Échos du monde - Les Iraniennes osent le sport
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Chroniqueuse : Marie Mamgioglou
Par leur persévérance, trois sœurs issues d’un milieu modeste ont réussi à devenir des sportives de niveau international, et à se faire respecter dans le pays, raconte le journal iranien Mardomsalari.
La famille Mansourian est exceptionnelle : trois filles parmi ses sept enfants sont championnes de wushu [art martial], aussi bien en Asie qu’au niveau mondial. Elles s’appellent Shahrbanou, 31 ans, Soheila, 26 ans, et Elaheh, 25 ans. Aux derniers championnats asiatiques de wushu, qui se sont tenus à Taïwan du 1er au 5 septembre 2017, Shahrbanou et Elaheh ont gagné une médaille d’or et Soheila une médaille de bronze.
Les trois sœurs partagent deux points forts qui leur permettent de réussir : la persévérance et le fait de ne jamais se décourager. Des qualités qu’elles ont acquises en travaillant dans les champs d’orge de leur père et en parcourant 300 kilomètres entre Semirom (petite ville du sud-ouest de l’Iran) et Ispahan pour se rendre à leurs entraînements, au moins trois fois par semaine.
Pour pouvoir continuer leurs activités sportives, les trois sœurs disent s’être battues contre le mariage précoce : leur mère s’est mariée à 13 ans et l’une de leurs sœurs a été obligée d’arrêter ses études universitaires à cause du refus de son mari. « Notre petite ville, avec ses coutumes, avait du mal à accepter que les filles choisissent de devenir sportives professionnelles plutôt que de se marier. Mais notre détermination et le soutien de notre famille nous ont permis de continuer », explique Elaheh.
Aujourd’hui, les trois sœurs ont même réussi à améliorer la situation financière de leur famille, grâce aux compensations données par l’État iranien pour chaque médaille. À Semirom aussi, les mentalités ont évolué. Lorsqu’elles reviennent de leurs compétitions, médailles entre les mains, tous les commerçants suspendent leurs activités et la ville entière se rassemble pour saluer les trois championnes. Dans cette ville, plus personne ne dit : « Une fille qui fait du sport, à quoi bon ? »