scientifique, comme une population à faible risque et dont la transmission ne serait pas aussi élevée que ce qui était pressenti en début d'épidémie.
Quelles seront les mesures de sécurité à suivre ? Et jusqu'à quand ?
Le Conseil scientifique recommande l'obligation du port du masque dans les espaces publics - pas seulement dans les transports - et le maintien d'une distance de sécurité d'un mètre entre les personnes. Des mesures qui seraient à suivre tant qu'il n'y aura ni immunité collective, ni traitement, ni vaccin. Selon Bruno Lina « seule une immunité de 60 à 65 % de la population permettra que le virus ne circule plus sur un mode épidémique ». Mais le professeur de virologie au CHU de Lyon constate qu'actuellement, en France, « l’immunité collective est de l’ordre de 6 à 12 % dans certaines régions, donc très en-dessous du chiffre du contrôle. »
La multiplication des tests permettrait de mieux évaluer ces chiffres et donc de contenir un retour de l'épidémie. La politique de tests appliquée à partir du 11 mai garantirait la mise en œuvre de 100.000 tests par jour. Bruno Lina explique : « Il faut qu'on augmente notre capacité diagnostique du test PCR, celui qui trouve le virus. ». Le test PCR, permettra surtout, selon lui, de casser les chaînes de transmission en identifiant « toutes les formes qu’elles soient symptomatiques ou très symptomatiques » afin de rediriger les personnes touchées en fonction de leur état de santé : chez eux, dans une structure d'accueil ou à l'hôpital. Autre amélioration attendue, l'accélération du résultat des prélèvements devrait passer de parfois trois jours à entre 12 et 24 heures.
Où en est la recherche ?
Le taux de guérison fait encore débat. Il y a quelques jours le professeur Jérôme Salomon indiquait qu’environ 10% des malades admis en réanimation décédaient. Or une étude médicale rendue publique par le journal Le Monde, ce matin, affirme que, selon d’autres chercheurs et d’autres médecins, le taux serait plutôt de 30 à 40%. La réalité serait « entre les deux » pour le professeur Lina, qui rappelle les risques varient fortement en fonction de l'âge du patient.
La recherche est toujours en cours, sans qu'un traitement n'ait encore été jugé efficace. Selon Bruno Lina, il faudrait attendre encore au moins un an avant d'avoir la confirmation d'un vaccin. Mais il assure que les différentes phases de la maladie sont mieux comprises : « un certain nombre de produits semblent montrer une certaine efficacité. (...) On va être en position d’ici quelques semaines à quelques mois de proposer, en tout cas pour les formes les plus graves, des traitements qui permettraient d’améliorer la survie des patients ».
Présenté par : Laurent Bignolas