Les 4 vérités - Christophe D'Enfert
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Chroniqueur : Jeff Wittenberg
Jeff Wittenberg reçoit Christophe D'Enfert, directeur scientifique de l'Institut Pasteur.
La France connaît une hausse exponentielle des morts liées au Covid-19. Avons-nous atteint son pic ? Doit-on s’attendre à une nouvelle croissance des cas ? Ce matin Jeff Wittenberg reçoit Christophe D’Enfert, directeur scientifique de l’Institut Pasteur pour en parler.
Pour le professeur Christophe D’Enfert « nous sommes clairement dans une phase de croissance qui n’est pas forcément exponentielle. En effet, au vu du nombre de décès (500 pour la journée du 1er avril 2020) et de personnes hospitalisées, on observe une croissance régulière du nombre de manière générale et non quotidienne. » Selon le professeur, nous nous approchons donc du pic mais aussi du moment où la courbe de cas s’apprête à redescendre. « C’est quelque chose qui est extrêmement difficile à prédire. Je pense que le confinement commence à montrer son effet. C’est quelque chose que l’on voit avec l’Italie qui commence à se stabiliser. »
Alors que nos voisins transalpins semblent avoir atteint le pic de l’épidémie avec un nombre de morts qui n’a cessé d’augmenter (800 morts le 1er avril 2020), le pays pourrait connaître une fin de la crise d’ici quelques semaines avec une chute de la barre de croissance.
« Je pense que la situation est différente entre la France et l’Italie, les modes de confinement sont différents, la population est différente, le système hospitalier est différent. Je pense que le gouvernement a tout fait pour développer le nombre de lits en réanimation ces dernières semaines, de façon à accueillir le plus de personnes et de transferts dans les hôpitaux. »
Grâce à la mobilisation dans l’urgence, l’impact de l’épidémie pourrait être réduit. Le professeur D’Enfert atteste également de l’efficacité du confinement français en prenant pour exemple des tests de l’Imperial College de Londres qui observent depuis le début de cette mesure mise en place, une baisse du nombre de contaminés dans notre pays.
Le confinement a été mis en place par le gouvernement dans le but de ralentir voire stopper les contaminations. Il peut cependant y avoir confusion lorsque l’on entend dire qu’il serait préférable pour son éradication complète, d’assister à une immunité collective de la population.
« Si on ne confinait pas, on aurait une problématique majeure de personnes touchées par le virus, un afflux massif vers les hôpitaux et probablement un nombre de morts extrêmement important. Le confinement est véritablement une stratégie de prévention de l’épidémie et de son impact en termes de mortalité. »
À ce jour il est estimé que 3% de la population aurait été touchée par le virus, il s’agit donc de Français potentiellement immunisés.
« Le confinement permet de contenir l’épidémie, mais permet aussi à la recherche d’avancer, de travailler sur des solutions thérapeutiques, vaccinales, qui pourront, une fois passer cette vague épidémique et dans l’hypothèse d’un nouveau pic à venir, être mises en place. »
L’espoir de voir ce coronavirus s’éteindre avec l’arrivée des beaux jours a souvent été soulevé. Or il est observé depuis des semaines que ce dernier s’étend également dans l’hémisphère Sud qui connaît actuellement une sortie très douce de l’été.
« Il semble qu’il y ait quand même une prépondérance dans les régions où les températures ne sont pas très élevées. Ce que l’on sait du virus c’est qu’il est sensible aux températures élevées et a une hygrométrie élevée, deux paramètres que l’on retrouve au cours de l’été. On peut donc penser que l’été pourra contribuer à une diminution du Covid-19, ce qui ne veut pas dire disparition ! Donc, on ne peut pas exclure qu’à l’automne on puisse assister à un retour de l’épidémie. »
Au vu de la situation sanitaire actuelle qui s’avère compliquée, quid de la chloroquine en automédication comme pourrait le suggérer certains médecins ? « « Évaluer des médicaments sans suivre quelques règles peut aussi entraîner des complications. » Une mise en garde claire qui n’empêche pas le professeur de l’Institut Pasteur de reconnaître la potentielle utilité de la molécule de chloroquine qui reste un cas à étudier de prêt dans les règles de l’art.
Concernant les gestes barrières, Jeff Wittenberg demande au professeur D’Enfert si un risque d’être contaminé au contact d’objets inertes existe.
Le directeur scientifique de l’Institut Pasteur l’affirme, « le virus peut effectivement vivre quelques heures après avoir été déposé par un contaminé (via postillons par exemple) sur un objet » avant de poursuivre, « on estime qu’au bout de deux ou trois heures, le virus sera anéanti. Il est donc essentiel de respecter les gestes barrières au maximum, surtout en rentrant de ses courses. »
Dans certains pays comme la République tchèque, le port du masque est obligatoire pour toute la population. Or, en France, avec la pénurie, ils ne sont réservés qu’au personnel soignant et personnes à risque.
« Dans la période de confinement que l’on vit actuellement, le port du masque n’est pas une nécessité. Le confinement agit de façon efficace. Pour la période de déconfinement, c’est une question que l’on devra se poser. »
Présenté par : Laurent Bignolas