Les 4 vérités - Jean-Christophe Combe

Télématin

Chroniqueur : Jeff Wittenberg      Jeff Wittenberg reçoit Jean-Christophe Combe, directeur général de la Croix-Rouge française.     La Croix-Rouge française est l’association humanitaire la plus importante en France. Les 18 000 salariés et ses 60 000 bénévoles se retrouvent en première ligne face à l’épidémie de coronavirus qui a fait plus de 17 000 morts en France et près de 32 000 personnes sont toujours hospitalisés.   Le virus semble moins toucher les Français actuellement. Le nombre d’hospitalisations baisse très légèrement pourtant le nombre de décès, lui, reste élevé selon Jérôme Salomon, directeur général de la Santé. Il a déclaré qu’environ 10% de population française aurait été infectée. Pour Jean-Christophe Combe les premiers effets du confinement se font ressentir même s’ils restent très timides, « les personnels soignants restent sous pression et il faut rester vigilant sans relâcher la tension. »Le sort des personnes sans-abris est devenu un combat quotidien pour la Croix-Rouge. On estime en France, que 150 000 personnes dorment dans la rue. Une situation inacceptable pour Jean-Christophe Combe. Celui-ci a peur que la crise sanitaire devienne une crise humanitaire.  « Nous restons au plus près des personnes sans domicile fixe, il y a 230 équipes mobiles qui sillonnent les rues en France. Ils ont dû adapter les activités pour respecter les gestes barrières. Nous allons à leur rencontre pour leur expliquer la situation, pour les convier à les mettre à l’abri dans des centres d’hébergement d’urgence qui ont été créés spécialement pour répondre à cette épidémie. Ces personnes sont particulièrement exposées au virus, leur santé est souvent dégradée et il faut savoir que l’espérance de vie lorsque l’on vit à la rue est de 49 ans, c’est pour dire à quel point ils sont menacés par le Covid-19. »     La Croix-Rouge chez vous : le programme contre l’isolement social   La Croix-Rouge est sur tous les fronts. Les personnes isolées, souvent âgées font appel à la Croix-Rouge au 09 70 28 30 00 pour tenter de vaincre la solitude. « C’est une obsession depuis le depuis de la pandémie, de faire en sorte que l’isolement social renforcé par le confinement ne tue pas les personnes à leur domicile. Ce numéro vert apporte du service aux personnes isolées non-accompagnées, en particulier les personnes âgées. Cela permet aussi de l’écoute, du soutien psychologique mais aussi un service de livraison solidaire pour apporter à domicile de l’alimentation, des médicaments, des produits dont auraient besoin ces personnes. Le service monte en puissance depuis quelques semaines, nous recevons près de 10 000 appels par jour et nous remarquons une dégradation progressive de la situation. L’isolement est de plus en plus fort, les dégradations de plus en plus graves, on découvre des situations dramatiques, des personnes qui ne se sont pas nourries pendant plusieurs jours, qui n’ont plus accès à leurs médicaments ou qui ont moins recours aux soins. Il faut faire extrêmement attention à l’évolution de la situation. »   Le Conseil scientifique, en charge d’aiguiller l’Exécutif dans la gestion de la crise sanitaire liée au coronavirus, recommande de maintenir le confinement au-delà du 11 mai pour les 18 millions de personnes à risque, soit un peu moins d'un Français sur quatre. Le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy a souligné que le déconfinement devrait être reporté si les conditions n’étaient pas réunies.  « Les personnes de plus de 65 ans sont plus vulnérables et doivent rester chez elles le plus longtemps possible et confinées. A nous, de faire en sorte que ce confinement ne tue pas plus que la maladie en renforçant le lien social, le service à domicile. Il ne faut pas que la distanciation physique nécessaire pour prévenir la maladie se transforme en isolement grave qui tue les personnes chez elles. »   Le gouvernement a décidé une aide d’urgence pour les plus démunis : 150 euros par foyer dès le mois de mai. Pour la Fondation Abbé Pierre, ce geste est utile mais encore insuffisant. Même son de cloche du côté du directeur de la Croix-Rouge, pour qui, cette aide va dans le bon sens. Selon lui, les conséquences de cette crise sanitaire, économique et sociale sont et vont être terribles. « Nous devons aider ces personnes à se nourrir, elles sont déjà dans une situation sociale tendue, il faut que l’on puisse apporter de l’aide alimentaire, qu’on les aide à accéder aux soins, il faut vraiment que l’on se mobilise collectivement, associations, État, collectivités pour répondre à l’urgence sociale qui est en train de naître aujourd’hui des suites de cette épidémie. »